28 février 2016
7
28
/02
/février
/2016
10:51
Nature morte avec fruit et homard et quelques réflexions….
Jan Davidsz De Heem, vers 1646 – 1649
J’aime la nature morte. Sa vitalité est chargée de significations, elle raconte suffisamment de choses sur les êtres humains et va même jusqu’à trahir leurs états d’âmes.
L’ennui à la regarder attentivement vient peut être de la précipitation que nous inculque les temps moderne. Zapper nous rend inattentif à ce qui mérite plus de rigueur de notre part. La technologie nous a rendu morne et triste et de notre désir réel de s’arrêter ne serait-ce qu’un instant pour nous mettre à l’épreuve du pouvoir d’aimer, n’en demeure que des pulsions c'est-à-dire en fin de compte une exigence de travail au service de l’optimisation de la production. C’est à nous demander si nous sommes toujours vivants !
Dans un article précédent, j’ai largement commenté deux tableaux de même nature celui de Paul Cézanne et Van Dijick, deux manières différentes de regarder un même monde celui de l’humain.
Ce tableau m’interpelle plus particulièrement pour la précarité qu’il met en évidence et l’hypocrisie criante de l’humain. En effet la manière avec laquelle les fruits sont disposés sur la table nous suggère que l’assurance de l’équilibre est révocable, un seul geste pourrait compromettre tout ce que l’on a cru si bien construire, aussi haut que l’on soit perché, personne n’est à l’abri des revers des temps. Nous y regardons donc à la fois une opulence une richesse mais aussi les prémices annonciatrices d’un éventuel effondrement d’un monde, la perte et la pauvreté. Cette mise en valeur est beaucoup plus présente chez Jan Davidsz De Heem que Van Dijick.
Pour ce qui est de l’hypocrisie nous n’avons qu’à porter notre regard à droite au bas du tableau pour relever que la nappe ne couvre pas la totalité de la table et dévoile ainsi la simplicité du support. N’est-ce pas donc que tout ce qui dévoie l’humilité n’est que fioriture ? A qui pourrait profiter la parure de la vérité ?
La parure de la vérité !! Voilà une étrange expression qui voudrait simplement dire comment mettre un cataplasme ou marmelade si vous voulez sur une douleur naturelle.
Lisez s’il vous plait « 1984 » le livre prophétique de George Orwell, regarder « l’Aveu » de Costa-Gaveras, dévorez « Les raisins de la colère » de John Steinbeck, vous verrez alors que même dans la nudité la plus totale l’homme demeure un grand Artiste parce qu’il est le fils du grand architecte qu’est l’Univers.