Quelque soit sa taille et sa hauteur, une montagne à double verrou n'est rien.
Mon premier acquis de l'experience de la ''non peur'' est la nette amélioration de ma relation avec mon fils. Je n'ai plus peur d'être déchu de mon statut de père.
Cher Monsieur Massin,
Je n’ai pas réfléchi longtemps avant de vous écrire, l’émotion est assez forte pour se permettre encore un laps de temps aussi minime soit-il. En fait, de l’émotion il n’en reste qu’une empreinte indélébile, une ravine douce creusée par les effluves du ressenti.
Il y a quelques jours, parcourant le web, j’ai eu l’immense plaisir de lire l’extrait de votre entretien « accueillir l’émotion – la fin du refus » accordé en 2005 au journal Réel. En plus du contenu humaniste et littéraire, les phrases contenaient une trace psychologique d’une intensité que je ne qualifierais pas d’ineffable puisque vous avez su l’exprimer mais de très forte.
En effet, en dehors de l’expérience comme celle que je vais partager avec vous, il est impossible pour une personne n’ayant pas vécu cela de communiquer cette pensé :
« Il y a quelques jours un différend m’a opposé à mon directeur, c’était la fin de la semaine nous avions tous les nerfs à fleur de peau, mais cela ne justifiait pas la manière avec laquelle il s’est adressé à moi. Transi d’incompréhension je suis retourné à mon bureau, mais là une force s’est mise terriblement à me comprimer de l’intérieur embrasant et inhibant toutes mes réactions. Soudain la forme de carapace qui me serrait éclata et un sentiment clair et limpide de non peur me gratifia d’une sensation d’invulnérabilité, ôtant et refusant à toute chose, quoi qu’il ait pu arriver, la capacité de me nuire. Je me sentis dans l’absolu, à l’image d’une fusée qui se libère du champ terrestre et dont les occupants découvrent avec stupeur la magie de l’univers. »
Ce sentiment, quoique maintenant d’une intensité moindre, est là figé dans ma chair comme une mémoire indélébile, une trace en gouge cuillère faite par un artisan de la paix. Plusieurs expériences ''d’éveil'' ou de prise de conscience ont marqués ma vie et c’est toujours un acquis indestructible.
Merci Monsieur Massin, un merci simple et sincère.