21 novembre 2007
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Les lèvres trempées dans un breuvage interdit, j’écoutais patiemment un ami. Il avait la mine longue sans pour autant être triste. Il était mon vis-à-vis sur cette table de restaurant, son visage détaché avait les traits d’un voyageur qui n’a jamais ouvert sa valise, une vague qu’on attendait mais qui ne venait jamais. Pourtant ses mots racontaient la tolérance cultuelle dont se prévalait notre citée, l’expérience vécu par ses citoyens dans un espace qui ne s’agençait pas en voisinage duel : musulman-chrétien, musulman-juif ou juif-chrétien. Nous étions une seule famille comme trois bûches allumant le feu sous un même chaudron, loin des oppositions actuelles, des couleurs contrastées, des constructions mentales fictives et hachées qui ont finalement aboutis à éveiller la méfiance et la peur de l’autre. Et, pour bien m’arrimer à ses pensées, il m’invita à prendre un itinéraire, d'abord une avenue dans notre ville, Sidi Bouabid, puis celle de Siaghine en passant par la place du 9 Avril et finalement rue de la Synagogue. Le long de ces chemins, continuait-il, je pouvais voir les édifices de chacun de ces cultes comme les vestiges d’une amitié qui était peut-être perdue et que la sottise humaine a eu la blessante préférence de disjoindre les gens que de les distinguer.