Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 12:09
MARK ROTHKO -Sans titre-1957-huile sur toile-143 x 138 cm-Collection particulière
 

Mille voix assemblées dans une page refusant la bonne logique d’un récit bien conduit se transforment en mots assignés à résidence pour avoir outragé le bel écrit : 

Gardien ! Ouvrez cette marge ! 

- Alors monsieur l’écrivain ou plutôt devrais-je vous appeler géomancien, vous refusez toujours d’écrire en tenons et mortaises. 

- Je ne suis pas bâtisseur ni marchand de mots monsieur. 

- Mais je vois bien, des lettres conduites aux revers des pupilles par une plume folâtre caverneuse seule et esseulée, une stalactite suspendue aux plafonds des temps, une pointe tapie dans la doublure des oripeaux qui à mesure que  les vapeurs d’encre se condensent en resurgit  un geste incisif pour éventrer nos impératifs au bon usage de notre langue et déboîter notre style. 

- Sans vouloir vous offenser monsieur  vous confondez style et écho multiple, rouage de l’écriture et création littéraire, je fuis les enclaves sclérosées par le semblable, aux chaînes et aux enchaînements je préfère de loin le déchaînement de l’écrivain sur sa page blanche, je vous avouerai bien que c’est en m’exposant aux limites de la langue que je compte donner le meilleur de moi-même, la page est bordée de précipice. 

- C’est ça, on a affaire à un funambule sans ombrelle. Si vous continuez, vos mots seront ceux de la rupture, du déracinement, à la lisière d’une autre langue tarie en dessous même des tombes et de là, exilé en symbole traître sur une surface abyssale, je me ferai un plaisir d’écouter le crépitement de ton linceul, comment osez-vous outrager de cette manière nos règles courantes ! Si vous persistez c’est vous qui quitterai bientôt cette page à fond la cale la langue aux fers. 

- Parfois je me dis que peut être c’est vous qui avez raison, les gens ramassaient les graines et moi je m’attardais à observer la trace de la faux sur l’épi, une entaille perdue entre la parole et le silence, j’ai chaulé les pierres pour retrouver mon chemin, ça ne m’a servi à rien, tous les chemins parcourus se retrouvent maintenant unis dans une seule et unique trace, je ne pense plus au passé, je n’ai que le souvenir de mes années à venir, mon seul ami est un monticule de sable je vais donc souvent à la plage, je m’assois à son côté, ensemble on regarde la mer, l’écrêtement des vagues par le vent, le commérage des lames, l’eau qui se couche paisiblement sur le rivage, le battement tendre des ailes nuptiales, l’immobilité apparente des hommes sur les grandes étendues de sable troquant leurs certitudes contre la noblesse du vide sidérale, il me dit que le monde est infini et je le crois, ce n’est pas un idiot boursouflé par son savoir. À présent ma seule espérance est que cette teinte obscure qui enrobe la pointe de mon roseau arrive à rassasier cette blancheur dévorante, blême feuille post mortem. 

- Alors faite monsieur ! Toutefois l’immédiateté de vos pensées me consterne un peu, je me départirai bien de ma rigueur pour démêler l’écheveau de vos réflexions mais où est la source où est l’embouchure ! je ne vois qu’un agrégat intime d’oxymoron peuplant une ombre tranchante qui ne prend pas corps avec son milieu, vous êtes un homme cru ne m’obliger pas à vous faire une prescription de sens pour l’existence, débarrassez-vous de cette obsession du présent il est insignifiant fade et sans consistance, ce n’est que fétu de paille soulevé par le vent, suffit les ornières satanique du quotidien qui nous creusent la chair. 

- Étrangement je constate que vos paroles ne sont pas radicalement opposées aux miennes, vous comprendrez j’espère ma forte aversion pour la rigueur aux éclats d’acier, aussi m’est-il venu l’idée… 

- Venez-en au fait 

- Écrivons ensemble dans une chaude rigueur, joignons nos mots et au fil de mûrissement de nos idées chacun peut se révéler autre ce qui l’a toujours pensé de lui-même, après tout nous sommes que deux nœud sur un même liseré de sel, tentons le défi !

- Chaude rigueur, deux erses sur un liseré de sel ! Hum...

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
.....................................................................................................................

Recherche

Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

des mots en image

D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

Articles RÉCents