Paul CEZANNE Van DIJICK
Est-elle morte ? Je ne pense pas, elle est bien plus vivante que vous ne pouvez le croire.
Je regarde ces deux fresques et déjà l’aspect roturier et noble des tables s’impose à moi, l’épaisseur des meubles, la grossièreté des motifs puis la finesse des nappes et la subtilité du thème.
L’une mal épanoui reléguant les hommes dans une longue absence, peut être sont ils dans les champs rudoyés par le labeur de la terre, aucune miette sur la table les fruits exaltent leurs solitudes, presque incomestibles, préservés du désir, ou peut être qu’il n’y pas du tout de plaisir, juste la peine du temps, ses revers. Quand le changement est incertain les objets se déploient alors dans une majestueuse et dramatique présence.
L’autre exalte l’opulence, car les hommes ne sont pas tous égaux face à la vie. Ses convives ne sont pas loin, peut être qu’en restant là à observer vous les verrez revenir pour prendre encore une gorgée de vin blanc et casser quelque noisette. Ils sont repus de richesse, de fromage, de fruits de différentes saisons et semblent assurés dans l’écoulement du temps comme le repos en spirale de cette pelure de pomme posée là à la lisière de la table.
Mais l’équilibre est souvent précaire; ce pain sur cette assiette pourrait tomber et menacer l’accord de la vie et ses victuailles.
Ces peintures suggèrent en fin de compte ce qu’elles ne représentent pas à savoir les hommes et leurs absences parfois heureuse et d'autres fois malheureuse. Et comme aurait dit Jean-Noël PANCRAZI dans son magnifique roman "Tout est passé si vite":......un juste dosage d'absence, de disparition, de retours inattendus, de promesse et d'étreintes brusques.....