"Je n'écris pas parce que je sais,j'écris parce que j'aime."
Siglo 21ème siècle Après J.C
Judith - August Riedel 1840
J'ai choisie 3 œuvres sur le même thème, l'ordre dans lequel elles sont présentés est volontaire.
Donner à voir, prendre le temps de regarder, laisser venir à nous ce qui est dit.
Il est dans nos habitudes ce réflexe de vouloir nous accrocher trop vite, à chercher trop tôt et hâtivement les instruments qui nous permettent de lire, déchiffrer ce qui est offert au regard. Nous revenons sur nos pas après avoir accepter non sans souffrance cette amère illusion que la rue qui mène à soi est une impasse, sommes poussés alors vers les mandibules de la bête, cette tyrannique injustice que l’on fait à soi-même en empruntant les arguments supposés vraie d’un tiers connaisseur. S’aventurer par nos propres moyens pour donner notre point de vue est risqué, Big Brother, 1984, est entrain de nous voir, il peut nous juger !
C’est donc appuyer la thèse qu’aimer ne peut être que démontrable, provenant d’une analyse clinique, un chemin en acier alambiqué et luisant.
Il faut faire vite, passer à autre chose, pas assez de temps pour changer d’yeux, Proust est mort ! Presses toi changeons plutôt de paysage, d’œuvre, avance, avance, l’horizon recule, vite l’art est long, colles toi au chemin de tes prédécesseurs, il y a de la pesanteur et du quotidien c’est tout ce dont tu as besoin pour avoir des Ready-to-wear.
Ô combien nous œuvrons, sans le savoir, pour être loin de nous-mêmes.
Je publie donc cet article en apportant progressivement des ajouts, je voudrais laisser voir d’abord.
Un événement assez fortuit m’a conduit à cette publication qui n’est en fin de compte que le fruit de mon imagination. En effet l’autre jour j’étais au café de la cinémathèque de Tanger, mon voisin de la table à côté à ma droite parlais d’une voix forte et puissante, je me suis retourné légèrement pour voir, j’étais alors surpris vraiment de reconnaître en lui le portrait physique de Nabuchodonosor II le roi de Babylone, celui qui a mandaté son général Holopherne pour mener une guerre contre tout le Proche-Orient en assiégeant Béthulie ville de Judith !!!!
Le classement que j’ai choisi (Le Caravage, Artemisia puis Klimt) est établi selon l’ordre croissant de l’engagement de l’artiste à ce tragique événement.
La relation de l’artiste à ce drame est illustrée en effet selon moi par l’intensité de l’action qu’il met entre les mains de Judith et sa servante. C’est la traduction picturale de cette situation qui échelonne la scène sur un registre personnel croissant (du moins personnel au plus personnel), le spectateur en regardant ces peintures est donc appelé progressivement à donner chaque fois un peu plus de lui-même.
Je me sens un peu indécis, je ne sais pas si je devrais aimer ou pencher un peu plus que je ne l'étais pour l’approche de Le Caravage ou pas. Ce sentiment équivoque vient d’abord du fait que l’artiste nous donne à comprendre qu’il accorde plus d’importance à l’histoire à la morale d’un peuple qu’à la passion et le courage d’une femme, ensuite il exprime son doute sur les sentiments réels de Judith vis à vis d’Holopherne.
J’avance cela pour les raisons suivantes qui appuient je le pense mes impressions:
- Le Caravage théâtralise la scène par le rideau du fond du tableau et donne une certaine noblesse à l’action.
- La servante qui accompagne Judith est une vieille femme qui représente le peuple sa morale. La morale est un cloître ancestral qui encercle par ses vieilles colonnes les êtres humains. Le rideau rouge cherche à anoblir ce peuple. Judith ne vient pas pour se venger mais pour appliquer la sentence, donner vie par la mort au souhait d’un peuple opprimé.
- J’ai observé une expression de tristesse sur le visage de Judith comme si elle était peiné par son geste, affligée par ce qui est entrain de se dérouler, distante, n’approuve pas ou presque son acte!
- les yeux, le regard d’Holopherne c’est celui d’un homme que la vie n’a pas encore quitté il cherche peut-être celui de Judith qu’elle n’a pas le droit de le lui offrir, la vieille, le peuple la regarde. C’est un regard vrai!
La représentation de Le Caravage est magnifique mais vide de passion à l'égard de Judith, Il a donné tout au peuple de Béthulie sans rien lui laissé à elle.
Le Caravage
Artemisia Gentileschi a créé deux versions pour cette œuvre, l’une au musée Capodimonte de Naples et l’autre que j’ai choisi de commenter (encore une fois j’ai mes raison, c’est une question d'appréciation que je déclinerais au fur et à mesure ), au musée des Offices à Florence, Italie.
En regardant ce tableau, j'ai noté tout de suite que c’est une histoire de fille! C’est personnel et cela ne pourrait concerner qu’une femme. Voir par conséquent l’histoire sur le viol de Judith. c’est très bien expliqué et commenté.
La servante est jeune, met la main à la pâte et se joint avec un plaisir affiché à la mise à mort d' Holopherne, c’est presque une fête du sacrifice.
j’ai opté pour la version du musée de Florence pour deux choses:
- Le drapé constitué de deux tissus l’un blanc et l’autre rouge couvrant la moitié du corps d’Holopherne se retrouve dans les manches retroussées de Judith et de sa servante, comme si les trois personnages étaient d’un même avis sur ce qui est entrain de se passer.
- Encore une fois le regard d’Holopherne y est plus vivant, la version du musée de Naples montre des yeux plutôt jaune comme si Judith n’exécutait en fin de compte qu’un cadavre!
Artemisia Gentileschi
Artemisia Gentileschi
J’ai commencé cet article en déclinant au lecteur mon choix de présentation des trois œuvres: en premier Le Caravage, en second Artemisia Gentileschi puis Gustav Klimt en dernier et dont le fil conducteur de ce choix était le niveau d’engagement de l’artiste, son ardeur à faire ressortir le sentiment, la force de l’acte de Judith dans la mise à mort d’Holopherne. Si les deux premiers artistes ont fait une représentation dans le feu de l'action, Klimt s’en est distingué par une mise en forme post-mortem.
En effet, Gustav Klimt a représenté ce récit d’une manière originale et tout à fait différente. Il nous donne à voir à peine la tête tranchée d’Holopherne, elle ne figure qu’à moitié et à une toute petite partie du tableau, toute la force du pinceau est transporté par le désir en quelque sorte morbide de Judith, son corps repu de vengeance s’est mis soudain à libérer ses paroles érotiques un regard lascif, ses formes, sa poitrine dressée à peine cachée par un déshabillé transparent à ondulations bleuâtres rappelant les profondeurs océaniques là où les plus intrépides marins ont perdus la vie.
Judith n’est pas venue à Holopherne en tant que prisonnière, mais une capture d’un regard grivois et paillard, un regard désirant qui annonce une rencontre fatale.
Judith s’est imposée par ce qu’elle a de plus fémin, c’est par son abondant à ce qu’elle a de plus chère, sa féminité, qu’elle a pu vaincre.
Gustav Klimt