La présence est-ce vouloir dire se rendre présent?
La présence est-ce une évolution vers quelque chose de nouveau, une démarche à suivre animée par une action sous-jacente, le fruit d'une évolution?
La présence est-ce la fusion de ce qui se réalise en nous et par nous?
La présence est, à mon avis, la disparition totale de toute distance qui sépare l'être de lui-même, ou de nous à nous-même.
La présence est inépuisable, ne s'affaiblit pas à proportion que notre travail s'accomplisse qu'il soit individuel ou collectif, ni se dénature ou se dégrade. Un exercice, une opération, un effort, par contre prend fin à mesure que la tâche se consume et le but s'accomplit.
La présence n'est pas non plus un accesoire, une épithète ou une quelconque particularité de l'être. L'être et l'acte sont la même chose. Je pourrais encore imager cela en disant par exemple bien que l'artisanat soit une singularité de l'art, sa finitude établie par l'objet artisanal, l'art demeure néanmoins.
Quand même bien l'acte commence et prend fin, la présence demeure.
La présence est un jaillissement qui prend forme ou se dévoile à travers tous les actes qu'on réalise. Ne rien faire est aussi un acte. Ainsi que je l’ai souligné à plusieurs reprises, ”faire quelque que chose” est l’action la plus hideuse, la plus atroce et dégueulasse qui soit!!
La présence n'est pas une expérience. La présence n'est pas un état. Car ce n'est pas le fait d'éprouver quelque chose dans certaine conditions et pas dans d'autres.
Si je puis donner un exemple:
la présence s'est manisfesté en moi par des secousses, une sensation de vertige, des mouvements me ballotent à tribord puis à bâbord, je viens d'apprendre que la terre n'est pas plate mais ronde et cela heureusement n'affectera pas ma navigation, je commençe alors à apprendre comment tenir la barre. L'angoisse de l'existence disparait, je ne suis plus attelé aux événements du monde, je les prends comme ils viennent, en moi ils surviennent, en eux je me réalise, me renouvelle et m'actualise. Ils me parlent, je les écoutent beaucoup plus qu'avant. Toute application ou attention pour les commander s'évanoui,la culpabilité ne me ronge plus car il n'ya plus de différence entre celui qui agit, fait et celui qui est.
Pourtant, ce qu'il y a de beau dans la présence c'est sa fragilité. Cela n'est pas le cas pour les objets, plus ils sont fonctionnels, utiles et moins ils peuvent se dérober à notre regard, leurs présence est immédiate éclatante, d'une clareté si évidente qu'elle blesse le regard et rend indifférent. Seul un artiste pourrait peut-être les abstraire de cette fonction initiale d'instrument, d'utilité, de serviabilité en les habillant de mystère, leurs souffler une âme pour leurs faire recouvrer une sorte de fragilité.
Quand nous quittons notre sphère privé et nous apprêttons à nous associer aux parties communes de la société, nous ne pouvons plus alors nous soustraire au regard de la communauté des hommes et devenons malgré nous visibles, partageons ainsi le statut des objets sans pouvoir nous refuser aux regards des autres. Nous devenons atteignables par tout les moyens techno-spatio-temporel (GSM, GPS, Caméra....), pourtant seul le désir de me connaître pourrait me rendre présent à l'autre, car c'est à partir de là que le mystère de ce que je suis commence. Je dois préciser toutefois que mon sujet est élaboré autour de la présence à soi et ceci n'enlève en rien l'importance que revêt la présence de l'autre à moi ou de moi à autrui.
Cela dit, je dois insister sur le fait que compte tenu de notre contingence, la présence ne peut jamais être, à l'image des objet, pleine, évidente et absolue, elle surgit de nous jaillit et ravit comme une eau vive sort de la terre continûment.