Café Rif de la cinémathèque de Tanger
Ce texte est une réédition. Je l’ai publié en Février 2014, il y a de cela maintenant sept ans, j’étais alors proche de mes cinquante quatre ans et, sans le savoir encore, car rien ne le présageait, j’allais bientôt faire l’expérience d’un sublime et miraculeux malheur! Et vous le savez autant que moi, à quelque chose malheur est bon. Mais ça, c’est une autre histoire!.
Donc pourquoi je republie ce texte?
Eh bien quelques amis m’ont fait la délicieuse remarque que mes écrits étaient apparentés à ceux d’un poète rebelle, anarchique! eh bien dites-moi!!!
Je me suis donc demandé pourquoi ne pas republier ce texte, c’est mon manifeste presque un crédo de ma façon d’écrire, une épithète inscrite dans ma couche Malpighi et qui donne le mouvement à tous mes crayonnages.
Je dois quand même vous demander s'il vous arrive de temps en temps de rajeunir vos notes ! Allez donc voir ces délicieux propos de Georges Canguilhem, je ne peux me résoudre à garder pour moi seul cette substance!!
Il dit:* La raison est régulière comme un comptable mais la vie anarchiste comme un artiste* CQFD
Continuons, d'abord les précisions suivantes:
La chose que je déteste le plus au monde c’est d’écrire pour paraître plus français que les français eux-même.
La langue française n’est pas ma langue maternelle, elle s’est toujours refusé à moi, elle a dressé tous les remparts possible pour m’éloigner d’elle, a dit non à mon désir de paître auprès de son corps pour manger les mots d’automne qui tombaient le long de son corps, c’est une sultane infidèle, elle couche au Bénin, se réveille en Côte d’Ivoire déjeune au Sénégal et rare quand elle se souvient de moi, mon sérail est triste quand elle n’est pas là. Je suis un amant cocufié!!
Parfois son haleine aux reflets dorés prend la forme de volutes au parfum rouge citronné et à peine je les ai dessiné, voilà qu’elle part vers de nouvelles contrées!!
Non, Non et Non!!!! Tu ne feras jamais de moi un peine-à-jouir, femme je te répudie!
Alors j’ai décidé de l'étriller, de la mettre à mal, de la tyranniser, adieu les propositions, les adverbes et les conjonctions, bien fait pour toi! Je m'arrangerai avec le reste!
Maintenant le texte en question:
J’ai découvert l’encre et la forme des lettres, mais je n’ai jamais appris à écrire,
L’assemblage de mes mots ne forme pas une phrase mais plutôt une trace littéraire,
Ma difficulté à communiquer est devenu avec le temps l’objet principal de mon expression,
Mes phrases sont une travée de strate, des tranchées derrière lesquelles je me mets à l’abri,
A l’abri du lecteur sérieux en quête de sens, prêt à me dépouiller de mes vérités,
C’est pour cela que je suis un scribe dissident, à la fois mobile et sédentaire, essayiste et fictionnel,
Exprimer l’indicible est ma seule quête qui restera à jamais inachevée,
Mais je n’y peux rien, dans le supplice existentiel tout est déjà décousu