Lettre à mon ami Dr El Y.Med
Bonjour mon ami,
Il m’arrive souvent de rester là planter devant mon clavier à chercher les mots car parfois l’émotion est si forte qu’elle m’empêche d’écrire. Le besoin pressant d’écrire m’empêche d’écrire.
Je me rappelle souvent Fernando Pesoa et de son livre « le livre de l’intranquillité » dans lequel il écrivait avec conviction que la « cohérence est une maladie ». C’est une maladie lorsque la pensée jette sa grille de lecture sur nos vrais sentiments pour ombrager les effluves du cœur. Alors si par moment il vient à vous de croire que je perds la tête sachez simplement que c’est un artifice pour fourvoyer l’esprit afin de permettre dans sa pureté originelle la résurgence du vrai amour.
A l’instar des trois religions je voudrais bien réserver une journée pour ma propre prière dans un édifice que je nommerais volontiers la maison du nouvel âgiste. Et que serait encore ma joie de pouvoir élever sur la porte d’entrée les mots suivants : ‘’je n’ai jamais dit que Dieu n’existe pas, je n’ai jamais dis que je ne crois pas en Dieu, je dis seulement que Dieu auquel je crois ne ressemble pas aux vôtre’’.
Il y a une phrase dans votre article qui m’a poussé à noircir cette page « Je ne peux dire merci qu’en donnant » pour cela je vais vous raconter cette histoire :
J’étais de retour chez moi, j’avais un billet de cent dh dans ma poche et venais d’acheter huit pommes deux pour chacun de nous. Sur mon chemin un homme le visage creusé par la nuit à peine caché derrière des habits rapiécés me supplia de lui faire l’aumône. Je n’avais pas de monnaie. A l’instant j’ai pensé lui offrir deux pommes mais une voix insidieuse tapie dans l’antre de l’infamie me souffla « Après tu n’en auras pas assez » et j’ai continué sur mon chemin. Cependant une ruelle plus loin je fus saisi par le remord : comment cela « je n’en aurais pas assez !», comment ai-je fais pour accorder si peu de valeur à moi-même, au rendez-vous qui s’est offert à moi pour agrandir mon âme ! J’avais de la peine car je venais de faire l’expérience de la pauvreté, celle de la mesquinerie aussi. Je me suis senti dans mon for intérieur, beaucoup plus pauvre que ce mendiant et pourtant par rapport à lui j’étais largement à l’abri du besoin. Je me suis dis alors qu’il ne suffit pas d’être riche mais encore faut-il faire l’expérience de la richesse pour réellement le devenir et pour cela donner est le meilleur moyen de dire merci à la mère providence cette action divine du geste supérieur.
Merci mon ami.