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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 13:41

 

Hiba-ici-et-ailleurs.JPG

 

Midi est un sale temps, le soleil est au zénith, un moment où l’astre lâche  tout comme nous à la diarrhée. Tout est absolu alors, car à midi l’ombre disparaît. La chaleur tremblante sur le sol cuit les personnages de surface. Les nuages souvent assignés à l’horizon ôtent tout abri pour que chacun entre à vif dans l’existence, la gorge épaisse par l’odeur volumineuse de la lumière.

 

A midi personne n’est philosophe le monde est nu face à l’arrogance de la nature. C’est le seul moment peut être que les hommes choisissent pour se déshabiller et accepter malgré eux leurs nudités. Dégoûtés de leur parures, ils aimeraient bien s’arrêter pour réfléchir mais se contentent d’être un liseré de bougainvillées rosat ceignant une maison impénétrable, une chair infinie dorlotée à 37° où l’esprit  sommeille debout sur une terre promise aux chants des grillons, aux caresses des vagues ameutées par un azur rossé par les vents. A vrai dire, je comprend, demeurer à  37° c’est toujours banal c’est comme si vous passiez toute votre existence à la même saison, l’été tiens ! Et ça ce n’est pas une preuve du bonheur qu’ils disent.

 

Moi je ne m’arrête pas, je suis arrivé à un moment de la vie où je prends conscience de ce que je perds. Il m’arrive parfois de voir le passé venir à moi, je n’ai pas de mots définitif pour me séparer de lui, il part quand la saison est douce, le climat tiède puis revient lorsque le froid est attisé par les vents, se penche sur moi reprend la dernière phrase les derniers mots de notre conversation, c’est une chambre à deux, il y restera tant que je n’ai pas encore tout dis, tant que je continuerai à croire qu’il est la preuve des malheurs empaillant ma jeunesse. Il commence toujours par me servir à boire, prends un verre me dit-il ça fermente mieux les actions inaccomplies, les phrases inachevées. J’aurais souhaité qu’il ne rajoute rien à mon amertume, qu’il soit aveugle aux plis de mes habitudes qui l’ont appelé. Mais enhardi  par mon humeur lourde difficile à déchirer il entreprend d’accrocher sur le mur ces heures molles qui s’étirent et s’agglutinent sur les parois de la chambre. Boit ! répète t il sans me quitter de ses yeux brumeux voilant à peine la gêne des jours,  puis dans une atmosphère psychédélique animée par les Doors, libère les anamnèses reprisées, sinueuses flammes fumigènes se déhanchant dans leurs costumes d’apparats aux froufrou d’enfer, tziganes aux visages éclatants de cataclysme, fardées de crépuscules, this is the end my friend continuent de chanter les Doors, je devine le galbe de leurs corps aux rémanences douloureuses, leurs parfums sucré de jasmin se refuse à mes lèvres tremblantes bourrelées de remord noircies par la fumée et les vapeurs éthyliques, une folie rembourrant  les couloirs du temps à l’issue incertaine.

 

Mais il y a toujours, je ne sais comment, cette main qui rêve tendue pour me faire sortir des remous des souvenirs, cette voix intérieure, syncrétique, magnifiée par les mouvements analgésique d’un soufi à la recherche d’équilibre, une voix  qui ne m’appartient pas que je sens sans savoir ce que c’est et qui me pousse malgré tout à avancer.

 

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Alors que cette nature accourt de toute part, bondit de son lit pour s’accomplir dans un présent immortel, fleurit ses bouquets de géranium et élève dans les airs ses plumes nuptiales pour blanchir le ciel, les hommes, au démon de midi marquant la fin de la jeunesse du jour, continuent d’ensemencer non sans souffrance une paresse criarde, attendant le vomissement de leurs rêves sans vérité renforçant le mensonge qui veut que l’homme sur son chemin doit toujours craindre et toujours espérer. Il faut dire que la paresse ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air ! Il faut être solide d’abord, avoir une répugnance pour le présent et surtout faire de la procrastination son sport de prédilection. Un homme pour vivre n’a d’ailleurs besoin que de trois ou quatre habitudes qui créeront son passé et feront de même pour son futur, il changera peut être mais souvent pour prendre et rarement pour échanger.

 

 

Au pied de la falaise viennent s’échouer les haleines tannées d’alcool, les regards empourprés de cannabis, seuls les versets de l’Instant  chantés du haut des chairs des mosquées s’entêtent à éveiller l’absence et l’oubli, à panser les corps qui portent désormais la fatigue de la vie. Le silence des rues, moisies par le repos des millénaires, est altéré en arrière plan par la voix off de la magie burlesque du vivant, travelling des oxymores, cortège de voix sans visages, instants et gestes sont sur le départ, vivants en phase terminal, cédant la place aux suivants, qui bientôt à leur tour partiront, valise à la main, tandis qu’ils étaient là, vlan ! la malle aux souvenirs, rien n’est là qui n’ai d’abord été dans le passé, pourtant les choses changent et la vie est toujours inattendue. 


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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

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D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
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