Chasseurs dans la neige de Pieter Bruegel l'Ancien
Chasseurs dans la neige est l’une de mes peintures préférées. Bruegel ! Bruegel ! Quel magnifique présent tu as laissé à l’humanité ! Et dire que quelques unes de tes peintures, vu que tu as été influencé par Jérôme Bosch, sont d’un ordre surréaliste !
Je n’ai jamais été plongé, happé par une peinture davantage que par celle-ci. J’ai une soudaine envie de mettre mes patins d’hiver et d’aller me mêler à la foule, filer et glisser avec les gens du village sur l’étang gelé.
C’est une œuvre puissante où, et c’est souvent rare, la nature semble alliée à l’homme, une absence d’hostilité presque totale. Tout ce qui est vivant est rendu avec une couleur sombre ou brune, les hommes, les chiens, les arbres et le peuple sur les étangs. Ils appartiennent tous au même monde, ils sont ses acteurs.
Je pense que c’est la saison d’hiver, c’est la fin d’un après midi clément, un dimanche je dirais, le devoir religieux qui rend les gens compassé et amidonné par tant de moralité a été accompli, maintenant les églises sont vides et les paroissiens libres, il n’y a que les méandres de la rivière qui serpentent vers l’horizon.
Les hommes fatigués, les chiens aussi, brun et sombre comme leurs maîtres, la chasse a été maigre, passent par dérision devant l’auberge à gauche qui s’appelle « Au Cerf » alors qu’ils n’ont rapportés qu’un lapin ou un renard. Un chien pourtant va relever cette plaisanterie, avez-vous déjà vu une queue de chien en forme de spirale !!! Eh bien le chien du centre en en a bien une ! Oui, très bien fait le chien on a compris que la vie est une roue en mouvement, révolution, évolution et élévation.
J’ai aimé cette couleur glauque du ciel et de la rivière, cet oiseau qui vole en Saint-Esprit bénissant le courage des hommes et l’ambiance exceptionnelle de cette journée, pour une fois que la nature a bien voulue ranger ses armes pour reconsidérer son amitié aux êtres humains.
Plusieurs motifs m’ont permis d’y plonger : l’essor de cet oiseau comme un réticule indiquant la profondeur à viser, la différence des tons entre les couleurs, la perspective des arbres.
Pour conclure je dirais que dans cette œuvre magistrale de Bruegel, il y a autant de pensée que de paysages, un équilibre très rare dans la peinture. A mon avis, à la place de l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci j’aurais envoyé dans l’espace sur la sonde Voyager cette peinture de Pieter Bruegel l’Ancien pour dire à toute autre éventuelle intelligence que l’être humain est certes doué de pensée mais qu’il est aussi amour et équilibre.