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7 août 2021 6 07 /08 /août /2021 11:17

 

La femme qui pleure de Picasso

A l’approche de l’immeuble où il habitait, une sombre inquiétude l’enveloppa. L’idée de croiser la concierge dans le hall mis en alerte tout son corps qui s’activa à rappeler ses dernières réserves d’adrénaline de la journée en vue de faire face au carnassier le plus féroce de l’espèce humaine. De loin il pouvait déjà voir le manège triste de la poussière et la toile d’araignée qui disputaient la lumière, étouffaient de leurs charpies le lustre accroché au plafond du portail de l’édifice. Un jaune malin peignait l’espace, convulsait les traits déjà have.  Au seuil empestait la taupe aux sourcils botoxées, la desquamation du clan. La porte de la mégère en bois vermoulu était suffisamment entr’ouverte pour que l’apparence de la tanière et son atmosphère glauque vient à lui avec ses murs debout écailleux incommode révélant un lourd rideau grenat pendu bien haut dont la seule fonction est de chasser la lumière. Couronné  d’un blanc post mortem labouré de chiures de mouches, des mouches en Poirot et Agatha Christie, le rideau tombait maladroitement sur une table de cuisine   entourée de deux chaises coupables, le tout reposait  sur un carrelage avachi par une langue d’émeri. Soudain les oreilles de Mikael captèrent un bruit de pieds enchaussant des savates. Il est fait se dit-il, le prédateur a déjà repéré sa proie. Comme un péon subalterne, lâché par le Matador dans une corrida aux arènes, il se pencha du côté de l’antre armé uniquement de sa cape attendant le surgissement de la bête, mais une odeur pestilentielle embaumant toute l’entrée, une odeur de ragoût fermenté dans une litière de chat finit par le distraire et se trouva nez à nez avec une excroissance en forme de tête de crapaud visqueux drapée d’une peau gloutonne, posée sur un corps humain. Les rides partaient dans tous les sens dessinant des lignes, des angles, cubes et trapèze, Dora Maar n’était à côté qu’une figurine de réserve pour un art mineur. Les joues flasques pleuraient leurs mésaventures humaines, les cheveux hirsutes mal couvert par un fichu mis à la hâte, ceignaient un visage marqué par des pupilles flottantes dans des yeux bouffis  comme deux poissons trisomique impropres à l’aquarium. D’entre les arcades partait un nez épaté aux narines proéminentes reposant sur une bouche veuve, les lèvres en berne forment une vachette de portes monnaie à fermoir métallique clic clac. L’intention de l’espèce était sans équivoque, elle cherchait par son regard dans les recoins les plus sombres de son vis-à-vis un indice susceptible de trahir un sentiment mal enfoui, une rebuffade mal digérée ou la trace d’un événement inattendue car, la nuit venue, elle doit donner à manger à la smala et répondre grassement à la question générique « y a du nouveau aujourd’hui? » avant d’entamer le plat de résistance que les viscères de Mikael ont souvent agrémentés. Dans une procession lunaire, la femme ou ce qu’il en restait de l’être féminin, se rapprocha de Mikael, se pourlécha les lèvres par sa langue fourchue, apprêta son dard puis l’aborda d’une voix à la fois nasillarde et retirée comme si elle prenait son élan pour un long interrogatoire : « Alors MÔsieur Mikael, nous sommes pressé aujourd’hui paraît il ! Quelque chose ne va pas ? »  

Notre ami était sur le gril, percé à jour il voulu s’engager dans les escaliers  mais c’était sans compter sur la ténacité de la concierge qui n’a pas encore fini d’écosser  son meilleure légume de la journée et s’apprêtait à harponner davantage sa prise pour mieux s’attabler lors du souper en roulant pour sa moitié le meilleur mauvais tabac dans le bulletin de la journée. Mikael était largement avisé pour ne pas sous estimé la race de cette espèce qui se trouve être la cheville ouvrière de tout district qui se respecte. C’est une créature spécialement dressée par les commis de l’état pour porter à leurs oreilles toute incongruité, changement dans les attitudes etc. il ne faut pas éveiller de soupçons mais encore faut-il en échapper ! À cet instant le facteur, en libérateur, s’introduisit dans le hall apportant un lot de correspondance, un met de choix pour notre vipère qui lâcha la bride à Mikael. A peine eut-il atteint le deuxième étage que la même voix l’appela « Mikael mon petit, descend, tu as reçu une lettre de ton frère Ismaël » puis « mais qu’est-il partit faire celui là à Paris ! » Mikael descendit arracha la lettre des mains de la méduse et regagna rapidement son appartement.

(A suivre épisode VI) 

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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
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