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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 22:22

J'ai vu la parade de la vie.

Elle a affiché le grand luxe de sa cruauté.

Elle a marché l'air hautain défiant avec insolence ma douleur affichée.

Jeune, elle m'avait déja marqué comme L'Homme qui en savait trop.

Son haleine qui ne se reprend pas de son sourire cruel se plaîsant à verser les larmes sur mes joues, enflées comme les seins de ma mère,  a adoucit cependant mes blessures et m'a apprit le script de la métamorphose de la peine en humour.

Sans souffrance aurais je pu embellir cette disposition naturelle à convertir les tourments de l'insolite, l'étonnement anxieux, à prévoir le départ du coup de feu, à transformer l'événement douloureux en humour comme victoire contre les épreuves de la vie?

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 07:15
Je crois que vivre est un sort tragique pour chacun de nous lorsque notre parcours ici bas est auréolé de trop de commencement qui infusent attachement passion et imprudence et peu de conclusion lesquelles, je l'espère, nous consentirons peut-être le bonheur d'anoblir notre âme si ordinaire.

Chaque jour quand je me lève, je suis comme cet arbre qui étend ses branches pour recevoir la douceur de la lumière guettant par delà les hauteurs l'arrivée certaine des nuages qui ombragerons mes rêves les plus chers et mes élans les plus sincères.

Le soir éprouvé par le lot quotidien de joie et de contrariété, mes pensées informulées et secouées par un corps fragile, tombent comme des branches mortes au pied de mes racines enfoncées dans une terre noir et humide et loin du supérficiel.

Mes pensées commencent alors à respirer profondement cette odeur de mucus imprégnée d'arômes floral qui unie petit à petit les fraguements de mon esprit perdu et le libère des événements de la journée diaprées par la critique et le manque de beauté. Alors, comme un marin qui vient de mettre pied sur la terre ferme, enflammé par l'amour, le vin et les mystères de la nuit, mes pensées, apaisées et heureuses d'avoir retrouver leur auteur, s'accrochent aux lianes tréssées par l'espoir et la lumière dorée du soleil qui se lève et coule sur le flanc des montagnes  puis grimpent de nouveau au sommet de l'arbre attendant paisiblement la venue du prochain jour.
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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 12:57


Vitole commerciale: Canonazo Vitole de production : Canenazo
L:14,30mm D:1,90mm P:17g Cepo:46

Le module de ce cigare n'est pas très répandu. Il se place entre celui du robusto et du coronna gorda. Donc parfait pour ceux qui ne veulent pas quitter rapidement la table du restaurant!!

La cape, colorado-maduro, est soyeuse, fine et bien tendue.

Tel un sorcier qui cherche à prèdire l'avenir dans les entrailles de la meilleure bête abatue, je regarde la tripe de la vitole, les quelques feuilles qui forment son secret, le geste du torcéadore, je sens déjà les parfums de la terre de l'ombre et de la lumière des champs de tabac.

Le goût est riche, l'arôme boisé et épicé. Le palais ne perd pas sa fraîcheur malgré les notes quelquefois amères et torréfiées.

Très bon cigares.


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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 22:34

Ranger votre théière, le sucre et la menthe ne sont pas toujours fait pour, c'est le moyen âge ça! Penser plutôt à préparer un bon cocktail de mojito c'est bon été comme hiver, il revigore vos papilles, enchante le palais et installe bien votre humeur, (si vous êtes bien sûr du genre éphémère), pour déguster vos meilleures vitoles.

Alors c'est au choix, soit vous vous arranger pour le prendre à l'extérieur dans un bar, question de montrer au voisin du comptoir que vous êtes pro en la matière. Seulement le proprio a déjà coupé à l'eau les contenus et vous risquer donc de terminer votre soirée la tranche dans les paumes, l'argent dans la caisse, et un arrière goût de mojito plumé! soit vous restez chez vous (ca fera plaisir à votre femme) et appliquer la recette suivante:

Dans un verre à forme allongé disons un Tumbler style Havana Club prêt à recevoir les longs drinks, verser 2 cuillères à café de sucre moulu ajoutez-y quelques feuilles de menthe fraiches, 4 ou 5, presser pour écraser les cellules des feuilles afin de libérer l'arôme puis ajouter 3 ou 4 glaçons légèrement pilés ou entier. Une fois cela préparer, verser 1/3 de Havana Club trois ans d'ages ou anejo reserva, 2/3 d'eau gazeuse, un jet de citron pressé et enfin un soupçon d'Angostura. Décorer avec une paille et une brindille de menthe.

Bonne dégustation!

Un mojito porfavor !

 
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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 19:40


Je marche sur la cinquantaine, mes yeux regardent déjà la terre qui commence à se lézarder sous mes pieds aussi bien que les fêlures de mon coeur. Mais je n'ai pas heureusement ce sentiment de déception, car je continue à aimer la vie.

Si mes quarantes six glaçons ont coulés c'est dans la joie de l'ambiance et des meilleurs breuvages qu'ils l'ont fait.

Si mon fromage a fondu, c'est dans la chaleur de mes rapports avec tous les êtres que j'ai côtoyés et les choses que j'ai aimé

Si la lumière se voile peu à peu, c'est pour mieux rêver et donner plus d'attrait à mes futurs projets.

Si je réalise avec gaieté l'incurie de mes rides, c'est parce que j'intériorise mieux et avec subtilité les évènements de la vie, j'examine avec plus de calme les idées nocturnes empréssées à s'acharner sur mes sens rêveurs d'aventures fugaces.

Parfois en revanche, j'ai comme le sentiment d'avoir passer ma vie dans une salle d'attente, l'air absent et inconnu parmi les présents, une tête en résidu dans un corps fuyant.

Roulé donc j'ai été, comme les feuilles de mes cigares, qui m'ont procuré cependant suffisament de plaisir pour mettre des croches pieds et faire perdre l'enthousiasme à mes démons persécuteur.

D'aucuns diront que je suis bien bizarre, comme cet homme qui paie une stripteaseuse pour se rhabiller ou vend des souliers à des cireurs de chaussures, oui et pourquoi pas en fin de compte si mon aspect qui, au gré de mes écrits, échappant à l'entendement de quelques uns,  veille sur mon plaisir et ma satisfaction!
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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 21:29

La première des choses que réalise El Torcedor c'est de préparer El Capote, la sous-cape, une feuille de cigare de laquelle il va retirer la nervure ou la veine en l'enroulant sur le dos de sa main.
Les deux demies-feuilles une fois séparées sont posées horizontalement sur la petite planche de bois. Il va sans dire que la partie lisse de la feuille est toujours orientée vers l'exterieure de manière à ce que les veines soient moins apparentes.

Une fois posée, la feuille de sous-cape recevra la tripe du cigare que El torcedor va élaborer en mélangant dans le creux de sa main différente feuilles de cigares bien choisies selon le module qu'il désire confectionner. La tripe est le coeur du cigare elle est faite par trois type de feuille de tabac: Ligero, fuerte, seco et volado.
El Ligero vient de la partie supérieure de la plante, c'est la feuille qui va donner la force et la saveur au cigare.
El seco provient du centre de la plante et entoure El ligero en donnant l'arôme nécessaire au cigare.
Finalement El volado, partie inferieure de la plante qui permettra la combustion uniforme de la vitole.
La combinaison dans cet ordre précis est indispensable et est appelé La Ligada, elle assure un mariage aômatique et confirme la maestria del torcedor.

Une fois la Ligada préparée, elle est enroulée en spirale des les demies-feuilles de la sous-cape pour faciliter la circulation de l'air, le tirage adéquat et la richesse arômatique de la tripe.
L'adhésion de la tripe à la sous-cape est une étape importante étant donné qu'elle donne la consistance et la forme finale au cigare, assure une combustion régulière au cigare et maintient l'unité des feuilles internes formant la Ligada.
Une fois le cigare bien assemblé, une extermité en est coupé dans la guillotine.
Les cigares sont placés ensuite dans un moule de 10 unités selon le module désiré.
Les moules contenant les corps des cigares sont placés dans une presse qui applique la pression nécessaire pour donner la forme définitive au cigare. Durant cette phase qui dure à peu près quarante cinq minute, le torcedor donne des quart de tour aux havanes pour arriver à une forme cylindrique parfaite et plaquer définitivement la sous-cape à la tripe.
Quand le temps alloué à la presse est terminé et les feuilles dépassant le moule coupées, la tripe du cigare est passée dans la machine de tirage vérifiant la bonne circulation de l'air et donc la qualité de combustion de la future vitole.
Les havanes qui réussissent cette épreuve sont replacées pendant un moment dans la presse. Après, le torcedor se prépare à revêtir son cigare par la feuille de cape choisie avec la plus grande délicatesse afin de livrer la texture et la couleur désirée. Il commence donc par l'étirer un peu sur sa tablette afin qu'elle devienne plus lisse puis.......
.....avec sa lame appelée chaveta coupe la partie supérieure et inferieure de la feuille gardant ainsi  que le centre de la feuille et si possible la partie la moins épaisse.
L'habillage de la ligada par la feuille de cape nécessite beaucoup de savoir faire.
En effet le Torcedor doit étirer la feuille de cape pour la dérider en veillant, en même temps, à ce que le corps de cigare adhère parfaitement à la feuille qui l'acceuille.
Le pied du cigare doit être posé sur la pointe de la feuille et roulé vers l'avant de manière à ce que la tête du corps coincide avec la base de la feuille.
Habillage final de la vitole, et déjà une lumière boisée émane de cette robe enveloppant le cigare, témoignant de sa grande qualité.

à suivre......
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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 14:35













Vitole commerciale: Lusitanias, Vitole de production ou galère: Prominentes.
L: 194mm, D: 19,45mm, P: 16,70g, Cepo: 49

Le Lusitania est un paquebot anglais qui fût coulé en 1915 par deux torpilles d'un U20 allemand. Alors si des sensations vous tapissent le palais, ne croyez surtout pas que ça vient du fond marin!!

La belle construction du cigare et l'aspect soyeux de la cape vous mettent déjà sous l'ombrage d'un grand Cubain.

A cru, cette vitole libère,pour notre grand plaisir, un arôme boisé et quelques fleurs de bois. Un banquier amateur de cigares dira sans aucune hésitation que c'est une valeur sûre.

Le premier tiers tapis rapidement le palais par des arômes de terre humide et developpe avec douceur des saveurs miellées.

A l'approche du second tiers, la fumée est complexe et longue en bouche, un léger essaim d'épices réveille définitivement vos papilles et fraye son chemin entre des notes d'étable et de gibier.

La montée en puissance au purin ne gâche en rien vos acquits en saveurs mais vous rappelle cette caractéristique sauvage des grands havanes appartenant à la manufacture Partagas qui restent réguliers et ronds jusqu'à ce que vous brûliez les doigts.

Un whisky twelve "12" et pourquoi pas un magnifique bordeau, marieront bien vôtre dégustation!
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28 janvier 2007 7 28 /01 /janvier /2007 19:17

 

 

Monopolio
 
Un mélange de style architectural accroche le regard de cet enfant. Cette fois il ne traverse pas pour aller vers la mer, son attention est agrippée à ce bâtiment couronné d'un auvent aux tuiles marron. Il ne sait pas ce que c'est, mais ce dont il est sûr c'est qu'il est différent des autres et renvoi à des thèmes traditionnels proches du mauresque. Il prendra peut être conscience de la singularité de sa cité malgré un urbanisme galopant qui, cependant, n'étouffera jamais son identité millénaire. Mais pour l'instant, il perçoit cette lisière floue entre deux monde, le sien et celui de ses aïeux.

Cet enfant dans son innocence ne se doute pas encore que des compatriotes différent par leurs identité et leurs confessions vivaient harmonieusement dans ces lieux il y a moins d'un demi siècle.

Moi, son père, dans le méandre de mes souvenirs, je ne me rappelle pas encore des portugais et espagnoles qui s'établirent en ces lieux voilà bien une cinquantaine d'année faisant de la pêche leur gagne pain quotidien et qui, le soir, bravant le vent d'est, essayaient de retrouver le chemin menant vers leur ville auprès de leur femme déjà assise au seuil de leur demeure guettant sagement leur arrivé en tricotant  des chandail de laine.
 
 
Le Lycée Saint-Aulaire actuellement Collège
Ibn Battouta 80 années après!
Angle opposé

En hommage aux directeurs qui ont  menés cette belle entreprise comme des Verdi ou des Vivaldi s'acharnant sur leurs violoncelles frottant leurs archets sur les cordes pour donner le meilleur de leurs élèves. En hommage à mon père qui fût mon directeur, à tous ces hommes dont l'empreinte pétrie encore dans nos mémoires j'offre ce délicieux passage de Cervantès dans "Don Quichotte":

"Heureux âge et siècle heureux celui auquel sortiront en lumière mes fameux exploits, dignes d'être gravés en bronze, scupltés en marbre et peints sur les tableaux, pour servir de mémoire au temps futur! Ô toi, sage enchanteur, qui que tu sois, à qui il écherra d'être chroniqueur de cette rare histoire, je te supplie de n'oublier pas mon Rossinante, mon éternel compagnon en toutes mes voies et carrières."
A la conquête de Sidi Ahmed Bou Koudja


Rue Ben Abbou qui contourne le musée de la Casbah


Sidi Ahmed Bou Koudja, mausolée où l'homme enseigna le coran et dispensa à ses visiteurs des leçons de sagesse.
Rendu célèbre par Matisse dans sa toile "Le Marabout".

Un saint où les hommes et les femmes s'y rendent tous les jeudis après la prière du soir pour se repentir et quémander la fertilité.
un enfant s'arrête et regarde à l'intérieure du marabout.
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19 janvier 2007 5 19 /01 /janvier /2007 12:17

Vitole commerciale: Cedros de luxe n°2, Vitole de production: Coronas.
L: 142mm, D: 16,67mm, P: 8,97g, Cepo: 42.

Voilà un cigare que je conseillerai bien au tout débutant, je me garderais toutefois de le proposer à un amateur, encore moins à un initié. Les raisons? très simple!
R&J est une vitole peu convaincante, elle m'a déçue à plusieurs reprises, et si vous voulez éviter de passez pour un(e) novice, n'en parler que si vous êtes sûr de votre cigare et que vous avez préalablement recouper vos impréssions avec vos amis ou dans un forum.

Cigare enveloppé dans une feuille de cédre qui, une fois retirée, dévoile une cape maduro nervurée et peu huileuse libérant une odeur boisée, épicée et chocolatée. Le cigare est bien construit mais au toucher quelques irrégularitées dans sa compacité est relevée.

A cru le tirage est bon, les arômes sont plus prononcés et s'accompagnent d'une note poivrée et modérément torréfiée.

Au premier tiers cette vitole reste muette, peine à s'allumer et sa palette arômatique demeure confuse. La fumée est courte en bouche.

Au divin, le cigare recouvre une puissance mesurée, la fumée est épaisse et sent le poivre noir, des notes épicées et de terre humide conquierent le palais , mais le mélange des saveurs reste un peu terne et tapisse le palais.

Au purin, après deux tiers assez lourd , il ne reste du cigare que sa puissance. En plus de cela, ce corona a la facheuse tendance de s'éteindre.

Bien qu'il soit sans qualité majeur, je recommande ce corona au tout débutant, pour s'initier aux odeurs de la cape, à la compacité du cigare, exercer son palais, pour essayer de retrouver les caractéristiques olfactives sur les papilles.
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15 janvier 2007 1 15 /01 /janvier /2007 17:10
 
Il est beaucoup plus facile de parler des autres, de raconter leurs parcours, mais quand il s'agit de soi-même, ça devient difficile, très difficile, car on est beaucoup plus appelé à s'exprimer sur nos émotions passées, des moments de vies perdues dans notre memoire ramenés par les souvenirs tel un galet jeté par les vagues.

Rue Zaitouna, ansi s'appelle la rue où j'habitais. Mon père avait été affecté en qualité de directeur dans un collège à la nouvelle ville, et en attendant de s'y établir, on a partagé pendant trois belles années la demeure de ses parents, mes grands parents, et bien sûr la mitoyenneté de nos voisins et l'entourage de la médina.

Notre quartier Dar Barroud, ancienne forteresse anglaise, avait cette atmosphère vivante et parfois molle à cause de l'humidité régnante, soufflée par le vent de mer qui alourdissait nos paupières et détendait nos mouvements. Les mouettes rieuses habillées de leurs plumages nuptiales flottaient inlassablement dans les airs, et les cornes de brume des bateaux nous rappelaient la proximité de la mer.

Les matins, j'esseyais de me lever tôt pour mettre la carafe de lait au seuil de notre maison et attendre le passage des chèvres pour tirer le lait de leurs mamelles. Les chèvres descendaient mais ne remontaient jamais. Les pauvres habitent toujours en bas.

Quand je m'oubliais au lit, des mains à la peau écaillée, nervurée par le temps, plissées comme un drap défait, venaient scruter mon matelas pendant mon sommeil, pour s'assurer si aucune eau chaude ne m'a réchauffée la nuit. L'échappée n'étant pas toujours certaine, les doigts osseux me pinçaient alors jusqu'à faire trébucher mes rêves.

Avant de filer à l'école, ma grande mère, pour se réconcilier avec moi après un réveil agité, me donnait un peu de pois chiche cuit à la vapeur au sel et au cumin.
Mais....dieu.....qu'est-ce que je pouvais détester cette femme, elle avait les lèvres charnues à vous laissé une écume de salive sur la joue quand elle vous embrassait, elle pestait sans se lasser contre mon grand père, lui qui avait le coeur tendre et prenait la vie comme elle venait, et quand il s'agissait de ma mère, épouse répudiée par mon père, sa langue devenait alors fourchue et sa bouche commençait à cracher allègrement son venin.

Notre maison à la médina avait un aspect andalous, les pièces de réez de chaussée et du premier étage s'ordonnaient autour d'un patio bordé par du fer forgé noir qui, avec la mosaïque marron et vert du carrelage terni par le temps, ressemblait à du fard noirâtre sur les yeux d'une femme qui vous exprimait un amour simple et sincère.

Le dévouement de mon grand père à sa famille, à son travail et la résignation de ma grand-mère à sa condition de femme au foyer, enracinaient encore et toujours un peu plus profondément ce sentiment d'immuabilité dans le temps, je les voyais réaliser chaque jour les mêmes fragements de gestes successifs, accomplis comme une promesse, pour s'acquitter de leur prières, remonter d'un mouvement de poigné l'horloge murale, bluter la farine, pétrir le pain, astiquer les théières d'argent et fourbir les plateaux et les lampes en cuivre.

Mon grand père partageait assidûment mon chemin vers l'école. Il s'habillait de son traditionnel Jabador blanc, symbole d'appartenance à sa communauté, de son couvre chef en laine rouge cerise puis sa chaussure belgha qui n'a jamais cédée à une citadine et bien sûr sa jellabah grise et sa meilleure compagne une canne en cèdre. Qu'est-ce que j'aimais cet homme! il ma appris l'ambition de chercher à rester simple et modeste, sa propreté physique et morale a éclatée la blancheur de son linceul.

Notre chemin attirait sans cesse mon attention, on y sentait l'odeur des fêves et celle des faillots, des plats rustiques qui me rassasiaient. Les rues étaient sinueuses et irrégulières, les maisons se touchaient puis se séparaient faisant succéder l'ombre et la lumière qui se remplaçaient jusqu'à la place Dar Barroud.

Le quartier abritait des personnages distincts qui nuançaient l'ordre social et donnait de l'importance et de la densité à notre communauté.
Tourya la voyante, habitait à l'embouchure de la rue où elle offrait ses présages aux femmes en mal d'amours, ses recettes pour déjouer le mauvais oeil, pour briser le cadenas des filles recemment mariées et difficiles à dépuceler ou les maris qui n'arrivaient plus à le remuer. L'épicier Hamou, le fkih de l'école coranique et enfin le maître du four traditionnel qui jouissait du respect du voisinage car c'est en ce lieu que le pain du pauvre côtoyait paisiblement celui du riche.

Le café Makina n'était pas loin de chez nous, on sentait de loin l'odeur du kif et du thé à la menthe. Un verre contenait assez pour oublier le désoeuvrement ou peut être le désespoir. Les adultes nous disaient toujours "Les enfants! n'ayez pas la mésaventure d'entrer dans ce maudit café, c'est un lieu où on abuse de la chair tendre..." tous les autres mots intérdit restaient suspendues à leurs lèvres.

Non, je n'ai pas oublié les vendeuses de charmes qui habittaient sur le prolongement de la rue Zaitouna en pente vers la place Amrah. Elles attendaient les passants en mauvaises pente pour éclater la bulle de leur chewin-gum signifiant ainsi leurs libérté passagère.

Place Amrah était le passage obligé de tout un chacun de nous qui désirait accéder aux quatres portes deTanger, Bab Haha, Bab Bhar, Bab Assa et Bab Casbah. Cette place était bien connue par la somptueuse demeure Sidi Hosni de la richissime Barbara Hutton que les médias ont surnommés plus tard la pauvre petite fille riche.

Un jour, en compagnie de mon père, on a emprunté ce chemin grêle, mes soeurs étaient habillées en manteau rouge écarlate achetés par ma mère lors de son voyage en Angleterre.

Moi, je suis absent et pourtant j'étais là, je refuse d'avouer ma présence, la culpabilité est insupportable. J'en voulais à mes soeurs car elle riaient, je les sentaient complices de ce qui allait peut être se passer, j'observait mon père, je ne pouvais pas l'arrêter, j'écoutais ce silence pesant qui le hantait, il craignait une rencontre, chaque battement de son coeur raclait la noirceur déposée par l'amertume d'un temps passé encore isolé dans ma mémoire d'enfant, mon corps était  témoin de sa soufrance mais il demeurait muet, les maux qui rongent n'ont pas encore trouver leurs mots, et quand le verbe m'est venu aux lèvres je ne connaissais pas encore la chanson de Barbara Mon enfance qui disait "Il ne faut jamais revenir au temps caché des souvenirs...ceux de l'enfance vous déchirent"
Le corps de mon père s'éloignait peu à peu de sa peau, son affection pour nous s'amoindrissait à mesure qu'on avançait, il avait besoin de toute son animalité pour faire face à cette apparence qui allait soudain déchirer la nuit.
 
La densité de la nuit transfigurait nos ombres, étranglait la lumière des réverbères accrochés sur des murs en décomposition, et s'emparait avec une délicatesse ténébreuse de mon malaise. Dans ces moments, la nuance, la distance de l'ambiance n'existent pas seul le heurt est roi. Brusquement il s'arrêta, la scène est irréelle, le silence est absolue, son flanc gauche s'écartait lentement de derrière le mur pour voir comme d'une lucare........personne........ma mère n'était pas là........sa mère a déja fait la sale besogne.

Ce sont des évènements semblables qui ont transformés ma relation à mon père, elle s'est vêtue d'une parrure de peau écorchée. Lui, était devenu pour moi un morceau de viande qui s'est mis entre les cuisses de ma mère, et moi faute d'avoir mal cacher mes pensées, j'ai perdu son estime. J'écris donc ces traces de vies à l'encre noirci par l'expérience de la vie, bleutée par l'amour à ma nourricière.

Les ruelles sont étroites et ondulantes, l'absence de l'effet de perspective libère le regard pour être saisie de ces mûrs rugueux paints à la chaux colorée et incrustés dans leur masse de bois ouvré faisant usage de porte. Des portes massives, obéissantes à leurs maîtres et indifférentes aux étrangers, parfois ornées d'enclumes et d'un lourd heurtoire en forme d'un anneau placé au milieu.
L'ornement et l'aspect des portes déclinait souvent le niveau sociale des propriétaires des lieux.

Les profondeurs de la médina m'ont appelés pour plonger dans mes souvenirs, pour écouter l'écho de la vie trépidante d'antant, pour enlever le pansement de ma bessure qui n'avait pas guérie.

Je reviens sur les pas de mon père quand il rentrait le soir le coeur palpitant de bonheur de nous revoir.
Je reviens sur les pas de ma mère quand elle venait supplier de la laisser voir ses enfants.

J'avais peur de changer. Mais maintenant la médina reconnaîtra l'enfant qu'elle a consolé.

Je reviendrais......

 
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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

des mots en image

D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

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