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23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 13:10

 

Il m’arrive souvent, comme c’est le cas maintenant, de rester là pantois devant une œuvre artistique qu’elle soit peinte, sculptée ou même écrite.

 

Cette irrésolution momentanée tient du fait que ma disposition d’en parler, aussi ardente soit elle, reste souvent à demeure dans l’anti-chambre de ma conscience, dans l’attente du point de rupture, du choix de l’angle d’attaque, de constituer ce potentiel d’évasion nécessaire pour entrer dans l’oeuvre.

 

Pourquoi je dis cela? Pour la simple raison, et elle est de taille, que je n’aime pas représenter une œuvre mais la présenter. Faire une analyse en m’appuyant sur ce qui a été déjà dit ne m’intéresse pas! Je n’y gagne rien et il y a plus de mal que de bien dans le fait de taire ses points de vue.

 

L'œuvre de Drissi m’a un peu affecté, attristé même, c’est un bon début! Cela m’a pris plus de deux mois à regarder ses créations, j’attendais comme je l’ai écrit plus haut, ce point de ravissement, d'ensorcellement, cet état qui va me transporter vers la création “Drissiènne”. On appelle cet état dans notre langage courant Jedba. (rires)

 

Je vous livre donc ici un certain regard, ce qui m’a touché en étudiant de près les quelques créations de Med Drissi. Pour ceux qui sont intéressés par ce peintre, un livret instructif “Med Drissi, la satire du monde” écrit par Mr Farid ZAHI édité par la collection Marsam.

 

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Ce qui est vrai est-il toujours beau et bien et le laid éternellement cantonné dans le faux et le mal? Cet ordre de valeur est chamboulé, remis en question par les créations de Drissi.

 

Le laid n’est pas l’envers du beau, une erreur ou une déficience de la nature, le laid est un fait naturel autant que le beau. C’est ce que devait ressentir l'artiste à mon avis, c'est ce qu’il veut, entre autres, retranscrire sur sa toile.

 

Son pinceau insécure et tremblant à dessein, peint un corps informe, glouton et adipeux, composé parfois de masses géométrique cubique, un amoncellement de tesson de verre qui fait mal sous la peau, fracture après fracture, rien ne semble venir apaiser le regard du peintre.  Traduit-il le regard d’une société douteuse et trébuchante, intéressée par le sexe et le genre, noyée dans les prescriptions religieuses déclamant du haut de leurs chaires l’impossible quiètude de l’âme? Cherche-t-il, par un fauvisme parfois affiché, à mettre à nu le corps féminin, à conquérir cette bâtisse mythique convoitée par tous les hommes? Les hommes ont-ils vidés ces corps de tout amour ou érotisme pour le réduire délibérément à de la chair cessible et négociable?

 

Voulez vous que je vous dise, je pense que toutes les femmes que Drissi a peintes sont belles, très belles même, néanmoins lors de sa transcription une forme de réalité a surgi de son pinceau malgré lui, une réalité qui exprime aussi bien le mal-être vis-à-vis de la société que de la femme d’elle-même!. 

 

J’ai remarqué, en m’intéressant au dissimulé (Mohammed Kacimi aurait été d’accord avec moi) , que dans plusieurs de ses tableaux les objets ne sont pas représentés et que l’espace est décrit avec simplicité. C’est que l’objet est réversible même dans le temps, c’est à dire qu’il nous est possible d’intervertir sa position comme on veut et quand on veut, ce qui n’est pas le cas pour le vivant. Le corps humain ne peut échapper à la linéarité, à l’écoulement du temps, il n’y a malheureusement pas meilleur support qu’un épiderme jeune pour crayonner et écrire l’histoire d’une vie. Le peintre cherche par conséquent à retirer de la toile tout ce qui est susceptible de nous distraire de la vérité.

 

Le laid ce n’est donc pas de la déviance, de l’imperfection, le laid est le Vrai, le laid est aussi le Bon dans le sens où il nous impose à réfléchir, le bon dans le sillage d’une pensée qui s’emploie à comprendre la dégénérescence, de quoi est-elle le signe, son origine, ses implications. 

 

Par ailleurs, les objets sont en quelque sorte le prolongement de notre corps, une inclination factice portée par une forme de désir. Or ces corps paraissent muets vides d’érotisme! Cette propension à développer le fétiche et le postiche  leur a été  donc soustraite par le peintre. Veuillez donc accepter le Vrai de la laideur telle qu’elle est, nous dit-il, ou circulez il n’y a rien à voir!

 

Souvent aussi, j’ai relevé que le masculin, l’homme, n’est pas suffisamment représenté. Je pense que le masuculin n’est pas laid mais il pointe vers la laideur la signifie et c’est encore beaucoup plus grave! 

 

Je vous donne un exemple: Imaginons que vous êtes à table, vous dégustez un bon plat de couscous aux sept légumes et qu’à la deuxième pelletée, avant de porter la cuillère à votre bouche de ce ravissant Seksou, vous y découvrez dessus bien en évidence une patte de cafard! ou simplement vous avez en mangeant un cheveux dans la bouche! Beurgh!!!!.

 

Alors le repas n’est pas laid certes, mais c’est vraiment dégueulasse, dégoûtant! Les hommes peuvent ne pas être laid même beau, en revanche leurs actes et manières les rendent abject et ignominieux! Donc la laideur masculine on ne la représente pas, on la dénonce! c’est un rapport du masculin à son environnement, à sa culture, à sa société et non pas à son corps. Socrate était affreusement laid mais sa philosophie a éclairé tous les siècles.

 

Cette approche, parmi tant d’autres, est le fruit d’un simple désir celui de vouloir incarner mes pensées, leurs donner corps, ainsi par moment je pourrais les revoir, les visiter et surement  les améliorés. Ici la laideur ne représente pas la griffe temporelle de l'existence sur le corps humain, non je la vois comme plutôt une souffrance morale, un mal-être que chacun à sa manière pourrait développer s’il le souhaite.

 

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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 08:00

 

La trace noir, souvenir d’un conflit?

 

Quand je regarde cette toile de Chebâa il me vient à l’esprit l’image d’un milieu de culture, un phénomène osmotique en gestation, les gestes simultanés du peintre.

La synchronisation des couleurs en traits unicellulaire semble être soumise à un mouvement circulaire inscrit sur la toile sans préméditation du peintre.

L’homme est à l'œuvre mais il ne le sait pas encore, la création est un moment ésotérique où la compréhension cède souvent la place à la sensibilité.

Le peintre a certes médité son acte, pourtant le surgissement de l'œuvre est au-delà de toute explication causale.

 

                     * * * * * * * * 

  

Bien que je sois natif de la ville de Tanger, mon parcours et mes pérégrinations dans la vie ne m'ont pas accordé, hélas, l’occasion de connaître le peintre Mohamed Chebâa. Il faut dire qu’une génération ou presque nous sépare. N’empêche, notre ami peintre était aussi doublé d’un fin pédagogue et dès lors les traces, croyez-moi, il en a laissées aussi bien sur la toile que dans les esprits.

 

Mon propos dans cet écrit, en dehors du fait que le but recherché dans tous mes articles quel qu’en soit le sujet est de m’appliquer le plus fidèlement possible à traduire mes propres sentiments,  n’est pas d’exposer ou de raconter encore une fois avec des mots différents l’histoire de l’art contemporain marocain, loin s’en faut, ni de rappeler la biographie de notre ami. Il existe du reste plusieurs publications heureusement abondantes sur ce thème. Il demeure néanmoins utile parfois de connaître la différence entre les quelques formes d’expression artistique telle que par exemple l’abstraction géométrique et lyrique. 

 

Utile ai-je dis? Quelle chute!!! il n’y a pas de mot plus abject que celui de l’utilité, mon dieu faites à ce qu’on ne soit jamais utile mais simplement bon pour nos semblables! Mais qu’avons-nous à faire de l’utilité!!! Nous sommes d’abord des êtres doués de sensibilité, nos émotions, affections, nos joies, nos serrement de coeur c’est tout ce qui nous appartient, c’est exclusivement de quoi nous avons besoin pour apprécier, laissons alors l’utilité aux objets, ils ont un avantage qu’il vaut mieux ne pas convoiter c’est la servilité, l’usage, la fonctionnalité, la figurabilité, l’accessoire et la futilité, bref l'UTILITÉ, ils envahissent tellement nos espaces que rapidement on les oublies.

 

Il est clair par conséquent que vouloir accéder à la connaissance uniquement par la voie de l'intelligibilité sans faire preuve de sensibilité ne pourrait que nous égarer, c’est la perdition assurée.

 

Maintenant revenons à nos moutons. Eh bien, Mohamed Chebâa m’a remis les pendules à l’heure, même outre tombe il ne s’en est pas gêné, croyez-moi il a de quoi!

 

En effet, j’ai crié par-dessus tous les toits qu’il m’était difficile de comprendre l’art contemporain marocain, en particulier l’art abstrait ou expressionniste pour lesquels je garde un intérêt certain. Par ailleurs, les publications, catalogues et ouvrages traitant le sujet, n’étaient pas en reste à force de manier un style, un vocabulaire abscon et alambiqué lequel, pour tout spectateur ingénu, ne facilitait pas la tâche à qui voudrait se saisir de l'œuvre. Mon esprit demeurait piégé, cerné par cette muraille aveugle dénuée de toute meurtrière ou seulement d’un pan de mur ajourée!!.

 

A l’opposé, et ce qui m’irritait en réalité, c’est que l’art occidental n’était pas fermé! La littérature foisonnante qui existe dans ce domaine, la parole simple et naturelle qui accompagnait les œuvres, rendaient visible ou presque tous les mystères qui aux premiers regards paraissaient insaisissables. Cela, certes, m’offrait les moyens pour vaincre les déroutants sentiers qui s'acheminent vers une meilleure prise de l'œuvre, pourtant je ne me sentais pas encore suffisamment outillé pour comprendre les miens. Quelque chose manquait, allait de travers et je ne savais pas encore ce que c’était!. Finalement, accepter le cadeau des Grecs devenait de plus en plus évident comme le dernier recours pour m'affranchir de cette muraille!

 

Deux sources m’ont permis d’enjamber ces difficultés et d’embrasser une fois pour toute et construire la paix avec mon identité artistique: Entretien avec Mohamed Chebâa au Numéro 7 & 8 de la revue Souffles du 4ème trimestre 1967 consacré aux Arts plastique au Maroc et Entretien avec Mohamed Chebâa en 2007 dans l'extraordinaire livre de Kenza Sefrioui “La revue Souffles - Espoirs de révolution culturelle au Maroc” Edition Sirocco 2013, je citerai pour sa vérité l’entretien de Zakya Daoud avec Farid Belkahia dans la revue Lamalif n°117 Juin-Juillet 1980. Aussi dois-je souligner l’apport important de Mme Rachida NACIRI dans son ouvrage “L’abstraction Lyrique en peinture. Quelles philosophies.” Un essai dédié au peintre Abdelkébir Rabi’ qui m’a permis d’approcher l’art abstrait moyennant la philosophie. Je pense sincèrement qu’en dehors du sensible seul la philosophie peut nous aider à comprendre.

 

L’art arabo-musulman traditionnel s’est toujours manifesté par une pensée purement plastique. Il n’y avait aucune confusion entre pensées plastiques et pensées littéraires. Cet emmêlement des pensées est apparu en Europe à l’époque de la Renaissance. 

 

Par ailleurs, notre art est un art intégré, intégré à l’espace, au monde dans lequel nous faisons notre vie et désirons honorer le présent à la fois comme un réceptacle à nos diverses questions sur les principes premiers de la création, sur notre intérieur mental, spirituel. 

 

Il ne s’agit donc plus d'interpréter  un événement, de raconter un fait, en somme d’approcher l’oeuvre par des commentaires littéraires, mais plutôt de questionner le geste créateur le plus simple, le plus insignifiant au moyen duquel l’être humain s’enquit du sens de sa vie et qui, à force de répétition et de maîtrise, ce qui lui semblait au début absurde et vide de sens, commence alors à paraître fondamental, nécessaire peut-être même élémentaire. 

Les occidentaux sont hantés par la compréhension, dans le sens où le mot voudrait dire “saisir par la pensée” (intelligibilité) alors que les orientaux par une étymologie plus précise “saisir par la main” (Sensibilité). En effet le mot compréhension est constitué du préfixe “com” qui veut dire “avec” et le mot "préhension'' c'est-à-dire action de saisir avec la main.

 

Pour clarifier cette idée, je souhaite, dans l’encadré ci-dessous, effectuer  une toute légère digression historique des idées que plus tard il serait, à mon avis, intéressant de développer:

 

C’est d’abord le fait qu’Aristote, bien qu’il ait été le disciple de Platon, ne partageait pas avec ce dernier sa théorie des Idées. Ensuite, alors que Platon est parti enseigner dans les universités européennes de l’époque, son disciple Aristote, précepteur d’Alexandre le Grand, s'établit dans la partie orientale entre l’Anatolie et la Grèce. Ce choix de résidence a été déterminant dans son influence sur les penseurs byzantins puis sa pénétration du monde musulman par son influence des grands philosophes Arabes, tel AL-Kindi, Al Farabi, Avicene, Averroès…. (Pour plus d’information voir Wikipédia).

 

D’autre part, sur cette fresque de Raphaël on voit bien Platon pointant le doigt vers le ciel symbole de sa croyance dans les idées (Intelligibilité) et à sa gauche Aristote tournant sa paume de la main vers la terre symbole de sa croyance dans l’observation empirique (Sensibilité). (Source Wikipédia).

 

Ces remarques m’ont diversement amenées à penser que notre frottement avec les idées aristotéliciennes nous a conduits à être beaucoup plus proches de la terre que du ciel. (aucun amalgame religieux).

 

C’est ainsi qu’il m’arrive souvent, dans mes promenades à la Casbah de Tanger, de jeter de long regards au minaret des mosquées, ses façades lustrées par une ornementation poly ou mono chromée, une ascension du même geste, d’une même harmonie qui, à force de la regarder, finit par refermer le spectateur dans une sorte d’espace-temps clôt, à l’isoler consensuellement du monde, le pousser à se saisir de l’instant.

 

Il est par conséquent clair que l’artisanat, nos expressions traditionnelles qui prennent forme que ce soit dans les mailles des tapis de Taznakht ou de Zemmour, dans le travail du bois noble, le stuc ciselé des maisons traditionnelles ou de la céramique, dans les fibules et les bijoux de nos mères  sont en réalité une singularité de l’Art marocain, une cristallisation de l’art en signe et pas seulement des éléments décoratifs pour emplir l’espace. 

 

Cette prise de conscience devenue projet fût le cheval de bataille de Mohamed Chebâa, une nécessité vitale d’agir au-dedans du contexte social pour cicatriser notre rupture et renouer avec l’art traditionnel. Non! Une œuvre plastique n’est pas forcément une peinture ou une image qu’on insère dans un cadre et l’apprécier ensuite. Cela avait un nom bien évident selon Chebâa c’est le conditionnement esthétique, une déviation de notre sensibilité, [...] Le conditionnement a fait que le public s’est habitué à une certaine manière de lecture du tableau. Le public ne voit plus, il déchiffre les objets et les événements [...] puis un peu plus loin dans son entretien avec Souffles [...] La découverte du tableau a été assimilée par notre public à la seule forme picturale moderne [...]

 

Mohamed Chebâa reste pour moi l’homme par qui le positionnement de notre art par rapport à celui de l’occident est arrivé. A l’école des Beaux Arts de Casablanca, il accompagnait souvent ses élèves, selon son entretien avec Kenza Sefrioui, pour leurs faire visiter les Medersas et les amener à découvrir cet art, cette expression plastique nationale loin de toute représentation figurative ou commentaire s’y rapportant tout en précisant que c’est l’abstraction qui a toujours  témoigné de l’esprit et de la sensibilité arabo-musulmane.

 

Je conçois parfaitement qu’il est difficile d’arracher les gens à leur confort intellectuel et visuel seulement le consentement à la facilité rend difficile tout approfondissement de la réalité comme aurait dit Belkahia puis, lequel de nous accepterait d’oublier son identité artistique? Qu’est-elle? D’où vient-elle? 

 

Le but recherché n’est pas celui de mettre en exergue les différences mais d’arriver à distinguer les cultures à les démêler les unes des autres sans jamais les séparer. En cela créer des œuvres-positions ou situées a toujours été la seule réponse de Chebaâ.

 

Pourtant une nouvelle vague arrive, déferlante par ses artistes, puissante par leurs conceptions rebelles de l’art contemporain marocain, des créations signées Safaa Erruas, Yeto Barrada, Ymane Fakhir, Mounir Fatmi, Amina Benbouchta, Mohamed El Baz, Je vois une promesse dans leur sillage. 







































 

 

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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 09:43

Sans titre Gouache sur papier marouflé sur isorel

 

 

 

 

 

 

 

La nature et la vieillesse 

Peinture sur papier Juillet 1972

 

 

 

Un monde magique gouache sur papier 

 

 

 

 

 

Parent d’un inconnu peinture sur papier

 

 

 

 

”Je n’écris pas parce que je sais mais parce que j’aime”

“Bien qu’il soit assis à Sidi Mnari contemplant ainsi toute la ville de Tanger, le regard de l’Etranger restera à jamais inachevé, je suis cet Etranger!”

 

 

- Mly Ahmed Drissi a ses habitudes au café La Dolce Vita à Rabat si tu veux le voir.

- Comment le reconnaître? A-t-il un signe particulier, distinctif?

- Tu demandes au garçon de café et efface moi cet air hautain, ce chapeau style européen qui fait appelle à une mémoire qui n’est pas la tienne. Tu n’as pas de calotte? (rire)

- Je ne connais qu’un seul habit propre au marocain, en particulier ceux du nord comme moi, c’est la balgha! Djellaba ou Jabador et tête rasée. En portes-tu! Non. Alors soit gentil envers ma paille de palmier!

- Bon, Mly Ahmed n’aime pas les arrivistes, ceux qui se proclament marocain alors qu’ils sont, sans le vouloir bien sûr, le réceptacle du néocolonialisme et de sa continuité, ils n’ont pas encore compris que progrès et civilisation n’est pas occidentalisation.

- Mais je vais parler peinture pas de ma mise enfin!

- Écoute, toi tu n’es pas de son monde et lui il n’est pas du tiens alors fais ce que je te dis!

- J’ai apporté une forme de monographie de sa peinture naïve.

- Malheureux! tu viens de commettre l’impair le plus impardonnable qui soit!!

- Mais enfin quoi encore ?!

- Ne prononce jamais devant lui ce terme de naïf, c’est une forme de mépris et de dénigrement commis à son égard! bon dieu d' bon dieu, je pense que tu n’es pas encore prêt à le rencontrer, tu as vraiment besoin d’un long débriefing, Mly Ahmed a un tempérament coléreux il le sait, c’est une main énervée nonobstant sa peinture est appréciée.

- Il n’y a pas de mal à qualifier une forme d’art en Art naïf, c’est une simple appellation pour établir une certaine distinction entre les divers styles picturaux, c’est tout! tiens! Frida Kahlo me vient tout à coup à l’esprit, elle aussi est un peintre naïf, le savais-tu?

- Le problème ne réside pas là, ce n’est pas une question de classification mais de cantonnement forcé de l’art marocain dans le cadre d’une peinture spontanée. Et pour ton information, Frida Kahlo est répertoriée dans l’Encyclopédie Mondiale de l’Art Naïf, ce n’est pas le cas pour Mly Ahmed, pas plus du reste que les autres artistes marocains pour la simple raison que le Maroc n’y figure pas du tout! Vas-y savoir pourquoi!!

- Oui, je comprends, mais tout art, disons, prend naissance dans la forme et la couleur, c’est universel, l’évolution artistique vient progressivement.

- Sais-tu que Mly Ahmed est né en 1924 sous le règne du Sultan Mly Youssef Ben Hassan qui a exercé sa fonction dans la tourmente du protectorat français et espagnol? Un peuple dominé aurait-il la prétention d’élever son art à celui de l’agresseur! A peine avait-il fait de considérer son art sous un angle interprétatif et symbolique que voilà déjà les préjugés coloniaux qui viennent barbouiller son travail pour le limiter stricto sensus à une œuvre purement descriptive et inventoriée. Toute sensibilité artistique qui sortait du canevas étroit mis en place par les coloniaux était tout simplement objet de moquerie et de rabaissement. Je te rappel pour mémoire le texte d’Albert Memmi dans son livre “Portrait du colonisé”:”...On a déclaré au colonisé que sa musique c’est du miaulement de chat, sa peinture du sirop de sucre, il répète que sa musique est vulgaire et sa peinture écoeurante”. Comprends-tu maintenant?

- Alors de quel mouvement se réclame t il?

- Celui de l’égarement.

- Comment ça, peux-tu m'expliquer?

- Décidément je vois que ta caboche est pleine de vérités établies par les autres! Mly Ahmed préfère plutôt s’égarer dans son art que d’emprunter l’ordre et la raison d’autrui. Il a dit par ses propres mots “à quoi bon de peindre ce que tout le monde peut voir? Je veux peindre ce que je suis seul à voir pour le faire partager aux autres”.Écoutes, l’art est un ressenti, une émotion, on peint avec ce qu’on a dans le ventre ou le cœur, bref les entrailles mon garçons, tu dois en avoir parce qu’il me semble que ce n’est pas assez costaud là-dedans! Mais dis donc toi! Pourquoi veux-tu le rencontrer?

- A vrai dire je regardai les tableaux de Mly Ahmed avec une certaine indifférence, mais quand j’ai lu l’hommage que lui a rendu Hocine El Kasri dans Pro-culture n°11, un regard cette fois consensuel s’est éveillé en moi. Je dois dire que c’est un peintre révolutionnaire à son époque car il a su porter sur la toile ce qu’il ressentait au fin fond de lui-même. Je vois clairement maintenant pourquoi il a été considéré comme un peintre marginal et maudit, et cela pour la simple raison que lui, contrairement aux autres, il a su afficher son ressenti sur le tableau, passant ainsi du descriptif à l’interprétatif, à donner un sens à l’oeuvre, ce qui à son temps était inacceptable dans la conception occidentale.

- Bien dit. Ses tableaux en effet racontent, produisent une vérité, une forme de pérégrination au sein de sa mémoire, une composition de couleur dont le seul but est de témoigner d’un certain vécu qui était le sien, d’en prolonger en quelque sorte la naration. Sa mère le mettait souvent à l’abri des regards indiscrets de peur que son activité ne vienne profiter à quelques mauvaises langues. Elle tolérait aussi, sans aucun doute, que son fils prenne un peu de sa teinture qu’elle préparait pour colorer les fils de laine nécessaires à ses tapis.

- Les études actuelles portent-elles un autre regard sur cet artiste?

- A vrai dire je ne suis pas plus avancé que toi, mais je vais risquer quand même une explication. A l’introduction de la revue souffle n°7&8, Abdellatif Laâbi a écrit ceci au paragraphe sur “L’Idéologie coloniale et l’Art marocain” :....les études qu’on considère aujourd’hui comme magistrales et comme matière de base ont été surtout descriptives rarement interprétatives ou exhaustives…(...)...Dans les rares synthèses réalisées, seuls les aspects historiques et sociaux sont relativement étudiés en détail, les aspects symboliques , plastiques ou visuels furent très peu explicités” Il ajoute ensuite que c’est pour cela que la bibliographie de l’art marocain se compose surtout de catalogues et de recueils inventoriels. Par ailleurs, dans la même revue, Belkahia, Chebaa et Melehi n’y sont pas allés d’une main morte dans leurs débats au sujet de l’art naïf. Consulte ces textes, ils sont disponibles à la Bibliothèque Numérique Nationale(*). Je dois toutefois préciser un point important. Dans la forme le style de Mly Ahmed paraît comme étant naïf, je te l’accorde mais dans le fond il ne l’est pas du tout, alors vraiment pas du tout. Pour te conforter dans ce que j’avance et cela est ma propre conviction, l’inspiration de Mly Ahmed n’est pas de source populaire, elle vient du fonds de son vécu. Dans ses tableaux les questions sont nombreuses et balaient des thèmes aussi vaste que la spiritualité, le religieux, la tolérance, l’autorité, le mystère, l’identité et l’homme face au monde.

- Je me demande de quelle blessure il est le récipiendaire qui l’a poussé ainsi à réaliser un art thérapie. Il n'y a pas suffisamment d’écrits sur l’art à ce sujet, mais cela reste quand même un patrimoine national qu’il est nécessaire de revivifier et cela incombe à tout un chacun aussi bien public que privé!!

- Khalil M’rabet, dans son livre “Peinture & Identité”(*), à la page 51 a rendu un témoignage émouvant à Mly Ahmed Drissi.

- Crois-tu que Mly Ahmed pourrais me dire par exemple pourquoi ses équidés sont souvent étirés, sous les djellabas y a t il eu toujours des hommes ou quelquefois des djinn?

- Bon, trêve de plaisanterie, vas-y avant qu’il parte et fais moi un retour. Au revoir. ……..Salaud!

 

 

(*) cet astérisque signale les anachronismes introduits dans le texte.

 

 

 

 

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4 décembre 2021 6 04 /12 /décembre /2021 08:53

 

Hakim Ghailan - L’arbre de vie - 2005

 

Écoutez, je suis fatigué, las de chercher, je veux avoir l’esprit de mon âge. Pourquoi agiter ce qui naturellement doit tôt ou tard décanter, mon tamis d'orpailleur a vieilli, bientôt la pesanteur aura raison de ma verticalité, de mes muscles zygomatiques. Je désire ardemment marcher vers l’estuaire là où se jetteront dans un temps proche et inéluctable tous les cours d’eaux qui ont jadis creusés le lit de ma rivière, écouter chanter l’onde azurée, toucher le limon du temps, de la durée, de l’ardeur, de la fraîcheur, du jour et de la lumière, de l’évanoui, du disparu, du corps et de l’éreinté, des ténèbres quand je regardais par ma fenêtre les étoiles et la constellation d'Orion, alors pourquoi devrais-je avoir peur de la nuit.

 

Je marche, vois un monticule de terre argileuse, m'assois dessus, regarde tout autour et aperçois une pépite d’or, le faît orienté vers le sud  pointant mes origines africaines, mon peuple, ma demeure à jamais. Cette trouvaille était en fait une satisfaction, car sur cette petite masse aurifère il était écrit “”Qui n’a pas l’esprit de son âge, de son âge à tout le malheur.””C’est encore un écrivain du 18ème qui nous dit la vérité. Finalement seuls les disparus disent vrai, les vivants quant à eux, en dehors du faux-semblant, sont plein d’ennui.

 

Au fil de mon errance, je rencontre un semblable qui marche dans le sens opposé, me regarde intensément avec des yeux mouillés, m’adresse ces mots d’une voix triste et voilée : “”tu vas vers l’estuaire mon ami? Tu as vraiment de la chance! Regarde, moi à force de vouloir tout démontrer, analyser, prouver, à fréquenter les rationnels et les têtes bien pensantes j’ai fini par m’en éloigner. Accepte ce conseil, ne fréquente plus les gens cohérents, rationnels, c’est mauvais pour ton cœur et ta santé.

 

Car la cohérence est une maladie comme disait Fernando Pessoa, je suis rentré chez moi émoustillé par les paroles de l’inconnu  et organisé un banquet, un festin pour les fous, les discordants et les confus!!.

 

Le lendemain, après une orgie parolière dadaïste, animé par un comité soixante-huitard remettant en cause toutes les conventions d’un esprit sain, je me suis éveillé à l’idée que c’est le vestibule de la folie qui mène à la raison, celui du déséquilibre à l’équilibre. Ne dit-on pas que l’erreur est corrélative à la vérité?. Il y a du divin en l’homme mais ce divin il ne peut aller à sa rencontre que par des chemins parfois alambiqués, des approches ou des idées opposées. N’est-ce pas qu’on ne peut accéder au chemin du souvenir que par les lacets de l’oubli? 

 

C’est l’expression de cette idée que je pense avoir pressenti dans l'œuvre de Hakim Ghailan, elle m’a accroché au premier regard. Mon critère pour qu’un objet, un paysage, une œuvre et même une conversation puisse venir et soutenir mon attention est d’avoir en germe à la fois du vrai et du faux, du beau et du laid, de l’effort et de l’abandon. Je me rappelle d’une scène d’un film qui avait retenue mon attention. Le film est Blade Runner 2049. Le personnage désirait savoir s’il était un être humain ou une machine, il avait des doutes. Il s’est approché du préposé à cette opération et lui a demandé: “” Comment pouvez-vous connaître la différence?”” Le technicien lui répondit clairement: “” un être humain a des pensées et une locution souvent désordonnée ce qui n’est pas le cas pour les machines””

 

Le cinquième triangle est en déséquilibre par rapport aux autres. Une discordance qui a donné de l’agrément à cette gravure, belle à mes yeux. Il est possible aussi de voir dans cette œuvre la volonté d’aller de l’avant à condition de dépasser l’entorse du cinquième élément qui est un nombre canonique dans nos pratiques cultuelles. Là je vois le talent d’un artiste qui cherche à développer en nous une pensée bien qu’elle soit éventuellement en désaccord avec la sienne.

 

Parce que l’être humain est une manifestation, une fable, un miracle certainement, tout ce qui nous arrive de fâcheux ou de désagréable nous apportera tôt ou tard son lot de joie et c’est l’essentiel. Je me souviens un jour que j'étais au café de la place des nations à Tanger, je lisais avec fascination Sexus le tome I de la trilogie de la Crucifixion en rose de Henry Miller, un écrivain majeur du 20ème siècle. J’étais transporté par cette lecture, mes yeux mangeaient, mâchaient les mots, étaient barbouillés du style lumineux, envoûtant de l’auteur, propulsé à mille lieues de la place où j’étais, je me sentais en orbite autour de la terre ayant pour foyer le livre quand soudain un homme vieux assis à une table derrière moi se mit à ronfler!! Ah! Quelle horreur, ah mon dieu quelle abjection d’être jeter ainsi dans le poids massif et sordide du réel, arraché à mon extase, ah! le salaud, AAAAAh! le salaud!! il m’a enfilé une de ces grosses paire d'haltère aux chevilles, cette souffrance délirante d’être élevé au ciel puis de retomber sur terre à cause d’un ronfleur, de ressentir de surcroît la densité lente et atroce de l’existence!! Mon sang ne fit qu’un tour et ma colère éclata, le garçon arriva, s’excusa d’avoir mis trop de verveine dans le thé du vieux, tout se mêla alors dans ma tête, je maudissais la généalogie métaphysique de l’homme, l’inflorescence androgyne qui l’a mis au monde, sa mère, son père en prenaient autant, les gens me donnait des tapes sur mon épaule pour me calmer, les injures les plus sordides fusèrent de part et d’autre et enflammèrent le café, les gens me traitaient d’ irrespectueux, car je lisais le texte des infidèles alors que le ronfleur était un homme pieux en djellaba!!! (je n’ai rien dit) - Maintenant j’en souris.

 

Tous ces mots pour me convaincre que l’être humain est un phénomène, une singularité, une épiphanie, une apparition. La vie est cela je pense et je ne peux que la montrer, laisser voir, mais jamais m’aventurer à la démontrer.

 

Je ne peux pas dire que le cerveau sécrète la pensée comme le foie la bile car le cerveau est l’instrument de la pensée, nullement le contraire.

 

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18 novembre 2021 4 18 /11 /novembre /2021 09:26

Hassan Glaoui

Je suis de mauvaise humeur ce matin, j’ai envie de donner corps à des phrases assassines, du genre par exemple pour apprécier une œuvre il faut absolument être injuste, déloyal, affamé de nuances et habile!

 

Est-ce que je suis souffrant? Non, non rassurez-vous, ce sont des mots qui m’ont été murmurés par contumace, venant d’un ami d’outre-tombe suite à son refus de troquer le 19ème pour le 21ème arguant que les profanes de ces temps sont perdus sur les routes de l’art ne sachant ni où il commence ni où il fini.

 

En effet, Charles Baudelaire disait “Pour être juste, c’est à dire pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c’est à dire être faite à un point de vue exclusif mais un point de vu qui ouvre le plus d’horizon” 

 

Je me demande ce qu’il penserait de notre espace artistique marocain du point de vue de l’approche critique professionnelle, universitaire et non de celle de nos peintres. Certains, peut-être, n’ont pas encore vécu ou partiellement ce schisme qui sépare l’art de l’artisanat, cette mue, cette chrysalide qui est le point de rupture entre passé et présent. Mais penser avec la main c’est quelque chose de formidable! n’est-il pas juste que l’étymologie du mot “compréhension” est constitué du préfixe “com” qui veut dire “avec” et “préhension: prendre par la main”. Toucher la matière est la quête de nos engrammes, ces traces ces empreintes colorées d’un héritage mémoriel, technique et esthétique qui n’attend en fin de compte qu’une forme de réminiscence, un renouveau au sein de la contemporanéité.

 

 

Maintenant avançons un peu et voyons à partir d’une check list si je suis qualifié pour discourir sur ce thème, vous avez bien le droit de le savoir:

 

  • Suis-je un critique d’art: mon dieu non! faire du journalisme consumériste, obéir à la doxa dominante qui pèse et masque par ses circonvolutions un esprit critique réel, jamais! D'ailleurs les médias actuels ne sont pas des revues d’art mais uniquement des magazines dépendants de leurs annonceurs. Par tous les saints!!!! ils n’ont rien à voir avec la revue Souffles!! (lien de la revue à la BNRM)

  • Est-ce que je pratique La critique d’art: malheureusement non. Je ne me trouve pas au sein d’un réseau multidisciplinaire où se croisent l’histoire, l’histoire de l’art, l’anthropologie, la sociologie, l’esthétique, l’iconologie….etc.

  • Suis-je un connaisseur: Non plus. Je n’ai pas suffisamment fréquenté les artistes, je ne suis pas galeriste et chez moi, je n’ai que de pâle reproduction! Parfois, comme vous, je regarde le Net et je soupire.

 

Vous êtes déçus je sais, vous pensez même qu'une société qui n’est pas guidée par ses philosophes est trompée par ses charlatans. Mais détrompez vous et permettez-moi de vous rappeler que je ne suis pas platonicien, mon doigt ne pointe pas l’Idéal mais plutôt la terre comme celui d’Aristote. En d’autres termes j'essaye de percevoir intelligemment, nous sommes tous dans une même et unique réalité certes, seulement mon approche du Beau est réalisée d’une manière beaucoup plus immanente. Je ne ferais jamais, par conséquent, l'impasse sur mes propres sentiments. Accepter d’être infidèle à soi pour appuyer une quelconque théorie c’est de la folie!!. Je suis donc membre de l’Ordre des Passionnés Silencieux, ceux qui promulguent que tant que le verbe est modéré, habile, mesuré et le regard acéré, le cœur nous fera  toujours don de la vérité. Quand je regarde un tableau je peux avoir du plaisir comme du déplaisir ou en être indifférent, cette appréciation il m’est possible de l’échanger avec autrui mais fort impossible de la partager parce que c’est une émotion privé. Par conséquent une critique normative, fût-elle largement acceptée, ne peut expliquer à elle seule une œuvre d’art.

 

 

Donc il y a Le critique d’art et La critique d’art, le premier médiatise l’art et le socialise la seconde pense l’art. Khalil M’rabet, peintre, écrivain et universitaire marocain a suffisamment détaillé cette problématique et plus encore dans son article à Horizon Maghrébin "Écrits en amont pour une tradition moderne” que je mets en lien. J’y reviendrai dans les prochains articles.

 

Maintenant, pourquoi Hassan Glaoui. Eh bien c’est simple!

 

Je me suis intéressé à un document universitaire, intitulé “La peinture marocaine au regard de l’autre” établi par Ikram ALAMI de l’Université Sidi Med Ben Abdellah de la FSLH-Fès (je mets en lien le document). Au 2ème paragraphe de l’introduction je lis ceci: (ce texte est un commentaire sur le livre d’Alain Flamand du même titre. Ce dernier enseignait l’art au Maroc à la fin des années 60 début 70).  

 

“.......Alain Flamand affirme, dans son texte, que la peinture marocaine n’est que l’héritière d’une peinture occidentale qui a connu, entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème de nombreuses révolutions….

 

Il n’en fallait pas plus pour me faire sortir de mes gonds! Alors en quoi l'œuvre de Hassan Glaoui est héritière d’une peinture occidentale??. En 1963 il participait déjà à une exposition collective à la galerie Charpentier à Paris nommée “Deux mille ans d’Art au Maroc” !!!

 

Quand j’ai vu pour la première fois ce tableau j’ai cru que c’était un morceau de pierre marouflé par un dessin rupestre que l’on trouve sur les plateaux de Figuig-Ich là où les hommes racontent, moyennant la pierre, leurs vécus. L’oeil écoute parfois, elle ne peut être sourde au récit de notre mémoire ni à notre patrimoine artistique.

 

Mais ne soyons pas partial, laissons Alain Flamand nous présenter l'œuvre de Hassan Glaoui. A la page 83 du Dictionnaire des Artistes Contemporains du Maroc de Dounia Benqassem, A.Flamand témoigne: “Hassan Glaoui sait peindre, mais encore chez lui le métier n’étouffe jamais la poésie…(et un peu plus loin)....il rend plutôt un climat, une atmosphère, le mouvement, la chaleur, la poussière, la lumière la couleur….”

 

Il m’est bien difficile de conclure, c’est un sujet vaste qui nécessite plusieurs savoir et compétences, je me remets cependant à la légende amérindienne du Colibri. Alors si je vous entends dire “Tu n’es pas fou!! Ce n'est pas avec ces quelques mots que tu vas clarifier et contenter les personnes assoiffées de culture artistique!! Eh bien je vous répondrai “Je le sais, mais je fais ma part!”

 

 

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1 septembre 2021 3 01 /09 /septembre /2021 19:01

                                                                  L’Ocre (ocre et rouge sur rouge) 1954

 

 

L’œuvre de Mark Rothko vous fait face.

C’est un tableau en quelque sorte totalitaire.

La première couche de peinture presque invisible est rouge, rouge éclatant, sans faille ni hésitation, une mécanique sans âme,

Elle est comme cachée par une couleur ocre, brumeuse,  cette fois la main est indécise, humaine,

N’y chercher rien, pas de symbole  image ou figure qui pourrait vous rassurer,

Il n’y a rien c’est comme un cercle sous forme d’un carré, aucun point ne vous abritera,

C’est une œuvre déroutante, vous n’avez pas le temps d’installer quelque habitude, vos habitudes de regarder un tableau ou bien cela peut-être ne vous est-il pas permis,

Pas de compromis entre le spectateur et cette peinture, c’est tout ou rien,

L’artiste n’est pas sommé d’expliquer ou de faire comprendre,

C’est au spectateur de s’adapter s’il se donne le temps,

C’est un éclat de feu et d'épiderme soit on regarde, soit on part,

Si le tableau vous parait inaccessible partez je vous prie,

Si l’œuvre, pour vous, ne présente pas tous les aspects pour aimer une création alors partez je vous prie ne rester pas là,

Cette peinture selon vous est abstraite, son rendu est nul car il n’y a aucun élément figuratif quelque signe auquel vous pouvez vous accrocher,

Ce qui est possible c’est de patienter d’entrer en contact avec ce tableau, si l’échange s’établit sous forme de dérangement, de déstabilisation alors vous êtes sur la bonne voie, l’œuvre ne peut être accessible que par approfondissement successif disait Kandinsky.

Regarder un tableau est une expérience intérieure qui vous appartient à vous et à personne d’autre, ce n’est pas une méthode mais un sentiment intérieur, difficile à transmettre c’est pour cela qu’il est à vous et à personne d’autre.

Si par contre rien ne s’imprime en vous c’est le signe qu’il vous reste des choses à accomplir : vous défaire de la jouissance immédiate, de l’éphémère, de votre attachement aux apparats de la vérité,

Cherchez-vous peut-être un petit manuel accroché aux bordures du tableau à consulter pour comprendre,

L’artiste n’y est pas forcé, il a changé, bouleverser la façon de communiquer d’un artiste,

C’est lui qui choisi ses spectateurs,

Sachez que l’auteur met en cause votre regard, votre conscience esthétique commune,

Vous voulez imposer à l’artiste vos valeurs esthétiques qui ne sont que le produit de la morale grossière et banale,

Il y a décadence du regard pas celui de l’art.

 

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 22:26

 

 

Zaouia Derkaoua           Photo 003

        Zaoui Derkaoua (Asilah)                     Rencontre de surfaces (Asilah)

 

yves-klein-blue            Fente de Lucio Fontana

              Bleu de Yves Klein                                 Fentes de Lucio Fontana

 

Quelle dissemblance y-a-t-il entre l'indifférence et le déttachement?

L'indifférence est un bleu claire, le déttachement ou le lâcher-prise par contre est un bleu profond qui vient d'en dessous des iceberg.

Arrêtez-vous devant un espace bleu, la mer, le ciel ou une quelconque dimension de cette couleur et demandez une réponse. Vous n'en recevrez aucune, rien n'en sort tout est contenu en elle, c'est l'infini, vous êtes cette réponse. Le saviez-vous? bien sûr que oui, mais vous avez fait ce même choix de vous taire pour mieux éprouver cet absolu qui germe en chacun de nous.

Chaque jour nous sommes assaillit d'images, de forme, de mesages publicitaires, chaque jour nous engouffrons quantités de couleurs chargées de suggestions mais une seule demeure honnête avec le pouvoir de nous reposer.

Le bleu est le pays de ma vie, je le prends et ne laisse rien pour demain. Le bleu est le pays du rien, du rien profond comme aurait dit G.Bachelard.Le bleu est le pays où ma pensée devient muette pour laisser mon coeur réfléchir.

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 19:31

 

Paul-Cezanne-Nature-morte-25126                    

                                         Paul CEZANNE                                                                      Van DIJICK                                                         

 

Est-elle morte ? Je ne pense pas, elle est bien plus vivante que vous ne pouvez le croire.


Je regarde ces deux fresques et déjà l’aspect roturier et noble des tables s’impose à moi, l’épaisseur des meubles, la grossièreté des motifs puis la finesse des nappes et la subtilité du thème. 

L’une mal épanoui reléguant les hommes dans une longue absence, peut être sont ils dans les champs rudoyés par le labeur de la terre, aucune miette sur la table les fruits exaltent leurs solitudes, presque incomestibles, préservés du désir, ou peut être qu’il n’y pas du tout de plaisir, juste la peine du temps, ses revers. Quand le changement est incertain les objets se déploient alors dans une majestueuse et dramatique présence. 

L’autre exalte l’opulence, car les hommes ne sont pas tous égaux face à la vie. Ses convives ne sont pas loin, peut être qu’en restant là à observer vous les verrez revenir pour prendre encore une gorgée de vin blanc et casser quelque noisette. Ils sont repus de richesse, de fromage, de fruits de différentes saisons et semblent assurés dans l’écoulement du temps comme le repos en spirale de cette pelure de pomme posée là à la lisière de la table. 

Mais l’équilibre est souvent précaire; ce pain sur cette assiette pourrait tomber et menacer l’accord de la vie et ses victuailles. 

Ces peintures suggèrent en fin de compte ce qu’elles ne représentent pas à savoir les hommes et leurs absences parfois heureuse et d'autres fois malheureuse. Et comme aurait dit Jean-Noël PANCRAZI dans son magnifique roman "Tout est passé si vite":......un juste dosage d'absence, de disparition, de retours inattendus, de promesse et d'étreintes brusques.....



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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 18:41

 

Ce serait tout à fait prétentieux de ma part de parler de l’art contemporain en étant une personne dilettante. Mais ce n’est pas la seule raison, car comment peut on parler de quelque chose dont la seule tradition est la nouveauté ! Et comment alors devenir connaisseur dans un domaine qui invente à chaque fois son publique ! Me risquerai-je jusqu’à dire que l’art contemporain, abstrait en particulier est sevré de ses racines ? Non bien sûr ! De rupture il n’y en a jamais eu sauf peut être pour le dadaïsme et dans une moindre mesure le ready-made inventé par Marcel Duchamp devenu célèbre pour son urinoir inversé (fontaine 1917), de continuité linéaire non plus  Donc si changement il y a eu, et dieu sait combien, à quel niveau se situe t il ?

 

Les mouvements artistiques ce sont distingués tout le long de leurs évolutions par leurs techniques picturales : la présentation de l’espace, la profondeur, le volume, le rendu c'est-à-dire le rapport de fidélité de l’aspect extérieur de l’objet ou de l’être à sa réalité, et bien sûr le coup de pinceau si peinture il y a ! Si je note par exemple de 0 à 10 le rendu d’une figuration classique ce serait 9/10 alors que pour une peinture abstraite non figurative ce serait 2/10 et dans ce cas je serais même tenté de dire que l’expression de l’œuvre est intériorisée.

 4491526253_769b21ff62.jpg

Paul Klee ici représenté est un artiste peintre abstrait, un peintre poète comme il aimait se définir. La tendance artistique à laquelle il appartient se caractérise par sa distanciation  de la réalité objective, réduction minimaliste des objets à leurs structures originelles, cônes, triangles, cylindres… L’œuvre est là pour elle-même faisant fi de toute perspective, tombant rapidement dans le bidimensionnel, s’éloignant de toute connaissance sociale. La production finalement n’est pas une image mais une idée désobéissante, courageuse et belle.
La musique de la vidéo correspond à celle de l'opéra de Madame Butterfly de Giacomo Puccini
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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 20:02

 

 

Le 20ème siècle a vu naître durant sa première moitié un mouvement artistique, une peinture d’une abstraction envahissante, une nouvelle vision de l’art qui ne garde pour ses toiles que la forme et la couleur faisant fi de tous ce qui est réel et donc loin du figuratif.

Cette involution ou retour sur soi qui a conduit les artistes à une esthétique émotionnelle et spontanée loin de toute rigueur laissée à la technique photographique est en grande partie le résultat des circonstances politiques et sociales qui ont désorbité la sensibilité des artistes pendant les années 30 est 40 du siècle passé. Mark ROTHKO est l’un des fondateurs de ce courant essentiellement celui de l’expressionnisme abstrait et Vassily KANDINSKY est l’auteur de la première création non figurative une aquarelle de 1910.

Sauver les couleurs & les formes
quoique irisées d'incertitudes,
faite abstraction du reste,
je suis un artiste dissident,
j'ai peur des émotions esthétique,
L'art est irréductible à toute explication,
Un jet spontané, un flux poétique sans retour,

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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

des mots en image

D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

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