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27 septembre 2021 1 27 /09 /septembre /2021 14:38

Giorgio De Chirico - La récompense du devin - 1913

(la peinture métaphysique)

La couleur argentée de la lune annonçait déjà la soirée. Une flottille d'oiseaux en formation traversait le ciel, le battement gracieux de leurs ailes, le cou tendu fièrement vers l’avant, allaient assurément vers l'intérieur des terres. Depuis sa baie vitrée, Mikaël regardait cette lueur bleue pâle qui s’étendait en large bande du cap de Malabata jusqu’au village de Nouinouiche. L’étoile de Sirius, tirant en laisse le Grand Chien, grimpait lentement au-dessus du village, suivant dans son sillage zodiacal la constellation d'Orion. A l’ouest, couché sur les vagues miroitantes de l’atlantique, le soleil plongeait dans un éclat de lumière vermeille, battant le rappel aux derniers éclats roses qui coloraient les nuages. Bientôt un bleu noir sera étendu sur le ciel de Tanger. 

A l'extérieur, le silence des murmures devenait audible. L’espace public change, au gré de l’obscurité, en espace privé. Les éventaires amovibles des marchands fuyards reviennent couvrir les parcelles des trottoirs. Enfermés dans leurs silences, les hommes, marchant sous les réverbères, tressent le suc amer des souvenirs aux fragrances de l’oubli. Les errants, fatigués par les méandres de leurs patries, cernés par une mer entre terres défensives et le massif montagneux du Rif, retrouvent les traces de leurs chemins. Le fardeau du jour et des heures s’éloigne maintenant de leurs épaules, s’élève au gré de leurs détentes pour aller démêler leurs soucis au-delà des hauts immeubles et des remparts. Les visages laissent apparaître soudain les traits d’une joie, d’un bonheur oublié. Les plus téméraires enjamberont peut-être le rivage de la Méditerranée pour narguer cette brèche faite par les titans. 

Les mendiants attirés par les gémissements de la terre, cherchent un gîte aux pieds des murs balafrés, au seuil des mosquées silencieuses, ruminent la chute de leurs existences, cachent leurs tribulations par une feuille de vigne, puis  se souviennent des visages inconnus qui ont enrichi la main orpheline. Pourtant, le matin venu, ils oublieront leurs indigences, échangerons leurs pauvreté contre de la misère , seront comme des soldats affamés de l’émoi des passants prêts à exécuter une nouvelle fois la scène de leurs drames.  

Les amoureux s’enlacent et se collent aux écorces des arbres, aux angles des rues. De quelques encoignures, montent des voix avachies de vice, les vents arrivaient avec leurs moissons de langues étranges mêlées aux ardeurs marines, aux étreintes des caresses furtives tempérées par un inquisiteur psaume de la sourate de l’ouverture. Le bruit de la vie est de retour dans les arbres, les feuilles boivent à la rosée du soir. Un parfum de chanvre et de thé à la menthe somnole déjà sous une langoureuse racine méditerranéenne. 

Au crépuscule les écrans s’éteignent, la finance éclipse, pour une nuit, ses crocs dans les interstices de la cupidité misèreuse, les brouettes grinçantes des chantiers se taisent, les mains gercés par la terre à force de retourner le sol se délestent de leurs outils, les ouvriers cessent de lubrifier les machines qui crachent onze dirhams l’heure, le peuple est solitaire perdu dans l’épaisseur de l’existence, les larmes facettées en diamant illuminent pourtant les visages et rappellent ce que nous sommes. Quand vient le soir et ses caprices un nouveau monde se crée, les groupes séparés le matin se reforment, les affinités effacent les inimitiés et querelles du début du jour, les vantards et les patibulaires s’y associent puis, sans peine,  le renseignement s’y mêle pour lester les hâbleurs du poids de leurs paroles. La grisaille électrique du jour, hâtée par la forte nuance des ombres devient moins pesante, les roches des serments arides tombent en pierres fines dans les jarres des vignes. Que d’hommes inquiets et nerveux deviendront calme et pieux quand le fleuve de la vie ralentit son cours pour que chacun puisse choir dans sa tombe au gré d’un vent sans rives, se répandre dans les rainures des nécropoles peints à la Giorgio De Chirico pour mendier à la vie un brin de compréhension, un moment d’amour, un instant de grâce et  d'indulgence à son égard. 

Les hommes savent pour ce soir, oui ils savent que pour cette fois encore ils vont vivre la nuit de leurs morts, perdus au sein d’un vaste néant obscure , les lèvres plaqués contre les glandes mammaires de la vie, suçant le lait placebo de l’espoir, conduit par une main courante habillant le lendemain par les apparats fantoches de la veille, roulant sur une roturière habitude jusqu’à ce que les lèvres soient déchiquetés par une zygomatique hypocrisie. Peut être adviendra-t-il qu’une idée vengeresse absurde et salvatrice grimpera à contre sens dans les œsophages avide de vin et de silence pour vomir la langue, chasser les phonèmes, brutaliser les rêves et transformer les rituels caramels en un frémissement de vapeur. Mais Tanger a un coeur, mais Tanger demeure toujours impatiente d'accueillir dans son espace et ses milieux les dionysiaques, agacée par l’attente de croiser dans ses rues et avenues ces hommes qui consentent, l’haleine aviné et le rire lascif, à composer avec l’irrationnel, quittant pour une nuit encore leurs raisons pour inventer leurs paroles, laissant leurs corps, amidonné le jour, devenir léger et improvisé le soir. D’aucun sûrement alors partiront dans une fosse lubrique encore plus profonde que le furoncle qui s’étend sur cette terre, là ils vont échancrer leurs pustules, laisser couler leurs vomissures dans les plis de leurs regrets, épancher leurs peurs dans les bouteilles pansues d’alcool et quand les dernières lumières de leurs esprit seront enrobées de vapeurs fumigènes,  ils iront se moucher dans les seins plantureux des libertines.

Mais laissez-moi vous présenter un ami, parce que nous sommes d’une bonté exécrable, ignoble et détestable que je ne peux me résoudre à garder pour moi seule cette vérité, une plus longue attente aurait raison de mon cœur. Notre ami d’outre tombe a chanté bien avant moi cette existence et moi j’en prédis une engeance pleutre que seule une graine poser sur l’humus de la terre pourrait vaincre.

 

Au Lecteur

La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,

Occupent nos esprits et travaillent nos corps,

Et nous alimentons nos aimables remords,

Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;

Nous nous faisons payer grassement nos aveux,

Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,

Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste

Qui berce longuement notre esprit enchanté,

Et le riche métal de notre volonté

Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !

Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;

Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas,

Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu’un débauché pauvre qui baise et mange

Le sein martyrisé d’une antique catin,

Nous volons au passage un plaisir clandestin

Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d’helminthes,

Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,

Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons

Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie,

N’ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins

Le canevas banal de nos piteux destins,

C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,

Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,

Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,

Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !

Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,

Il ferait volontiers de la terre un débris

Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui ! — l’œil chargé d’un pleur involontaire,

Il rêve d’échafauds en fumant son houka.

Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,

— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère !

 

Charles Baudelaire. (Les fleurs du mal)

 

(A suivre)

 

 

 

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10 septembre 2021 5 10 /09 /septembre /2021 09:06

Ballon Rouge - Paul Klee

La musique commença comme un ressac de mer sur les rochers, l’éclat majestueux des timbales propulsé par le souffle des cors donna à l’entrée la hauteur au mouvement, suivi d’une rafale de frottement des archers sur les cordes des violons, une gestation vive courte et impétueuse sans demi teinte sans concession. La gravité de l’alto, dans une proportion égale, empoigna d’une main de fer l’ambiance du salon, une formation à l’image de ce spectacle saisissant et harmonieux des oiseaux migrateurs dessinant dans le ciel une tâche noir nuit puis d’un mouvement brusque agencé depuis le commencement des temps se séparent s’éloignent les uns des autres et par un étonnant et ineffable appel la chorégraphie ailée se reforme, se ramasse trempe une nouvelle fois ses rémiges dans un encrier ouvré en des âges reculés et continue sa gestation artistique. Toutes ces mesures dans leurs beautés, étaient maintenant verrouillées dans le corps de Mikaël qui s’attachait par une soif épidermique à en boire le philtre, à oublier ses désillusions.

Nécessaire est-il de préciser que Mikaël n’est pas un mollusque ni un crustacé, n’a pas la chair en dessous des os mais bien à l’air libre couverte par quatre mètre carré de peau tourmentée?!! C’est un vrai sismographe carné, suffit d’un friselis d’émotion pour se mettre à la  recherche d’un abri. L’œuvre de Brahms culminait à présent à son paroxysme, Mikaël attendait encore l’entré de son soliste préféré, le pianiste, son annonce était toujours faite par les instruments les plus perfides qu’il n’a jamais aimé: les bois. Souffler dans un bois c’est comme se blesser au pied, vous perdez l’équilibre, vous descendez le versant de la montagne, jadis conquise, comme un tibétain qui se prend les jambes dans sa parure ocre.

Mikaël était aussi en quelque sorte un soliste dans sa vie, il veut jouer à sa manière sa partition, ne pas obéir à celle des autres en les laissant toucher aveuglément aux cordes de son existence, se faire gentiment prendre par la main pour rendre ses journées insipides. Non, ce simulacre ne peut que l’enfoncer encore un peu plus dans cette toile tissée par la culpabilité et la peur. Par quel bout de chemin va-t-il sortir un jour quand à chaque fois il doit ravaler sa pensée, se nier à soi-même pour faire plaisir aux autres et offrir en guise d’assentiment ce rire cynique qui ravage son cœur. Il se sent tellement égaré dans ses jours qu’il n’arrive même plus à savoir ce qu’il veut. Devrait-il continuer à réprimer son véritable moi et passer son temps à se faufiler, raser les murs, errer comme un aliéné  dans toutes les directions à la recherche d’une sortie heureuse ou faut-il accepter définitivement son désespoir de n’être finalement qu’un crétin à la merci des autres…How many roads must a man walk down…chantait Bob Dylan.

le tempo moins pulsé intéressa Mikaël et intimait à l’orchestre à seconder maintenant le soliste qui, de toute sa hauteur et de ses poignées légères, les doigts voûtés sur le clavier suspendus en l’air comme un rapace qui se prépare à fondre sur sa proie lança une fusée d’arpèges entraînant  d’un seul coup  plus de trois cent pièces en bois d’ébène transformant leurs matérialités en essence spirituelle.

Ce jeu d’harmonie délia petit à petit l’entremêlement des pensées de Mikaël et le sédiment épais et inconscient  dans lequel il se sentait empêtré se transforma  soudain en cristal de roche translucide et lumineux. Une forme d’euphorie quasi inespérée, rare, se propagea tout le long de son corps enrobé d’une liberté  étrange qu’il n’a jamais connu, regarda ses mains comme s’il les voyait pour la première fois, toucha son visage pour s’assurer de lui-même puis, par une imagination résurgente, poussa les portes de son esprit et fila à rebours dans le temps pour voir le déroulé de la journée. Il y était à chaque instant, était-ce moi se dit-il?

Pendant longtemps Mikaël a passé ses jours comme un passager de bus faisant le trajet debout  accroché aux poignées luttant contre la force d’inertie sans jamais  pouvoir descendre au terminus, garrotter par les sangles à son vécu, payant le même tribut, martelé par les mêmes questions, forcé de donner les même réponses, jusqu’à quand demeurera-t-il mêlé à ces ornières, il n’avait pourtant ni excuses pour y rester ni de courage pour en sortir, ébahi comme un arbre millénaire devant les événements de la vie et maintenant ce sentiment douloureux d’être pris dans les serres a subitement disparue, cette complétude si longtemps recherchée lui procurant la sensation d’être achevé ne manquant de rien, le déchargeait de toute nécessité à prouver à lui-même l’impératif et nécessaire sentiment d’utilité, et que sentir sa présence, côtoyer sa propre odeur, être ami avec lui-même sans forcément faire quelque chose devint une évidence. Lui dont l’esprit était toujours actif à s’employer à faire quelque chose pour éviter de s’approcher des margelles de l’abîme, voilà maintenant qu’un charme habillé en paresse délicieuse venait bercer ses pensées, le manœuvrait paisiblement pour que les voiles de cette mystérieuse flânerie se présentent le mieux possible au vent qui l’emportait, le poussait vers des perceptions inconnus. Cette légèreté pourtant lui était étrangère le désarmait et l’éloignait de ce qu’il qualifiait auparavant de certitude ou du moins pour ce qu’il en prenait pour cela. Mais pourquoi chercher à être utile se dit-il ! L’utilité quand elle est bonne pour autrui sans apporter un avantage spirituel et sensible à soi-même est quelque chose de méprisable ! Ah mon Dieu, faites à ce que jamais je n’aurais à mélanger brosse à dents et amitié !!!

Tandis que son calme affaissait tout son être sur l’assise du fauteuil, son regard nouveau et serein, guidé par une lenteur séculaire, entreprit à parcourir son espace. Une réserve de douceur venait de chaque coin de la maison se déposer dans le massif de son cœur, tendresse presque maternelle, ardeur calme pleine de promesse mue par un frémissement secret d’une main ciselée d’arabesque, de poème en henné qui démasqua soudain tout son poids, devint léger comme les regards azurées et, par le même élan attentionné, ne manqua pas d’admirer son tableau fétiche, Ballon Rouge de Paul Klee. Une peinture à la fois chaude et énigmatique où la couleur rime avec confession. Ce sont les traces de ce peintre poète, son admiration pour cet art à la fois abstrait et expressionniste  qui lui a inoculé ce courage désobéissant pour créer son propre monde. Cette œuvre vivante pour elle même faisant fi de toutes les perspectives, réveillant la foi mieux que toute religion, associant cube cylindres et cônes n’ouvrant son cœur qu’au plus téméraire des amants.

(A suivre épisode VIII) 

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23 août 2021 1 23 /08 /août /2021 09:27

 

Réalisme - Peintre: Laura Knight

l'oeuvre représente la jeune ouvrière Ruby Loftus (1921-2004) travaillant dans une usine d'armement britannique 

Il ferma la porte, alluma la lumière, s’assit sur son fauteuil et déposa la lettre sur la table basse. Il savait ce qu’elle contenait, son frère lui a déjà fait part de ses sentiments mais il n’était pas prêt à l’ouvrir du moins pour ce soir jugeait-il, il pensait d’abord téléphoner au lanceur de pierre pour lui confirmer son choix de poursuivre la formation non avec conviction certes, c’est cette approche cependant, cet homme quelque peu mystérieux qui a pesé sur sa décision,  mais tout son être était encore secoué par les événements de la journée.

Un dégoût indistinct présidait son moment, il n’était pas en lui mais seulement chez-lui, il se sentait démuni, incompris, fauché. Je veux témoigner de mon malaise se disait-il mais les gens préfèrent mille fois se couper d’eux-mêmes, ils disent que ce qu’il y a de mieux dans le genre humain c’est son pouvoir de se soudoyer, de se déguiser par le plus noble subterfuge qui consiste à commuer l’amour en égoïsme, ne pas être soi-même est le but recherché et la technique est universelle, toute simple il suffit d’échanger des phrases bien construite faussées par un esprit logique qui rassure, emprunté d'un sophiste éloquent puis de braire Absalon, Absalon ! Et hop le tour est joué ! Le lapin blanc sort de sa tanière pour vous conduire sur le chemin des songes et des chimères. Une seule condition est requise cependant pour ne pas briser le charme : il est absolument interdit de venir là face à quelqu’un exprimer un sentiment vrai !! Les gens ont peur de ne pas être pardonnés pour ce qu’ils ont osés dire de vrai, ou bien que cela vienne à s’ébruiter qu’untel a bravé notre code sociale, nos plus tendres simagrées, en formulant quelque chose de solide ancrée en nous depuis la naissance des temps. Accepter sa peau est loin de nous être possible quand elle est de chagrin elle vous ira très mal à la fin si vous continuer ainsi à vous soucier de la vérité ! Demander d’abord pour votre argent. Merde à la fin !!

Comment donc s’atteler au bazar de la vie quand on n’y comprend rien. Faut-il lutter pour être simple, pour être tout court. Ce pugilat masqué entre gens bien élevés me tus, où pourrait on aller pour nous sentir uni au monde sans artifices ni convenances, quelle terre recèle le diamant de notre âme. Arriverait-il un jour qu’un humain se réveille?

Tiens! J’ai une bonne idée, je vais vous offrir un livre taillé sur mesure, fait pour vous “le manuel de la vie quotidienne”. Vous êtes un fonctionnaire du jour n’est-ce pas? Vous passez vos journées à vous médiatiser, c’est important, votre nouvelle galaxie c’est lavie.com, la nuit n’en parlons pas vous n’êtes pas là, vous n’êtes jamais là d’ailleurs que dis-je! Ses pages vous collent en Prada, de vraies vespasiennes!  Pitié, lâchez moi la grappe! Vous trempez dans 37° pendant plus de soixante quinze ans et vous n’arrivez même pas à vous ennuyer ni penser à vous suicider, n’est-ce pas cela d’une monotonie exaspérante, vous battez sans arrêt à soixante seize pulsations par minute pendant encore soixante quinze ans, n’est-ce pas cela d’une monotonie exaspérante, comment m'emploierais-je pour arriver à vous convaincre que vous êtes irrévocablement dans un état végétatif caractérisé! Même l’Univers a créé les saisons pour s’amuser et vous! Des pizzas et encore des pizzas voilà!  Que le désert de Gobi vous dévore, de la folie à boire, de l’oubli à manger pour les têtes qui ne me reviennent pas, il faudrait bien que vous tombiez malade un jour, vous en seriez heureux croyez moi, vivre c’est être longtemps malade disait Socrate, encore que moi je vous ai à l’œil, vous êtes de ces voyageurs qui n’ont jamais ouvert leurs valises, passant d’une chambre à l’autre, les yeux vitreux, le teint pâle, le galbe lourd malmené par le rythme de l’existence, malade de porter si longtemps votre corps, essorés comme une serpillère, vous ai dévoilé menteurs, engeance incrédule, baroudeurs pédants, larbins, bigotes qui mangent dans les gargotes, sortez des vents, venez ici faire foule avec vos semblables vulgates apocryphe de la création, vous étendez sur le ciel le tarot pour dessiller vos craintes, vous n’avez pas encore compris que la croûte terrestre se pourlèche de vos os, savez-vous au moins pourquoi elle est plus épaisse que vos espoirs? Ecoutez inanité perchée sur un nid d’aigle, vous n’êtes que lubie du colosse locataire du ciel, rendez grâce à vos mimiques simiesque qui ont leurrer la pesanteur pour gagner votre verticalité immanente, laissez l’anse des rivages suspendre votre regard sur l’insensé horizon, peut être qu’alors entre deux instants croupissant d’ennui il vous chamarrera de promesse pour oublier le cri des foules écrasées par la faim, le pain sans beurre, le thé froid, le sourire muet flottant sur une mer glauque. Couardise. Peut-être aussi que dans cette tragédie irréversible et inodore vous recouvrerez votre équanimité pour aller rejoindre les ambiances qui se nouent  dans les venelles, écouter les murmures invisibles, les bruissements des ombres éclaboussées, soufflées par une main froide pétrie dans l’indifférence, visage démoniaque des cœurs aveugles.

Mon Dieu! Un manège de question tourne  autour d’un moyeu vide et sans fond, un mal être au carrefour de Shibuya.  Comme tombant du faîte d’un arbre, Mikael s’accrochait à tout ce qui pourrait le fixer, empêcher ce désarroi de s’emparer de lui, les jugements à tour de bras, les affronts imaginaires, les déceptions du passé bourrelées de ressentiments et la boucle incessante du questionnement: pourquoi! Pourquoi! Pourquoi!

Soudain une tension verticale le poussa vers l’avant, le bras tendu comme un non voyant, il se dirigea vers le buffet en bois. Par accès de tension ou de passion ses doigts, prenant l’agilité des chevaux franchissant les haies équestre, se mirent à parcourir ses vinyls  puis, d’un geste vif retira son disque préféré pour ces moments: Brahms concerto n°1.

La tête en fournaise, les gestes simple, il retira le disque de sa pochette, s’appliqua à l’essuyer calmement, mis le 33 tours sur sa platine Technics, souleva le bras et déposa avec soin la cellule en diamant sur le bord du sillon puis, d’un mouvement de recul, craignant un embrasement de son corps, plongea en profondeur dans son fauteuil club. Les accotoirs en forme d’obus revêtus en vieille peau d’animal avaient l’habitude d'accueillir ces muscles durs méditerranéens aussi tendus que les nœuds des oliviers.

(Asuivre)

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7 août 2021 6 07 /08 /août /2021 11:17

 

La femme qui pleure de Picasso

A l’approche de l’immeuble où il habitait, une sombre inquiétude l’enveloppa. L’idée de croiser la concierge dans le hall mis en alerte tout son corps qui s’activa à rappeler ses dernières réserves d’adrénaline de la journée en vue de faire face au carnassier le plus féroce de l’espèce humaine. De loin il pouvait déjà voir le manège triste de la poussière et la toile d’araignée qui disputaient la lumière, étouffaient de leurs charpies le lustre accroché au plafond du portail de l’édifice. Un jaune malin peignait l’espace, convulsait les traits déjà have.  Au seuil empestait la taupe aux sourcils botoxées, la desquamation du clan. La porte de la mégère en bois vermoulu était suffisamment entr’ouverte pour que l’apparence de la tanière et son atmosphère glauque vient à lui avec ses murs debout écailleux incommode révélant un lourd rideau grenat pendu bien haut dont la seule fonction est de chasser la lumière. Couronné  d’un blanc post mortem labouré de chiures de mouches, des mouches en Poirot et Agatha Christie, le rideau tombait maladroitement sur une table de cuisine   entourée de deux chaises coupables, le tout reposait  sur un carrelage avachi par une langue d’émeri. Soudain les oreilles de Mikael captèrent un bruit de pieds enchaussant des savates. Il est fait se dit-il, le prédateur a déjà repéré sa proie. Comme un péon subalterne, lâché par le Matador dans une corrida aux arènes, il se pencha du côté de l’antre armé uniquement de sa cape attendant le surgissement de la bête, mais une odeur pestilentielle embaumant toute l’entrée, une odeur de ragoût fermenté dans une litière de chat finit par le distraire et se trouva nez à nez avec une excroissance en forme de tête de crapaud visqueux drapée d’une peau gloutonne, posée sur un corps humain. Les rides partaient dans tous les sens dessinant des lignes, des angles, cubes et trapèze, Dora Maar n’était à côté qu’une figurine de réserve pour un art mineur. Les joues flasques pleuraient leurs mésaventures humaines, les cheveux hirsutes mal couvert par un fichu mis à la hâte, ceignaient un visage marqué par des pupilles flottantes dans des yeux bouffis  comme deux poissons trisomique impropres à l’aquarium. D’entre les arcades partait un nez épaté aux narines proéminentes reposant sur une bouche veuve, les lèvres en berne forment une vachette de portes monnaie à fermoir métallique clic clac. L’intention de l’espèce était sans équivoque, elle cherchait par son regard dans les recoins les plus sombres de son vis-à-vis un indice susceptible de trahir un sentiment mal enfoui, une rebuffade mal digérée ou la trace d’un événement inattendue car, la nuit venue, elle doit donner à manger à la smala et répondre grassement à la question générique « y a du nouveau aujourd’hui? » avant d’entamer le plat de résistance que les viscères de Mikael ont souvent agrémentés. Dans une procession lunaire, la femme ou ce qu’il en restait de l’être féminin, se rapprocha de Mikael, se pourlécha les lèvres par sa langue fourchue, apprêta son dard puis l’aborda d’une voix à la fois nasillarde et retirée comme si elle prenait son élan pour un long interrogatoire : « Alors MÔsieur Mikael, nous sommes pressé aujourd’hui paraît il ! Quelque chose ne va pas ? »  

Notre ami était sur le gril, percé à jour il voulu s’engager dans les escaliers  mais c’était sans compter sur la ténacité de la concierge qui n’a pas encore fini d’écosser  son meilleure légume de la journée et s’apprêtait à harponner davantage sa prise pour mieux s’attabler lors du souper en roulant pour sa moitié le meilleur mauvais tabac dans le bulletin de la journée. Mikael était largement avisé pour ne pas sous estimé la race de cette espèce qui se trouve être la cheville ouvrière de tout district qui se respecte. C’est une créature spécialement dressée par les commis de l’état pour porter à leurs oreilles toute incongruité, changement dans les attitudes etc. il ne faut pas éveiller de soupçons mais encore faut-il en échapper ! À cet instant le facteur, en libérateur, s’introduisit dans le hall apportant un lot de correspondance, un met de choix pour notre vipère qui lâcha la bride à Mikael. A peine eut-il atteint le deuxième étage que la même voix l’appela « Mikael mon petit, descend, tu as reçu une lettre de ton frère Ismaël » puis « mais qu’est-il partit faire celui là à Paris ! » Mikael descendit arracha la lettre des mains de la méduse et regagna rapidement son appartement.

(A suivre épisode VI) 

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21 juillet 2021 3 21 /07 /juillet /2021 13:37

Le Marabout de Henry Matisse

Rue Sidi Ahmed Boukoudja à Tanger Casbah

Son appartement, un studio de trente six mètre carré presque mansardé pour jeune couple à peine marié ou une personne cherchant à débuter dans la vie sans trop de frais, un espace polyvalent, indifférencié où l’évitement n’est pas encore nécessaire, un regard de biais, une aire où demeure la solitude à la fois amante vive et cruelle, c’est sa solitude, la sienne. C’est comme cela qu’il s’attribuait  ce logis, aussi essayait-il d’éviter un potinage inopportun et salace.

La proportionnalité du lieu vous mettaient rapidement à l’aise, la couleur crème légèrement patinée des murs contrastait avec le vert andalous  des syngoniums aux nervures blanches alternant sur les feuilles, les grandes feuilles de monstera plongeaient la pièce jouxtant une baie vitrée dans une ambiance exotique, toutes les plantes qu’il avait chez lui retenaient avec délicatesse la lumière du jour qui venait d’une belle terrasse orientée vers l’Est  surplombant la grande avenue de Fès. A voir les objets qui emplissaient l’espace on était vite fixer sur la psychologie du locataire : c’est le type du cadre moyen: Tableaux largement reproduit de peintres connus, livres dans une édition de grande masse rangés dans une petite bibliothèque à cinq étages, dictionnaire, une encyclopédie incomplète, deux fauteuils club face à un buffet couleur bois forêt à quatre portes sur lequel est posé une télé, chaîne hi-fi compacte, quelques disques en vinyle, cendrier et télécommande sur une table basse, quelques journaux.

Mais il avait peur, oui une peur bleu le prenait au ventre à chaque fois qu’il empruntait les escaliers pour descendre, il témoignait en cela une vrai compassion à Raskolnikov ce pétersbourgeois qui logeais une mansarde au dernier étage de l’immeuble, éprouvait la même angoisse quand il glissait en colimaçon au travers de l’édifice où il habitait, a vécu le châtiment d’être incompris par les siens puis a fini par commettre un crime.

Passer par les cinq pallier avant d’atteindre la lumière d’entrée de l'édifice est une épreuve psychologiquement difficile, une vraie ordalie. Chaque étage était infesté de commérages comme le bruit de millier de cancrelat qui s’abattait sur un morceau de viande pourri, les absurdités de la vie, l'échange de phrases de convenances et hypocrites, les médisances qu’il imaginait entendre à son endroit sur sa situation à lui, le manque de travail, la pauvreté et plus que tout encore qu’il haïssait c’était le repaire de la mégère au rez-de-chaussée.

Cela faisait plusieurs mois maintenant, depuis que ses parents sont partis pour le sud du Maroc, qu’il n’a pas reçu la visite de quelqu’un. Sa mère s’arrangeait souvent du mieux qu’elle pouvait après s’être libérer de ses tâches ménagères de lui rendre visite. Son père, n’a jamais voulu quitter les quartiers de la vieille ville pour venir s’installer au centre parmi les bétonnières comme il aimait à dire. C’était pour lui une action purement bourgeoise que d’emménager vers la ville d’aspect européen, brocanter la demeure de ses aïeux pour un trois pièces, une boîte tout juste fonctionnelle, une machine à habiter comme aurait dit le Corbusier privée de toute confession, sans âme ni mémoire, c’était à tous propos  non envisageable.

Il était un enfant de la médina il lui appartenait, changer les choses ne servirait qu’à rendre sa famille malheureuse. Cinq fois par jour il prenait la direction de l’Est pour faire sa prière, chercher le Nord n’a jamais été son problème, c’est une question civilisationnelle, scientifique, sa foie n’en n’a pas besoin mais il comprenait. Il se rappelait son grand-père, le père de son père qui lui disait:

« Ecoute mon enfant, les gens qui habitent la ville européenne sont des mécréants. Habiter dans des avenues en lignes droites ou perpendiculaire affublées de sens, de directions est une offense à notre créateur car le sens nous est donné uniquement par Lui. Notre conception de l’espace est en tout égard respectueuse de notre croyance, celle de croire entre-autres au retour de notre prophète Issa fils de Mariam et laquelle nous permet de porter en nous avec joie cette dimension cachée de l’éternel retour, du temps répétitif et circulaire, comment donc avoir foi en cela et habiter des lignes rectilignes dont on n'en reviendra peut-être jamais. L’espace pourrait certainement influencer ton appartenance mon enfant. Regarde notre médina ses venelles sont sinueuses, pleines de chicanes et d’impasses, les portes des maisons sont intimes et révélatrices de la catégorie sociale de leurs hôtes, alors quand quelqu’un nous demandes après un lieu on lui communique uniquement l’emplacement mais jamais la direction, c’est de relais en relais en implorant l’aide de Dieu par la formule Inchallah qu’il peut atteindre le lieu recherché."

L’atmosphère y était pâteuse, pâlissait son regard, alourdissait ses paupières, l’humidité chargée des embruns de la mer du fait de leurs forte proximité au débarcadère donnait du fil à retorde à son épouse pour améliorer l’intérieur de sa maison en peignant à la chaux les murs ignorés par les rayons du soleil.  Il lui était encore impensable de se défaire des cris des mouettes rieuses, des cornes de brume des bateaux qui, le temps aidant, s’est mis à en reconnaître même les ports de provenance, Algésiras, Gibraltar, Cadix….Non, pour rien au monde il ne quittera sa Médina ses amis voisins toute confession confondue.

(A suivre Episode V)

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 10:23

 

Les amants de René Magritte

Son idiosyncrasie pourtant était son dernier rempart contre une aliénation certaine. Son cheminement sur la voie dissipa peu à peu sa mièvrerie intellectuelle et se sentit soudain suffisamment enhardie pour se colleter avec cette pâte gélatineuse dans laquelle il se voyait engouffré et  tant qu’à faire l’assommer par un discours rédempteur, il voulait croquer la pomme de René Magritte qui cachait le visage de ses concitoyens, ces fils de l’homme,  jusqu’aux pépins pour voir, les yeux dans les yeux, le regard vitreux de ces renifleurs de rayons de grandes surfaces, leurs faire payer à prix fort ce désir malsain de tout vouloir cacher, d’avorter ce jeu entre apparat visible et vérité cachée, tirer à boulet rouges dans cette masse compacte de fossoyeurs d’esprit libre, administrer une bonne leçon à ce troupeau morbide, électeurs de berger sans étoiles. Il était absolument évident  pour lui, sans besoin d’un effort quelconque pour le comprendre, que tous ses congénères étaient vrillés dans un même sens, maquillés de manière à ce qu’il n’y ait pas photo, jamais ! Ils sont appelés pour être « tout comme », à creuser leurs ornières comme dans des tranchés se mettant ainsi à l’abri, oui à l’abri de toute pensée qui aurait la prétention de les éclairer, de les éveiller à eux même pour écouter le battements de leur cœur au lieu du journal de vingt heure, la pub du beurre à tartiner,  guettant chaque aurore ou un soit peu de lumière, prêts à en découdre avec toute velléité qui oserait les dévier de leurs sens de leurs façons uniques de voir, accoutumés à la mort en esprit sont-ils, vivants sous la couleur cendrée de la lune, addictes au diktat des grands magnats du fric de la bouffe de la clope de la gnole et des gaudasses, à toute une génération on a gaulé puis élaguer les branches jusqu’à ne plus pouvoir porter ses propres fruits, jeté en pâture à la toile, tué ses rêves et disséminer à tout vent ses graines, une dystopie totale dont les arcanes nanométriques tissées en dollar vert subliment les désirs par les embrasures des esprits, voler le diamant qui coule sur les joues,………Quoi !....Quoi ?!....... Vous dites ?!.........Vous croyez que je suis Winston Smith c’est ça ? Alors venez me chercher bande de bonobos, j’ai la langue bien pendu et les ongles mal coupés heureusement pour mieux vous débarrassés des poux opiniâtres  qui fleurissent dans votre cuir chevelue, vous ont bouffés le crâne jusqu’au plancher, oui ça me démange de vous donner une bonne leçon et au marteau cette fois comme aurait dit Nietzsche, car je divinise le mépris à votre égard bande de moine cybermarketteur, consommateurs de codes barres, smartphonistes, vous frottez à moi ! Éloignez plutôt, espèce de Fartitoss, votre épiderme dépareillé qui n’aime d’ailleurs ni la promiscuité ni la contrainte pour que vous ne puissiez jamais élaborer vos propres moyens de résistance, restez branché donc et encensez vos principe civilisateurs d’impéritie de purificateur d’ozone et de sauveurs de baleine à la con ! Vous voulez me mettre à nu moi !  Je vous dis que je n’aime pas la nudité car voyez-vous j’ai des complexes, et croyez moi c’est bien d’avoir un complexe ca vous donne une image moins affectée et plus humaine à votre sujet. Confusions Will Be My Epitaph,…chantait Krimson.

Personne ne se permettait la moindre fantaisie, le moindre caprice ou passion alors que le ferment de la vie a pris et prend toujours naissance dans le labyrinthe des rhizomes et le chaos étoilé du ciel.

Rasséréné par sa diatribe, il jugea qu’il était temps de repartir chez lui. La marche l’a d’ailleurs un peu libéré des circonvolutions de la matinée et doit absolument téléphoner au Lanceur, maintenant qu’il s’est décidé à poursuivre cette formation et prendre l’emploi.

A suivre Episode IV

 

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4 juillet 2021 7 04 /07 /juillet /2021 07:30

Grenier fortifié à Amtoudi

En ce début d’après midi l’air était frais. Les peupliers plantés en alignement sur les trottoirs, ordonnaient tout le long de l’avenue le regard des passants. Traversé nettement par la lumière, la clarté de l’arbre offrait un abri moins sûr pour les moineaux et les mésanges qui allaient, de leurs battements d’ailes, vers des ramifications plus denses. Le bruissement doux des branches et la jeunesse des  feuilles au vert calme, fournissait une légèreté au vent qui venait caresser les visages des passants mal éveillés de leurs supplices existentiel, arborant chacun un regard ressemblant à une pancarte hissée sur un territoire privé. Inapparente multitude, masse aqueuse insaisissable, échangeant une complexe mémoire pour de simples sensations, badauds, promeneurs, marcheurs, allant vers des attentes bariolées, incertaines, un étang en dérive, une ferme de culture simiesque, sauvage, corps habités par les grandes surfaces traversés par les carrefours de la civilisation où les sémaphores frissonnent, tremblent de leurs hauteurs pour agréer la prise et blâmer le don, quête unique et credo du citoyen moderne. C’est un lot d’âme foulant la terre, inscrit uniquement dans le registre des trottoirs des cafés et des bars. La myopie des semelles aveuglées par la poussière a déjà fait oublier le chemin des bibliothèques, seul leurs mitoyenneté avec des dieux étranges les incitent à troquer leurs chaussures contre des mots évidés, ampoulés qui ne leurs servent à rien sauf à maquiller leur piètre figure, la rendre, au sortir de leurs temples, encore plus pâle, plus lugubre parfois même imprudente, téméraire, certain sont toutefois guai, heureux d'avoir pour un temps, le temps d'une semaine calmer leurs culpabilités et trouver dans la science religieuse un nouvel ersatz, de nouvelles excuses. Mais n'est-il pas vrai que l'omniscience des guides religieux est faite de l’ignorance de leurs fidèles.

Seule la ville de Tanger brûle d’aimer, un amour fou car Tanger convie sans réclamer, Tanger brille de ses dédales plein d’histoires, éclat d’héritage millénaire habillé d’effluve de menthe, d’absinthe, soyeuses ascensions d’un fumet de chanvre. La ville demeure ceinte, calfeutrée dans sa virginité imémorielle malgré les assauts des siècles et des peuples n'ayant pour moitié que le vent d'est qui chante ses ardeurs par le ressac des mers.

Mikael, le ramasseur, était davantage sensible à cette ambiance urbaine compassée, maintenant qu’il était affaibli par les événements de la journée. Observant les pigeons qui venaient au sol chercher leurs nourritures puis prenaient leurs essors pour aller ailleurs sans souffrir de quoi que ce soit, ni de questionnement ni de ce qui pourrait leurs arriver, le plongeait dans une réflexion surnaturelle de laquelle aucune réponse n’en pouvait s’extirper sans qu’il ne ressente la bizarre misanthropie du créateur.

Tout être vivant ici bas restitue à la mère nature de la manière la plus parfaite, la plus naturelle ce qu’il a reçu d’elle. il voyait les tourterelles comme le fruit d’une expression mémorielle dénoyautée de tout ce qui pourrait ébranler la certitude de ce qu’ils sont, rien ne pourrait leurs arriver qui ne soit déjà en eux,  alors que moi, se disait-il se sentant étriqué, son âme flottante dans un corps en forme de morceaux d’anatomie mal cousue, je suis forcé d’être libre, de craindre d’espérer et surtout de réfléchir avant de faire quoi que ce soit pour simplement être, rendre à la création ce qu’elle m’a légué dans sa pureté la plus totale la plus spontanée, la plus naïve, comme si dans cet acte, cet effort quotidien de calculer, peser, remâcher, gamberger, il m’était possible de briller, de faire mieux que le créateur seulement en cogitant. Ah non! Non ! Quelle arrogance, prométhéen moi, jamais ! Je troquerais volontiers les feux et les arts contre une simple vie d’un insecte des champs.

Il était conscient de son impuissance à communier avec le monde, sa canne  invisible faisait encore de lui un marcheur dans la brume. 

Chacun allait de son propre intérêt ici-bas, pensait-il, nul n’accède à l’âge adulte par la Compréhension, la charité et l’accueil de son semblable, on y arrive uniquement par l’appropriation, l’individualité, la personnalisation, la séparation, la mise en valeur agressive pour la distinction, tais-toi tu n’es bon à rien, range moi ce clapet pour que je ne l’entende plus !

Tout est privé tout est particulier rien n’est partagé.

A suivre Episode III

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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 10:16

 

Photo prise à Amtoudi, nous étions logés chez l'habitant. Amtoudi est un village situé au sud du Maroc. Là-bas, la pierre est le seul biais par lequel les dessins rupestres et les greniers fortifiés racontent l'histoire des Hommes du paléolithique à l'avènement des dynasties marocaines.

 

Episode I

 

Le ramasseur de pierres est embauché. Il demande à l'employeur, Le lanceur de pierres, de commencer à jeter quelques cailloux pour qu'il puisse entamer sa fonction de Ramasseur.

L'employeur l'air un peu goguenard l'invite à relire sa fiche d'emploi. Le ramasseur après lecture, note effectivement avec stupéfaction qu'il doit se déplacer simultanément avec le lanceur, attendre d’abord la chute du caillou pour déterminer ensuite l’itinéraire du ramassage n’est pas à l’ordre du jour. Un temps pour lancer un autre pour récupérer ce n’est pas dans les cordes du patron. Conséquence : Soit ensemble, soit pas de travail ! Mais alors, se dit-il estomaqué, ai-je pour tâche de prévoir la portée du projectile ou de ramasser ? Il fait part de ses doutes au Lanceur qui, affectant un regard déluré, l'exhorte à suivre pour cela la formation adéquate qui consiste à apprendre comment passer d'une perception linéaire de l'espace à une perception circulaire. La simultanéité nécessaire pour mener à bien sa fonction de Ramasseur de pierres n'est possible que dans ce nouvel espace. Seulement voilà, comme un avertissement d'une posologie d'emploi, le Lanceur met en garde le préposé contre un bouleversement radical et irréversible de sa vie.

Raidit dans son corps comme un lapin qui vient de sentir le danger, le Ramasseur est plus que jamais dans le désarroi. Lui qui ne demandait que le prix de sa peine voilà qu'on cherche maintenant à changer sa vie.

Le ramasseur demanda quelques heures de réflexions. Une retraite pour mûrir sa décision ne peut que lui faire du bien. Transi par son orgueil cependant, il ne se donna pas le temps nécessaire et accepta le défi. Quoi se disait il, même si c’est un mal fait il n’en pourrait naître qu’un bien fait.

Il communiqua sa décision au Lanceur et de son empressement à débuter sa formation sans tarder. Cela prendra combien de temps pour apprendre ? demanda-t-il à l’employeur qui lui répondit assurément que cela dépendait de lui puis précisa, comme s’il parlait à lui-même, l’air un peu perdu dans ses pensées, que moins il aura des souvenir de son passé  et mieux il apprendra et vite.

Le visage du ramasseur cette fois accusa un reflux de sang soudain, devint blanc comme un drap mortifère, toute son expression parti vers un même point de fuite. Abasourdi, la réponse du Lanceur lui imprima un mouvement de recul qui le fit partir sans dire mot. Son regard le quittait déjà cherchant au loin auprès des horizons perdus un quelconque asile pour réfléchir, une branche d’eucalyptus, un parapet d’une maison tangéroise sur le front de la méditerranée pour déposer son chef, s’arrêter un moment, mûrir et reconsidérer les événements du jour. Il se sentait comme un badaud pris dans une scène de rue ordonnée par un escamoteur rusé, une main présentait un objet l'autre main dissimulée, déjà à l’œuvre, préparant à son insu  le prochain tour surprise pour soigneusement l’alléger. Peut-être aussi que l’employeur cherchait à l’avertir que le monde est ainsi fait, un assortiment de tours de passe-passe pour détourner l’attention des gens de la vraie vie ! Son air enjoué et sa manière un peu folâtre de donner la réplique n’avait rien de rassurant et manifestement ce qu’il disait semble cacher bien des choses. 

Mais qu’est-ce qui se passe, marmonnait-il, je demande à travailler et on m’avertit que cela pourrait changer ma vie, j’accepte les conditions de la formation et voilà qu’on vient en surplus sans aucun scrupule m’annoncer que l’encadrement ne réussirait que si je me séparais de mes souvenirs, en somme de mon passé, ma mémoire, mes pensées crues. Mais que serais-je sans cela, une outre vide qui a perdu son vieux vin ? Je ne veux de mal à personne, ma seule quête est de trouver un travail pour remplir la panse est-ce si compliqué à comprendre? Il est jeté dans le fantastique, en plein casting pour Metropolis, le micro à la main chantant Radio Gaga. Il voulait exploser, lâcher bride à sa colère, laisser cette lave magmatique venant de temps géologique les plus reculés grimper au travers de son corps comme une aigreur acide afin de remettre à l’heure ce monde infâme. Mais au plus profond de lui-même il savait que cela ne pouvait avoir lieu et que tout au plus on entendra un craquement de fumerolles sur ses lèvres, d’abord parce qu’il avait cette fâcheuse aptitude à tout refouler ensuite, et ceci est l’essentiel, il n’avait pas encore les moyens pour être lui-même.

 

A suivre prochain Episode II

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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 20:07
Je me repose, est-ce par hasard que je suis là assis sur la ligne imaginaire du Tropique du Cancer?

Tanger 14 Mai 2015

                                                La maison que j’ai quittée

 

La maison de mes souffrances est ma mémoire. Je ne l’ai pas quitté par désaveu mais par ma connaissance de la vérité. Je ne prétends pas avoir connu la Vérité car à partir de quel lieu si ce lieu existe, à partir de quel moment si ce temps existe  peut on connaître la Vérité ? La Vérité n’a pas d’origine ni de chemin, elle EST point. Tous les sentiers parcourus  respirent sa présence, la Vérité est Une, Belle et Bonne car positive, elle compose avec les contradictions mais ne les oppose jamais. Nous ne sommes plus quand nous nous refusons à elle. La peur d’inclure définitivement ce que nous sommes nous relègue dans les steppes froides et glaciale les plus éloignées de notre véritable demeure. L’homme a crée le bien et le mal le beau et le laid, c’est en cela que nous sommes différent des animaux. C’est grâce ou à cause de cela aussi qu’il s’éloigne de sa patrie se fourvoyant dans les sentiers obscurs de sa pensée pour trouver ne serait-ce qu’une bribe de réponse à ses questions. Et après avoir presque dilapidé tout son héritage, connu la désolation abyssale que rencontre le chercheur dans sa quête il s’arrêta :

 

« Univers ! Je suis loin. J’ai fais tous les chemins possible mais aucune route ne m’a ramener chez moi, je suis allé à plusieurs endroit mais aucun toit ne m’a abriter de mes souffrances ».

 

C’est à ce moment précis qu’une voix douce pleine de promesse s’est élevée en lui:

 

« Tous les êtres dans la Vie sont sans pourquoi. La rose est sans pourquoi! t'en rappelles-tu?"

 

« Et moi alors ? »

 

« Alors débarrasse toi des pourquoi, des parce que et garde uniquement la réponse. Comprendre ce n'est pas de trouver la bonne réponse à la question mais bien de faire disparaître définitivement cette dernière."

Tu sais que tu vois alors regarde, tu sais que tu sens alors ressens, tu sais que tu entends alors écoute, tu sais que tu as été jeté dans l'espace alors mets toi debout et marche, tu sais que le temps c'est du mouvement alors  arpente la terre, nourris toi, croît et mange, tu sais que tu es l'enfant des vents alors respire. Chaque acte est merveilleux, c'est ton seul héritage rien d'autre ne pourrait à jamais t'appartenir. Commence d’abord par cela car on apprend toujours à marcher à ceux qui veulent courir »     

 

Mon chemin vers la présence

 

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 09:26
Journal d'une procession

Nous étions sur la route de Zagoura quand ce paysage m'a interpellé.

Pour l'être humain il est inconcevable d'imaginer un lieu sans signe. Autant la nature est empressée à rester immobile autant l'Homme cherche à l'animer pour l'éloigner, selon ce qu'il croit, de sa trop dérangeante immédiateté. Lui il en est incapable

Vendredi 18 mai 2012

Ne regarde pas ce que fait une personne, regarde ce qu’elle est.

Demande toi pourquoi un arbre, une pierre, un animal est ici et tu sauras alors pourquoi une personne est là.

Tu es là parce que la vague l’est aussi, remue ta main et l’air se déplacera,

Remercies l’abeille d’avoir voleter de fleur en fleur, remercie le vent d’avoir transporté la graine, tu es cela, dedans, en relation.

Ne sois pas en colère contre ce que tu vois. Si ce que tu vois est la réalité tu dois l’accepter si c’est une illusion tu dois la comprendre.

Tu arpentes le chemin de l’attente et du désir car la vie est un rêve,

Tu arpentes le chemin de tes objectifs car la vie est un accomplissement,

Comme il est inutile de confondre le temps et la durée, il est aussi vain de confondre l’attente, le désir et l’objectif,

(Entre le mal et le bien il n’y a pas une différence de nature mais uniquement de degré de sorte qu’il est maintenant possible d’avancer, sans aucune méprise, que ‘’de tout mal fait peut naître un bien fait’’)

Refuse toute pensée malveillante sans toutefois la refouler, ainsi tu prendras conscience de la force qui gît en toi,

Avance et n’ais aucun doute, mais ne te prives surtout pas de poser toutes les questions qui animent ton esprit. (Les questions éclairent l’être, le doute l’assombri),

Quand tu regardes ton semblable différent de toi tu t’arrêtes par toi-même et tu ne t’étends plus alors, prisonnier deviens tu de tes propres limitations,

Jeudi 04 Juillet 2012

Chaque fois que tu penses être différent des autres tu acceptes le choix d’être en conflit avec tes semblables et faire par conséquent la différence entre ce que tu as et ce que tu es, il est possible cependant de se distinguer en restant semblable, il est possible de rester différent sans vouloir altérer l’autre.

Il est des méthodes mais point de raccourcis. Cela voudrai dire simplement que le chemin est le même pour Tous, chacun de nous essai cependant de créer la meilleure façon de l’arpenter, la moins douloureuse, la plus joyeuse.

Mardi 17 Juillet 2012

Le soliloque psychologique, est l’état qui m’informe de mon malaise,

Dimanche 23 sept. 12

Nous vivons dans une société qui cherche à nous faire croire que l’homme actuel est bien supérieur à celui d’antan, que l’enjeu du consumérisme est la bataille pour un monde meilleur,

Mardi 25 sept. 12

Par moment je passe par des périodes de lucidité, l’effet certain est le détachement du passé, cette obstination de se retourner pour voir en arrière se défait d’elle-même dès qu’une sphère de conscience est franchie, Imad a beaucoup souffert de l’identification, la recherche de considération, de la différence,

Mercredi 26 sept. 2012

Si tu es la mer tu n’auras jamais peur de te noyer, mais si tu t’identifies à l’onde qui la traverse tu auras peur des rochers, tu subiras l’affront des bateaux, tu chercheras à t’égaler aux autres vagues et tu riras des plus petites que toi, tout cela pour le vent qui court en toi, qui ride et déride tes illusions,

Lundi 20 Août 2012

Est-ce que je sais ce qui m’arrive ? Comment le saurais-je ? Ce qui m’arrive présentement découle-t-il d’un enchainement d’abstraction ou es-il le résultat de phénomènes concrets ? Où j’en suis par rapport à ce maintenant, ici et maintenant ? C’est important n’est-ce pas ? Là maintenant a-t-il une relation avec le passé proche ou lointain un regret par exemple, un lien avec le futur, un espoir, un projet ? Dans l’ici et maintenant y a-t-il des évènements facilitateur ou bloquant venant de mon moi intérieur ou directement de l’extérieur ? Y-a-t-il un extérieur sans un préalable intérieur ?

Mon intelligence est asservie par le mentale ce roitelet aux pensées noires, comment opère-t-il pour gagner cette fâcheuse obédience ? Quels sont ses vizirs, ses courtisans ? À partir de quoi, quelle est sa matière première ? Le passé, le futur et ce qu’il y a dedans comme regret culpabilité, peur et angoisse ? Oui, mais dans l’ici et maintenant il n’y peut rien c’est le présent, et dans le présent il n’y a que le présent. Pourtant je vois le mental chercher à se situer ! Le mental ne veut pas s’arrêter, toujours en quête d’une situation qui bénéficie à qui à quoi ? Pourquoi trouve-t-il lamentable et injuste le fait de ne rien faire, parcourant la surface des objets sans jamais rappeler le regard, le libérer des choses ? Quel est vraiment son but ?

Mais cela ce n’est qu’un discours n’est-ce pas, un assemblage de mots donnant lieu tout au plus à une phrase parfois paradoxale et par moment parée d’une certaine logique. C’est dans l’ordre de l’intellect, une construction discursive ni plus ni moins. Une phrase peut elle cependant devenir une trace littéraire ? Une idée peut elle jaillir en expérience ? En d’autre terme et abruptement peut on assassiner l’égo ? Lui faire faire ce qu’il n’aime pas faire, c'est-à-dire porter toute une vie à son terme en une fraction de seconde, c’est un tour de force d’une densité de présence inénarrable. Ce crime impardonnable le demeurera-t-il si vous décidez de quitter la ‘’Times machine’’ ? Citons dans ce cas Mircea Eliade, je vous conseille de lire son livre ‘’le sacré et le profane’’ il écrit textuellement que l’accès à la vie spirituelle comporte toujours la mort à la condition profane laquelle est suivie d’une nouvelle naissance. Arrêtez votre soliloque psychologique ! C’est le signe de votre malaise, de votre douleur diffuse et sournoise. Vous n’en obtiendrez rien. Et même en guise de consolation si vous continuez vous ne recevrez que des camouflets. Là je m’arrête un instant ! D’abord le mot obtenir me donne la chair de poule, car pour avoir il faut en premier lieu donner. Oui, donnez et vous recevrez. Ensuite, dans tous ces propos les miens et les vôtres, il ne s’agit nullement d’acquérir quelque chose mais plutôt de perdre quelque chose de s’en séparer. Mais au fait, y a-t-il vraiment quelque chose qui nous appartient et que nous risquons de perdre ? De réel rien, d’illusoire une montagne ! De savoir par exemple si nos enfants nous appartiennent lisons G.K.Gibran dans son livre Le Prophète ‘’vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à la Vie, ils viennent à travers vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous ils ne sont pas à vous’’.

Arrivé à ce point là je voudrais partager avec vous une expérience :

« J’étais seul à la maison. Je venais de prendre une douche. Nu comme un ver je me suis installé sur le sofa, je profitais de ce moment de silence, ce calme placentaire. Mais de quel silence avais-je réellement besoin me demandais-je, là où les paroles et l’agitation sont absentes, ou bien existe-t-il une autre qualité de silence plus subtile ? Progressivement je me rendais compte que je demeurais troublé par les remous de ma pensée, telle une eau saumâtre agitée au gré des courants cherchant en vain un estuaire, un point de rupture pour connaître enfin la décantation et le repos. Visiblement je ne pouvais pas m’oublier, renoncer à moi-même, à l’attachement à mes burlesques idéaux. Soudain une voix intérieure semblable à une aigreur amère fraya le chemin dans mes viscères, une vengeance de l’Etre sur son image, puis de mes lèvres vibrantes sortirent les mots « Je n’ai ni père ni mère, ni femme ni enfant, ni frères ni sœurs, ni amis ni voisins, ni biens ni travail, ni but ni destin. Je n’ai rien. Je suis seul » C’est une noirceur abyssale qui me plongea dans une inquiétude terrifiante. J’étais au fond du puits, aucune main salvatrice ne m’était tendue. Mais cela ne reste-t-il pas pour autant vrai ? Je crois que si, car à l’issue de cet aveu, à ce rejet catégorique, un rejet frais et neuf, qui déchira les liens factices et fourvoya le mental dans un chemin en cul de sac, je me senti paisible et lesté de ma couardise à ouvrir les yeux. Puis d’une manière encore intensifiée, ce moment m’a réservé un sentiment magnifique, celui de ma responsabilité, sa reconduction d’une façon tout à fait saine envers tous ceux que j’aime et approche. Dans notre lien avec autrui qu’il soit filial, amoureux ou amical on ne peut aimer vraiment que si on libère l’autre de notre emprise, de nos projection, lui infligeant et attribuant à tour de bras notre malaise que l’on ressent à l’intérieur de nous et que l’on ne peut s’en défaire faute d’incompréhension. Pour arriver à cela, faire l’expérience de la solitude et non pas de l’isolement bien sûr est nécessaire »

Maintenant pour ce qui est de l’illusion, guérir en est une ! Et là j’ai eu l’occasion d’écouter dans une émission le philosophe Luc Ferry, il disait que le rôle de la thérapie selon Sigmund Freud est de transformer un malaise psychologique en malaise banal. Mais guérir de quoi finalement ? Arrêtons de travailler sur nous même, nous ne sommes pas malades, nous n’usons pas de notre esprit critique pour mieux comprendre ce qui se passe c’est tout.

Partant du principe vital que toute chose est parfaite même la maladie en elle-même est parfaite, je peux dire sans craindre de pouvoir me tromper que le mental est la conséquence naturelle et parfaite d’une facette de la nature de l’esprit, un état corollaire d’un mauvais usage qui, tout en étant parfait en lui-même, conduit à une déliquescence de l’intelligence de l’être humain, ce bel outil nécessaire à son évolution positive. La mort ou l’évolution négative existe, elle se trouve au bout de tous les chemins et notre naissance dans ce monde lui donne toute raison à sa présence.

Je pose la question suivante : nous avons tous une date de naissance dans ce monde n’est-ce pas ? Avons-nous maintenant réfléchie à notre date de naissance à ce monde ? Quel est donc ce monde auquel nous nous apprêtons à naître ? Quand allons-nous le faire ? Comment et pourquoi ? Combien de personne bien avancée dans l’âge attendent encore leur naissance à ce monde, sa forme nous appartient j’ai envie de dire. Je suis présent dans ce monde c’est une évidence, par contre je le suis à ce monde d’une manière subjective qui dépend essentiellement à ma façon de voir les choses, de comprendre l’enchevêtrement des évènements, comment ils arrivent par rapport à moi, mes attitudes qui sont miennes face à leurs expressions. Ce que je fais à l’instant crée le monde auquel je nais à chaque instant. Aujourd’hui est la date de ma naissance à ce monde j’ai envie encore une fois de dire.

Si ‘’Je’’ suis tel la pierre la plante et tout ce qui est vivant ou non sur cette terre, le fils de l’Univers alors en moi porte un message universel. Lequel est-il ? Comment le savoir ? Comment l’écouter ?

Pourquoi fais-je cas des impressions des sens et pas ceux de l’esprit ?

Une démonstration par la pensée,

Le problème commence dès lors que nous nous mettons à penser que nous sommes quelqu'un,

Les vérités absolues ne sont utiles que pour les statisticiens,

La culpabilité a besoin d’un temps unidimensionnel où le futur est souvent associé à la pénitence,

28 /11/2012

C’est maintenant seulement que je me rends compte que les réponses n’ont aucune utilité dans la vie, seules les questions ont de la valeur. Je me laisse emporté par le fleuve mystérieux de la vie et s’il m’advient par inadvertance de formuler une réponse je ne manquerais pas de rire tout de suite de moi-même, c’est l’attitude la plus noble que l’on puisse avoir à l’égard de l’Univers notre créateur.

Dorénavant mon éducation spirituelle sera consacrée entièrement à la quête des questions et sur mes pages je m’emploierai à ne donner ou à ne risquer aucune réponse,

01/12/2012

Je ne veux pas me tromper de monde,

L’égo est prêt à t’offrir l’oubli si tu acceptes de vivre dans un temps unidimensionnel,

22/12/2012

L’éveillé est un bon perdant, car face au mystère de la vie personne ne peut gagner.

30/12/2012

A chaque fois je dois me poser la question de savoir si mon action actuelle cache une petitesse ou pas. Lâcher prise de la petitesse,

‘’Les émotions dont nous ne nous en occupons pas s’occupent de nous !’’

05/01/2013

Je prends conscience facilement du sacrifice que du pardon, car le sacrifice est de l’égo qui m’habite lequel ne comprend pas pourquoi n’obtient-il rien en contrepartie du sacrifice qu’il réalise,

Faire un sacrifice c’est pardonner sans comprendre, par le sacrifice on enseigne malgré nous le dévoiement !

08/01/2013

C’est mon égo qui filtre, reçoit et juge, fait la lecture du comportement au travers de sa grille, nullement les autres

21/01/2013

Extrait du livre ‘’Plexus’’ d’Henry Miller : Le sens de la vie était entièrement masquer par la solution du problème de se maintenir à flot.

Le cerveau gouverne parce que l’âme abdique

08/02/2013

Pour être riche il faut faire l’expérience de la richesse, les moyens n’ont aucun rapport pour y parvenir. Il n’existe aucun médiateur matériel entre soi-même et les autres pour devenir riche, le geste supérieur suffit pour l’être.

J’ai décidé de ne plus parler aux gens mais de communiquer avec eux.

02/03/2013

Ce n’est pas la surface qui m’intéresse mais l’espace. Je ne suis pas sculpteur car ce n’est pas la forme qui m’intéresse mais l’idée.

19/03/2013

Ce qui est fait dans le temps peut changer avec le temps. Ce qui existe dans le temps change avec le temps. Le temps par contre n’a aucune prise sur le réel.

22/03/2013

Chacun de nous aspire à la liberté puis tombe dans la liberté conventionnée.

30/03/2013

Chaque jour je suis à la recherche de l’Homme. Chaque jour je dois être à sa recherche.

02/04/2013

Avec ton Amour tu avances, par ta particularité tu t’isoles et tu t’arrêtes. Pas une seule marche chérissant la particularité ne nous laisse approcher les êtres sans besoins de faire du mal.

03/04/2013

Tout est particulier, tout est privé, tout est séparation, où est donc l’amour ?

07/04/2013

Il m’est impossible de reconnaître un quelconque sentiment chez mon semblable sans que je n’en aie eu fait d’abord l’expérience moi-même.

15/06/2013

Je suis une chose en mouvement, une créature qui bouge

14/07/2013

Je pense par temps par espace, vision fragmentée : il m’est arrivé telle chose tel jour à tel endroit….un regard sélectif, partiel, non total

21/07/2013

Le matin du samedi 20 j’écoutais sur YOUTUBE Ch. SABOURIN discourir sur la différence entre l’éveil réel et spirituel. Sans aucune volonté de ma part un changement dans mon esprit s’est produit, un passage inattendu, sous vide, un hiatus psychologique clôturant brusquement un programme et ouvrant un autre. Ma doublure que j’engraissai de spiritualité s’est évanoui et n’est resté que moi-même avec une énergie hier mon ennemie maintenant devenu mon amie, cette énergie s’appelle le temps, l’espace. J’écoute…. C’est la première fois. Je vois…. C’est encore nouveau pour moi. Ma fonction comme un élément ami de ce monde est acceptée. Maintenant il s’agit de continuer le travail, d’énergisé le soi et non sa doublure, d’accepter que l’être soit en souffrance à cause de son ignorance ‘volontaire’, de son savoir passif, une baudruche ouverte à tous les souffles sauf au sien.

24/07/2013

Le monde réel est situé en totalité dans l’Evénement. L’événement ce n’est ni un temps ni un espace.

21/08/2013

Il faut passer entre les choses qui ponctuent l’existence, sinon on perd de vue l’essence de la vie

25/09/2013

L’Homme en tout temps a été en paix ! L’Homme EST en paix.

03/10/2013

La parole est l’accessoire de la réalité.

La parole est un prétexte (le livre du dedans)

19/12/2013

Prendre conscience qu’on est perdu dans et par nos pensées, nous met sur la voie de l’esprit juste.

14/01/2014

Je suis emprisonné par un « moi » qui veut, cherche, désire, souhaite, hait, aime,…….

Questions à développer

Pourquoi la croissance ? A quoi sert le progrès ?

Pourquoi gagner plus d’argent ?

Les choses auxquelles je crois doivent-elles être supérieur aux choses que je consomme ?

Pourquoi défend-on la vie ? Vivre est-il de notre ressort ?

Le changement existe-t-il réellement ?

Suis-je utile à quelque chose ?

Les avis changent et les illusions se comparent les unes aux autres et la plus plausible d’entre elles est retenue comme étant l’illusion la plus certaine à nous éclairer et à nous conduire sur le chemin de la ‘’vérité’’

Est-ce que manger est nécessaire ?

Qu’elle est la première personne qu’il faut tuer ? : Le prof.

Avons-nous une identité ? Laquelle ? L’identité n’est-elle pas une supercherie ?

Quelle est la nature de cette paix qui dit-on surpasse toute intelligence ?

A quoi servira la mémoire si les événements extérieures ne demeurent pas les mêmes ? N’obéissent plus aux mêmes lois ?

Faut-il avoir raison pour être heureux ?

28/09/14

Se séparer du ‘moi’ de tout ce qui appelle le ‘moi’, le café du matin par exemple lorsqu’on pense qu’il est absolument nécessaire pour soi.

Beaucoup de choses s’articulent autour de notre essence pour sublimer à notre insu la réalité vrai afin qu’elle devienne illusion le moteur creux de la quotidienneté.

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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
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Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

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D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

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