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23 août 2021 1 23 /08 /août /2021 09:27

 

Réalisme - Peintre: Laura Knight

l'oeuvre représente la jeune ouvrière Ruby Loftus (1921-2004) travaillant dans une usine d'armement britannique 

Il ferma la porte, alluma la lumière, s’assit sur son fauteuil et déposa la lettre sur la table basse. Il savait ce qu’elle contenait, son frère lui a déjà fait part de ses sentiments mais il n’était pas prêt à l’ouvrir du moins pour ce soir jugeait-il, il pensait d’abord téléphoner au lanceur de pierre pour lui confirmer son choix de poursuivre la formation non avec conviction certes, c’est cette approche cependant, cet homme quelque peu mystérieux qui a pesé sur sa décision,  mais tout son être était encore secoué par les événements de la journée.

Un dégoût indistinct présidait son moment, il n’était pas en lui mais seulement chez-lui, il se sentait démuni, incompris, fauché. Je veux témoigner de mon malaise se disait-il mais les gens préfèrent mille fois se couper d’eux-mêmes, ils disent que ce qu’il y a de mieux dans le genre humain c’est son pouvoir de se soudoyer, de se déguiser par le plus noble subterfuge qui consiste à commuer l’amour en égoïsme, ne pas être soi-même est le but recherché et la technique est universelle, toute simple il suffit d’échanger des phrases bien construite faussées par un esprit logique qui rassure, emprunté d'un sophiste éloquent puis de braire Absalon, Absalon ! Et hop le tour est joué ! Le lapin blanc sort de sa tanière pour vous conduire sur le chemin des songes et des chimères. Une seule condition est requise cependant pour ne pas briser le charme : il est absolument interdit de venir là face à quelqu’un exprimer un sentiment vrai !! Les gens ont peur de ne pas être pardonnés pour ce qu’ils ont osés dire de vrai, ou bien que cela vienne à s’ébruiter qu’untel a bravé notre code sociale, nos plus tendres simagrées, en formulant quelque chose de solide ancrée en nous depuis la naissance des temps. Accepter sa peau est loin de nous être possible quand elle est de chagrin elle vous ira très mal à la fin si vous continuer ainsi à vous soucier de la vérité ! Demander d’abord pour votre argent. Merde à la fin !!

Comment donc s’atteler au bazar de la vie quand on n’y comprend rien. Faut-il lutter pour être simple, pour être tout court. Ce pugilat masqué entre gens bien élevés me tus, où pourrait on aller pour nous sentir uni au monde sans artifices ni convenances, quelle terre recèle le diamant de notre âme. Arriverait-il un jour qu’un humain se réveille?

Tiens! J’ai une bonne idée, je vais vous offrir un livre taillé sur mesure, fait pour vous “le manuel de la vie quotidienne”. Vous êtes un fonctionnaire du jour n’est-ce pas? Vous passez vos journées à vous médiatiser, c’est important, votre nouvelle galaxie c’est lavie.com, la nuit n’en parlons pas vous n’êtes pas là, vous n’êtes jamais là d’ailleurs que dis-je! Ses pages vous collent en Prada, de vraies vespasiennes!  Pitié, lâchez moi la grappe! Vous trempez dans 37° pendant plus de soixante quinze ans et vous n’arrivez même pas à vous ennuyer ni penser à vous suicider, n’est-ce pas cela d’une monotonie exaspérante, vous battez sans arrêt à soixante seize pulsations par minute pendant encore soixante quinze ans, n’est-ce pas cela d’une monotonie exaspérante, comment m'emploierais-je pour arriver à vous convaincre que vous êtes irrévocablement dans un état végétatif caractérisé! Même l’Univers a créé les saisons pour s’amuser et vous! Des pizzas et encore des pizzas voilà!  Que le désert de Gobi vous dévore, de la folie à boire, de l’oubli à manger pour les têtes qui ne me reviennent pas, il faudrait bien que vous tombiez malade un jour, vous en seriez heureux croyez moi, vivre c’est être longtemps malade disait Socrate, encore que moi je vous ai à l’œil, vous êtes de ces voyageurs qui n’ont jamais ouvert leurs valises, passant d’une chambre à l’autre, les yeux vitreux, le teint pâle, le galbe lourd malmené par le rythme de l’existence, malade de porter si longtemps votre corps, essorés comme une serpillère, vous ai dévoilé menteurs, engeance incrédule, baroudeurs pédants, larbins, bigotes qui mangent dans les gargotes, sortez des vents, venez ici faire foule avec vos semblables vulgates apocryphe de la création, vous étendez sur le ciel le tarot pour dessiller vos craintes, vous n’avez pas encore compris que la croûte terrestre se pourlèche de vos os, savez-vous au moins pourquoi elle est plus épaisse que vos espoirs? Ecoutez inanité perchée sur un nid d’aigle, vous n’êtes que lubie du colosse locataire du ciel, rendez grâce à vos mimiques simiesque qui ont leurrer la pesanteur pour gagner votre verticalité immanente, laissez l’anse des rivages suspendre votre regard sur l’insensé horizon, peut être qu’alors entre deux instants croupissant d’ennui il vous chamarrera de promesse pour oublier le cri des foules écrasées par la faim, le pain sans beurre, le thé froid, le sourire muet flottant sur une mer glauque. Couardise. Peut-être aussi que dans cette tragédie irréversible et inodore vous recouvrerez votre équanimité pour aller rejoindre les ambiances qui se nouent  dans les venelles, écouter les murmures invisibles, les bruissements des ombres éclaboussées, soufflées par une main froide pétrie dans l’indifférence, visage démoniaque des cœurs aveugles.

Mon Dieu! Un manège de question tourne  autour d’un moyeu vide et sans fond, un mal être au carrefour de Shibuya.  Comme tombant du faîte d’un arbre, Mikael s’accrochait à tout ce qui pourrait le fixer, empêcher ce désarroi de s’emparer de lui, les jugements à tour de bras, les affronts imaginaires, les déceptions du passé bourrelées de ressentiments et la boucle incessante du questionnement: pourquoi! Pourquoi! Pourquoi!

Soudain une tension verticale le poussa vers l’avant, le bras tendu comme un non voyant, il se dirigea vers le buffet en bois. Par accès de tension ou de passion ses doigts, prenant l’agilité des chevaux franchissant les haies équestre, se mirent à parcourir ses vinyls  puis, d’un geste vif retira son disque préféré pour ces moments: Brahms concerto n°1.

La tête en fournaise, les gestes simple, il retira le disque de sa pochette, s’appliqua à l’essuyer calmement, mis le 33 tours sur sa platine Technics, souleva le bras et déposa avec soin la cellule en diamant sur le bord du sillon puis, d’un mouvement de recul, craignant un embrasement de son corps, plongea en profondeur dans son fauteuil club. Les accotoirs en forme d’obus revêtus en vieille peau d’animal avaient l’habitude d'accueillir ces muscles durs méditerranéens aussi tendus que les nœuds des oliviers.

(Asuivre)

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7 août 2021 6 07 /08 /août /2021 11:17

 

La femme qui pleure de Picasso

A l’approche de l’immeuble où il habitait, une sombre inquiétude l’enveloppa. L’idée de croiser la concierge dans le hall mis en alerte tout son corps qui s’activa à rappeler ses dernières réserves d’adrénaline de la journée en vue de faire face au carnassier le plus féroce de l’espèce humaine. De loin il pouvait déjà voir le manège triste de la poussière et la toile d’araignée qui disputaient la lumière, étouffaient de leurs charpies le lustre accroché au plafond du portail de l’édifice. Un jaune malin peignait l’espace, convulsait les traits déjà have.  Au seuil empestait la taupe aux sourcils botoxées, la desquamation du clan. La porte de la mégère en bois vermoulu était suffisamment entr’ouverte pour que l’apparence de la tanière et son atmosphère glauque vient à lui avec ses murs debout écailleux incommode révélant un lourd rideau grenat pendu bien haut dont la seule fonction est de chasser la lumière. Couronné  d’un blanc post mortem labouré de chiures de mouches, des mouches en Poirot et Agatha Christie, le rideau tombait maladroitement sur une table de cuisine   entourée de deux chaises coupables, le tout reposait  sur un carrelage avachi par une langue d’émeri. Soudain les oreilles de Mikael captèrent un bruit de pieds enchaussant des savates. Il est fait se dit-il, le prédateur a déjà repéré sa proie. Comme un péon subalterne, lâché par le Matador dans une corrida aux arènes, il se pencha du côté de l’antre armé uniquement de sa cape attendant le surgissement de la bête, mais une odeur pestilentielle embaumant toute l’entrée, une odeur de ragoût fermenté dans une litière de chat finit par le distraire et se trouva nez à nez avec une excroissance en forme de tête de crapaud visqueux drapée d’une peau gloutonne, posée sur un corps humain. Les rides partaient dans tous les sens dessinant des lignes, des angles, cubes et trapèze, Dora Maar n’était à côté qu’une figurine de réserve pour un art mineur. Les joues flasques pleuraient leurs mésaventures humaines, les cheveux hirsutes mal couvert par un fichu mis à la hâte, ceignaient un visage marqué par des pupilles flottantes dans des yeux bouffis  comme deux poissons trisomique impropres à l’aquarium. D’entre les arcades partait un nez épaté aux narines proéminentes reposant sur une bouche veuve, les lèvres en berne forment une vachette de portes monnaie à fermoir métallique clic clac. L’intention de l’espèce était sans équivoque, elle cherchait par son regard dans les recoins les plus sombres de son vis-à-vis un indice susceptible de trahir un sentiment mal enfoui, une rebuffade mal digérée ou la trace d’un événement inattendue car, la nuit venue, elle doit donner à manger à la smala et répondre grassement à la question générique « y a du nouveau aujourd’hui? » avant d’entamer le plat de résistance que les viscères de Mikael ont souvent agrémentés. Dans une procession lunaire, la femme ou ce qu’il en restait de l’être féminin, se rapprocha de Mikael, se pourlécha les lèvres par sa langue fourchue, apprêta son dard puis l’aborda d’une voix à la fois nasillarde et retirée comme si elle prenait son élan pour un long interrogatoire : « Alors MÔsieur Mikael, nous sommes pressé aujourd’hui paraît il ! Quelque chose ne va pas ? »  

Notre ami était sur le gril, percé à jour il voulu s’engager dans les escaliers  mais c’était sans compter sur la ténacité de la concierge qui n’a pas encore fini d’écosser  son meilleure légume de la journée et s’apprêtait à harponner davantage sa prise pour mieux s’attabler lors du souper en roulant pour sa moitié le meilleur mauvais tabac dans le bulletin de la journée. Mikael était largement avisé pour ne pas sous estimé la race de cette espèce qui se trouve être la cheville ouvrière de tout district qui se respecte. C’est une créature spécialement dressée par les commis de l’état pour porter à leurs oreilles toute incongruité, changement dans les attitudes etc. il ne faut pas éveiller de soupçons mais encore faut-il en échapper ! À cet instant le facteur, en libérateur, s’introduisit dans le hall apportant un lot de correspondance, un met de choix pour notre vipère qui lâcha la bride à Mikael. A peine eut-il atteint le deuxième étage que la même voix l’appela « Mikael mon petit, descend, tu as reçu une lettre de ton frère Ismaël » puis « mais qu’est-il partit faire celui là à Paris ! » Mikael descendit arracha la lettre des mains de la méduse et regagna rapidement son appartement.

(A suivre épisode VI) 

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29 juillet 2021 4 29 /07 /juillet /2021 10:39

 

Chasseurs dans la neige de Pieter Bruegel l'Ancien

 

Chasseurs dans la neige est l’une de mes peintures préférées. Bruegel ! Bruegel ! Quel magnifique présent tu as laissé à l’humanité ! Et dire que quelques unes de tes peintures, vu que tu as été influencé par Jérôme Bosch, sont d’un ordre surréaliste !

Je n’ai jamais été plongé, happé par une peinture davantage que par celle-ci. J’ai une soudaine envie de mettre mes patins d’hiver et d’aller me mêler à la foule, filer et glisser avec les gens du village sur l’étang gelé.

C’est une œuvre puissante où, et c’est souvent rare, la nature semble alliée à l’homme, une absence d’hostilité presque totale. Tout ce qui est vivant est rendu avec une couleur sombre ou brune, les hommes, les chiens, les arbres et le peuple sur les étangs. Ils appartiennent tous au même monde, ils sont ses acteurs.

Je pense que c’est la saison d’hiver, c’est la fin d’un après midi clément, un dimanche je dirais, le devoir religieux qui rend les gens compassé et amidonné par tant de moralité a été accompli, maintenant les églises sont vides et les paroissiens libres, il n’y a que les méandres de la rivière qui serpentent vers l’horizon.

Les hommes fatigués, les chiens aussi, brun et sombre comme leurs maîtres, la chasse a été maigre, passent par dérision devant l’auberge à gauche qui s’appelle « Au Cerf » alors qu’ils n’ont rapportés qu’un lapin ou un renard. Un chien pourtant va relever cette plaisanterie, avez-vous déjà vu une queue de chien en forme de spirale !!! Eh bien le chien du centre en en a bien une !  Oui, très bien fait le chien on a compris que la vie est une roue en mouvement, révolution, évolution et élévation.

J’ai aimé cette couleur glauque du ciel et de la rivière, cet oiseau qui vole en Saint-Esprit bénissant le courage des hommes et l’ambiance exceptionnelle de cette journée, pour une fois que la nature a bien voulue ranger ses armes pour reconsidérer son amitié aux êtres humains.

Plusieurs motifs m’ont permis d’y plonger : l’essor de cet oiseau comme un réticule indiquant la profondeur à viser, la différence des tons entre les couleurs, la perspective des arbres.

Pour conclure je dirais que dans cette œuvre magistrale de Bruegel, il y a autant de pensée que de paysages, un équilibre très rare dans la peinture. A mon avis, à la place de l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci j’aurais envoyé dans l’espace sur la sonde Voyager cette peinture de Pieter Bruegel l’Ancien pour dire à toute autre éventuelle intelligence que l’être humain est certes doué de pensée mais qu’il est aussi amour et équilibre.

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21 juillet 2021 3 21 /07 /juillet /2021 13:37

Le Marabout de Henry Matisse

Rue Sidi Ahmed Boukoudja à Tanger Casbah

Son appartement, un studio de trente six mètre carré presque mansardé pour jeune couple à peine marié ou une personne cherchant à débuter dans la vie sans trop de frais, un espace polyvalent, indifférencié où l’évitement n’est pas encore nécessaire, un regard de biais, une aire où demeure la solitude à la fois amante vive et cruelle, c’est sa solitude, la sienne. C’est comme cela qu’il s’attribuait  ce logis, aussi essayait-il d’éviter un potinage inopportun et salace.

La proportionnalité du lieu vous mettaient rapidement à l’aise, la couleur crème légèrement patinée des murs contrastait avec le vert andalous  des syngoniums aux nervures blanches alternant sur les feuilles, les grandes feuilles de monstera plongeaient la pièce jouxtant une baie vitrée dans une ambiance exotique, toutes les plantes qu’il avait chez lui retenaient avec délicatesse la lumière du jour qui venait d’une belle terrasse orientée vers l’Est  surplombant la grande avenue de Fès. A voir les objets qui emplissaient l’espace on était vite fixer sur la psychologie du locataire : c’est le type du cadre moyen: Tableaux largement reproduit de peintres connus, livres dans une édition de grande masse rangés dans une petite bibliothèque à cinq étages, dictionnaire, une encyclopédie incomplète, deux fauteuils club face à un buffet couleur bois forêt à quatre portes sur lequel est posé une télé, chaîne hi-fi compacte, quelques disques en vinyle, cendrier et télécommande sur une table basse, quelques journaux.

Mais il avait peur, oui une peur bleu le prenait au ventre à chaque fois qu’il empruntait les escaliers pour descendre, il témoignait en cela une vrai compassion à Raskolnikov ce pétersbourgeois qui logeais une mansarde au dernier étage de l’immeuble, éprouvait la même angoisse quand il glissait en colimaçon au travers de l’édifice où il habitait, a vécu le châtiment d’être incompris par les siens puis a fini par commettre un crime.

Passer par les cinq pallier avant d’atteindre la lumière d’entrée de l'édifice est une épreuve psychologiquement difficile, une vraie ordalie. Chaque étage était infesté de commérages comme le bruit de millier de cancrelat qui s’abattait sur un morceau de viande pourri, les absurdités de la vie, l'échange de phrases de convenances et hypocrites, les médisances qu’il imaginait entendre à son endroit sur sa situation à lui, le manque de travail, la pauvreté et plus que tout encore qu’il haïssait c’était le repaire de la mégère au rez-de-chaussée.

Cela faisait plusieurs mois maintenant, depuis que ses parents sont partis pour le sud du Maroc, qu’il n’a pas reçu la visite de quelqu’un. Sa mère s’arrangeait souvent du mieux qu’elle pouvait après s’être libérer de ses tâches ménagères de lui rendre visite. Son père, n’a jamais voulu quitter les quartiers de la vieille ville pour venir s’installer au centre parmi les bétonnières comme il aimait à dire. C’était pour lui une action purement bourgeoise que d’emménager vers la ville d’aspect européen, brocanter la demeure de ses aïeux pour un trois pièces, une boîte tout juste fonctionnelle, une machine à habiter comme aurait dit le Corbusier privée de toute confession, sans âme ni mémoire, c’était à tous propos  non envisageable.

Il était un enfant de la médina il lui appartenait, changer les choses ne servirait qu’à rendre sa famille malheureuse. Cinq fois par jour il prenait la direction de l’Est pour faire sa prière, chercher le Nord n’a jamais été son problème, c’est une question civilisationnelle, scientifique, sa foie n’en n’a pas besoin mais il comprenait. Il se rappelait son grand-père, le père de son père qui lui disait:

« Ecoute mon enfant, les gens qui habitent la ville européenne sont des mécréants. Habiter dans des avenues en lignes droites ou perpendiculaire affublées de sens, de directions est une offense à notre créateur car le sens nous est donné uniquement par Lui. Notre conception de l’espace est en tout égard respectueuse de notre croyance, celle de croire entre-autres au retour de notre prophète Issa fils de Mariam et laquelle nous permet de porter en nous avec joie cette dimension cachée de l’éternel retour, du temps répétitif et circulaire, comment donc avoir foi en cela et habiter des lignes rectilignes dont on n'en reviendra peut-être jamais. L’espace pourrait certainement influencer ton appartenance mon enfant. Regarde notre médina ses venelles sont sinueuses, pleines de chicanes et d’impasses, les portes des maisons sont intimes et révélatrices de la catégorie sociale de leurs hôtes, alors quand quelqu’un nous demandes après un lieu on lui communique uniquement l’emplacement mais jamais la direction, c’est de relais en relais en implorant l’aide de Dieu par la formule Inchallah qu’il peut atteindre le lieu recherché."

L’atmosphère y était pâteuse, pâlissait son regard, alourdissait ses paupières, l’humidité chargée des embruns de la mer du fait de leurs forte proximité au débarcadère donnait du fil à retorde à son épouse pour améliorer l’intérieur de sa maison en peignant à la chaux les murs ignorés par les rayons du soleil.  Il lui était encore impensable de se défaire des cris des mouettes rieuses, des cornes de brume des bateaux qui, le temps aidant, s’est mis à en reconnaître même les ports de provenance, Algésiras, Gibraltar, Cadix….Non, pour rien au monde il ne quittera sa Médina ses amis voisins toute confession confondue.

(A suivre Episode V)

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 10:23

 

Les amants de René Magritte

Son idiosyncrasie pourtant était son dernier rempart contre une aliénation certaine. Son cheminement sur la voie dissipa peu à peu sa mièvrerie intellectuelle et se sentit soudain suffisamment enhardie pour se colleter avec cette pâte gélatineuse dans laquelle il se voyait engouffré et  tant qu’à faire l’assommer par un discours rédempteur, il voulait croquer la pomme de René Magritte qui cachait le visage de ses concitoyens, ces fils de l’homme,  jusqu’aux pépins pour voir, les yeux dans les yeux, le regard vitreux de ces renifleurs de rayons de grandes surfaces, leurs faire payer à prix fort ce désir malsain de tout vouloir cacher, d’avorter ce jeu entre apparat visible et vérité cachée, tirer à boulet rouges dans cette masse compacte de fossoyeurs d’esprit libre, administrer une bonne leçon à ce troupeau morbide, électeurs de berger sans étoiles. Il était absolument évident  pour lui, sans besoin d’un effort quelconque pour le comprendre, que tous ses congénères étaient vrillés dans un même sens, maquillés de manière à ce qu’il n’y ait pas photo, jamais ! Ils sont appelés pour être « tout comme », à creuser leurs ornières comme dans des tranchés se mettant ainsi à l’abri, oui à l’abri de toute pensée qui aurait la prétention de les éclairer, de les éveiller à eux même pour écouter le battements de leur cœur au lieu du journal de vingt heure, la pub du beurre à tartiner,  guettant chaque aurore ou un soit peu de lumière, prêts à en découdre avec toute velléité qui oserait les dévier de leurs sens de leurs façons uniques de voir, accoutumés à la mort en esprit sont-ils, vivants sous la couleur cendrée de la lune, addictes au diktat des grands magnats du fric de la bouffe de la clope de la gnole et des gaudasses, à toute une génération on a gaulé puis élaguer les branches jusqu’à ne plus pouvoir porter ses propres fruits, jeté en pâture à la toile, tué ses rêves et disséminer à tout vent ses graines, une dystopie totale dont les arcanes nanométriques tissées en dollar vert subliment les désirs par les embrasures des esprits, voler le diamant qui coule sur les joues,………Quoi !....Quoi ?!....... Vous dites ?!.........Vous croyez que je suis Winston Smith c’est ça ? Alors venez me chercher bande de bonobos, j’ai la langue bien pendu et les ongles mal coupés heureusement pour mieux vous débarrassés des poux opiniâtres  qui fleurissent dans votre cuir chevelue, vous ont bouffés le crâne jusqu’au plancher, oui ça me démange de vous donner une bonne leçon et au marteau cette fois comme aurait dit Nietzsche, car je divinise le mépris à votre égard bande de moine cybermarketteur, consommateurs de codes barres, smartphonistes, vous frottez à moi ! Éloignez plutôt, espèce de Fartitoss, votre épiderme dépareillé qui n’aime d’ailleurs ni la promiscuité ni la contrainte pour que vous ne puissiez jamais élaborer vos propres moyens de résistance, restez branché donc et encensez vos principe civilisateurs d’impéritie de purificateur d’ozone et de sauveurs de baleine à la con ! Vous voulez me mettre à nu moi !  Je vous dis que je n’aime pas la nudité car voyez-vous j’ai des complexes, et croyez moi c’est bien d’avoir un complexe ca vous donne une image moins affectée et plus humaine à votre sujet. Confusions Will Be My Epitaph,…chantait Krimson.

Personne ne se permettait la moindre fantaisie, le moindre caprice ou passion alors que le ferment de la vie a pris et prend toujours naissance dans le labyrinthe des rhizomes et le chaos étoilé du ciel.

Rasséréné par sa diatribe, il jugea qu’il était temps de repartir chez lui. La marche l’a d’ailleurs un peu libéré des circonvolutions de la matinée et doit absolument téléphoner au Lanceur, maintenant qu’il s’est décidé à poursuivre cette formation et prendre l’emploi.

A suivre Episode IV

 

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4 juillet 2021 7 04 /07 /juillet /2021 07:30

Grenier fortifié à Amtoudi

En ce début d’après midi l’air était frais. Les peupliers plantés en alignement sur les trottoirs, ordonnaient tout le long de l’avenue le regard des passants. Traversé nettement par la lumière, la clarté de l’arbre offrait un abri moins sûr pour les moineaux et les mésanges qui allaient, de leurs battements d’ailes, vers des ramifications plus denses. Le bruissement doux des branches et la jeunesse des  feuilles au vert calme, fournissait une légèreté au vent qui venait caresser les visages des passants mal éveillés de leurs supplices existentiel, arborant chacun un regard ressemblant à une pancarte hissée sur un territoire privé. Inapparente multitude, masse aqueuse insaisissable, échangeant une complexe mémoire pour de simples sensations, badauds, promeneurs, marcheurs, allant vers des attentes bariolées, incertaines, un étang en dérive, une ferme de culture simiesque, sauvage, corps habités par les grandes surfaces traversés par les carrefours de la civilisation où les sémaphores frissonnent, tremblent de leurs hauteurs pour agréer la prise et blâmer le don, quête unique et credo du citoyen moderne. C’est un lot d’âme foulant la terre, inscrit uniquement dans le registre des trottoirs des cafés et des bars. La myopie des semelles aveuglées par la poussière a déjà fait oublier le chemin des bibliothèques, seul leurs mitoyenneté avec des dieux étranges les incitent à troquer leurs chaussures contre des mots évidés, ampoulés qui ne leurs servent à rien sauf à maquiller leur piètre figure, la rendre, au sortir de leurs temples, encore plus pâle, plus lugubre parfois même imprudente, téméraire, certain sont toutefois guai, heureux d'avoir pour un temps, le temps d'une semaine calmer leurs culpabilités et trouver dans la science religieuse un nouvel ersatz, de nouvelles excuses. Mais n'est-il pas vrai que l'omniscience des guides religieux est faite de l’ignorance de leurs fidèles.

Seule la ville de Tanger brûle d’aimer, un amour fou car Tanger convie sans réclamer, Tanger brille de ses dédales plein d’histoires, éclat d’héritage millénaire habillé d’effluve de menthe, d’absinthe, soyeuses ascensions d’un fumet de chanvre. La ville demeure ceinte, calfeutrée dans sa virginité imémorielle malgré les assauts des siècles et des peuples n'ayant pour moitié que le vent d'est qui chante ses ardeurs par le ressac des mers.

Mikael, le ramasseur, était davantage sensible à cette ambiance urbaine compassée, maintenant qu’il était affaibli par les événements de la journée. Observant les pigeons qui venaient au sol chercher leurs nourritures puis prenaient leurs essors pour aller ailleurs sans souffrir de quoi que ce soit, ni de questionnement ni de ce qui pourrait leurs arriver, le plongeait dans une réflexion surnaturelle de laquelle aucune réponse n’en pouvait s’extirper sans qu’il ne ressente la bizarre misanthropie du créateur.

Tout être vivant ici bas restitue à la mère nature de la manière la plus parfaite, la plus naturelle ce qu’il a reçu d’elle. il voyait les tourterelles comme le fruit d’une expression mémorielle dénoyautée de tout ce qui pourrait ébranler la certitude de ce qu’ils sont, rien ne pourrait leurs arriver qui ne soit déjà en eux,  alors que moi, se disait-il se sentant étriqué, son âme flottante dans un corps en forme de morceaux d’anatomie mal cousue, je suis forcé d’être libre, de craindre d’espérer et surtout de réfléchir avant de faire quoi que ce soit pour simplement être, rendre à la création ce qu’elle m’a légué dans sa pureté la plus totale la plus spontanée, la plus naïve, comme si dans cet acte, cet effort quotidien de calculer, peser, remâcher, gamberger, il m’était possible de briller, de faire mieux que le créateur seulement en cogitant. Ah non! Non ! Quelle arrogance, prométhéen moi, jamais ! Je troquerais volontiers les feux et les arts contre une simple vie d’un insecte des champs.

Il était conscient de son impuissance à communier avec le monde, sa canne  invisible faisait encore de lui un marcheur dans la brume. 

Chacun allait de son propre intérêt ici-bas, pensait-il, nul n’accède à l’âge adulte par la Compréhension, la charité et l’accueil de son semblable, on y arrive uniquement par l’appropriation, l’individualité, la personnalisation, la séparation, la mise en valeur agressive pour la distinction, tais-toi tu n’es bon à rien, range moi ce clapet pour que je ne l’entende plus !

Tout est privé tout est particulier rien n’est partagé.

A suivre Episode III

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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 10:16

 

Photo prise à Amtoudi, nous étions logés chez l'habitant. Amtoudi est un village situé au sud du Maroc. Là-bas, la pierre est le seul biais par lequel les dessins rupestres et les greniers fortifiés racontent l'histoire des Hommes du paléolithique à l'avènement des dynasties marocaines.

 

Episode I

 

Le ramasseur de pierres est embauché. Il demande à l'employeur, Le lanceur de pierres, de commencer à jeter quelques cailloux pour qu'il puisse entamer sa fonction de Ramasseur.

L'employeur l'air un peu goguenard l'invite à relire sa fiche d'emploi. Le ramasseur après lecture, note effectivement avec stupéfaction qu'il doit se déplacer simultanément avec le lanceur, attendre d’abord la chute du caillou pour déterminer ensuite l’itinéraire du ramassage n’est pas à l’ordre du jour. Un temps pour lancer un autre pour récupérer ce n’est pas dans les cordes du patron. Conséquence : Soit ensemble, soit pas de travail ! Mais alors, se dit-il estomaqué, ai-je pour tâche de prévoir la portée du projectile ou de ramasser ? Il fait part de ses doutes au Lanceur qui, affectant un regard déluré, l'exhorte à suivre pour cela la formation adéquate qui consiste à apprendre comment passer d'une perception linéaire de l'espace à une perception circulaire. La simultanéité nécessaire pour mener à bien sa fonction de Ramasseur de pierres n'est possible que dans ce nouvel espace. Seulement voilà, comme un avertissement d'une posologie d'emploi, le Lanceur met en garde le préposé contre un bouleversement radical et irréversible de sa vie.

Raidit dans son corps comme un lapin qui vient de sentir le danger, le Ramasseur est plus que jamais dans le désarroi. Lui qui ne demandait que le prix de sa peine voilà qu'on cherche maintenant à changer sa vie.

Le ramasseur demanda quelques heures de réflexions. Une retraite pour mûrir sa décision ne peut que lui faire du bien. Transi par son orgueil cependant, il ne se donna pas le temps nécessaire et accepta le défi. Quoi se disait il, même si c’est un mal fait il n’en pourrait naître qu’un bien fait.

Il communiqua sa décision au Lanceur et de son empressement à débuter sa formation sans tarder. Cela prendra combien de temps pour apprendre ? demanda-t-il à l’employeur qui lui répondit assurément que cela dépendait de lui puis précisa, comme s’il parlait à lui-même, l’air un peu perdu dans ses pensées, que moins il aura des souvenir de son passé  et mieux il apprendra et vite.

Le visage du ramasseur cette fois accusa un reflux de sang soudain, devint blanc comme un drap mortifère, toute son expression parti vers un même point de fuite. Abasourdi, la réponse du Lanceur lui imprima un mouvement de recul qui le fit partir sans dire mot. Son regard le quittait déjà cherchant au loin auprès des horizons perdus un quelconque asile pour réfléchir, une branche d’eucalyptus, un parapet d’une maison tangéroise sur le front de la méditerranée pour déposer son chef, s’arrêter un moment, mûrir et reconsidérer les événements du jour. Il se sentait comme un badaud pris dans une scène de rue ordonnée par un escamoteur rusé, une main présentait un objet l'autre main dissimulée, déjà à l’œuvre, préparant à son insu  le prochain tour surprise pour soigneusement l’alléger. Peut-être aussi que l’employeur cherchait à l’avertir que le monde est ainsi fait, un assortiment de tours de passe-passe pour détourner l’attention des gens de la vraie vie ! Son air enjoué et sa manière un peu folâtre de donner la réplique n’avait rien de rassurant et manifestement ce qu’il disait semble cacher bien des choses. 

Mais qu’est-ce qui se passe, marmonnait-il, je demande à travailler et on m’avertit que cela pourrait changer ma vie, j’accepte les conditions de la formation et voilà qu’on vient en surplus sans aucun scrupule m’annoncer que l’encadrement ne réussirait que si je me séparais de mes souvenirs, en somme de mon passé, ma mémoire, mes pensées crues. Mais que serais-je sans cela, une outre vide qui a perdu son vieux vin ? Je ne veux de mal à personne, ma seule quête est de trouver un travail pour remplir la panse est-ce si compliqué à comprendre? Il est jeté dans le fantastique, en plein casting pour Metropolis, le micro à la main chantant Radio Gaga. Il voulait exploser, lâcher bride à sa colère, laisser cette lave magmatique venant de temps géologique les plus reculés grimper au travers de son corps comme une aigreur acide afin de remettre à l’heure ce monde infâme. Mais au plus profond de lui-même il savait que cela ne pouvait avoir lieu et que tout au plus on entendra un craquement de fumerolles sur ses lèvres, d’abord parce qu’il avait cette fâcheuse aptitude à tout refouler ensuite, et ceci est l’essentiel, il n’avait pas encore les moyens pour être lui-même.

 

A suivre prochain Episode II

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27 avril 2021 2 27 /04 /avril /2021 09:23
Le buisson ardent.

La rue les vents,

Parade vagabonde,

Épidermes silencieux, stratosphérique,

Flottants au-dessus des nuages,

Roucoulement des foules,

Caresser la terre,

Murmure des remparts,

Malgré tous les instruments de la mort,                                       

Paroles emmurées,

Dialectes voyageurs,

Haleine au safran,

Instants en ronde-bosse,

Temps en bas-relief,

Vide reposant,

 Plein, ennuyeux,

Welcome to the machin my son

Embruns fouettant,

Miroir perfide,

Ressac des mers,

Mouettes rieuses,

Dansant sur les cornes de brume,

Raton laveur, Inventaire, Jacques Prévert,

Iris galopante sur les sommets ibériques,

Ombres répudiées,

Dystopies en trompettes de parades,

Corps oubliés puis renvoyés,

I'm in the spothlight losing my religion                      

Margelle des infinis,

Cadastres des âmes assoupies,

Reflux de l’instant,

Fragment temporel en suicide,

Cœurs au pays de cocagne,

Cils perchées sur les bords des tuiles,

Blanche est ma terre,

Terrasses polyglottes,

Un peuple,

Vagissements,

Cris,

Épaisseur du silence,

Cherkaoui, Chaïbia, Jerôme Bosch, Césane, Belkahia, Munch, Frida, Le Caravage, Michel-Ange, Henry Miller.....

Main de Fatima,

David,

Mickaël,

Regards ivres,

Averses de rivages,

Cépages tendres,

Rampant dans les veines,

Claquement des mémoires,

Et des livres,

Subversive est ma plume,

Je sais que je ne suis celui que je sais,

Question euthanasiée,

Réponse décomposée, défunte,

 

Confusion will be my epitaphe.

 

 

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24 avril 2021 6 24 /04 /avril /2021 09:24

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour bien regarder une œuvre on doit poser beaucoup plus de question à soi-même plutôt qu’à l’adresse de l’artiste.

 

Antoni Tàpiès                                            

Naissance : terre, boue, argile, paille, moignon, papier, union

Mort : effilochures, poussière, décomposition, rupture, coulures, division

Surfaces lisses, rugueuses, travaillées par une série de marquages, d’inscription, donnent un mouvement à l’œuvre. On y retrouve parfois des signes qui nous révèlent avec avarice les sentiers brumeux que le peintre a empruntés. L’austérité chromatique, disparité des tons, altération de la matière, forces contre le prosaïque et l’uniforme, puis le rouge, violence sanguinolente, puis le bistre, couleur des champs bruns frappés abruptement par le soleil ibérique, ou bien une terre fraîchement remuée par la marche forcée des êtres, un aveu alambiqué, une démarche qui farfouille  cherchant à quérir l’informel  donner une certaine dynamique à l’œuvre écrite à partir d’un mystère, une confidence de l’ombre à son invitant qui lui offre l’hospitalité.

Y a-t-il un certain mérite à s’attarder devant de telles œuvres, chiffre, lettre, signe, indétermination des couleurs. Où est l’articulation ? Les chiffres sont-ils une succession d’opérations qui n’ont pas abouties ou est-ce que les lois les plus rudimentaires de l’esprit ont été détruites, bafoués les droits les plus élémentaires, originels de l’homme.

Miro voulait assassiner la peinture, Tàpies est plus encore déterminé à la meurtrir.

Antoni Tàpiès: « L’artiste doit tout inventer, il doit se lancer à corps perdu dans l’inconnu, rejetant tout préjugé y compris l’étude des techniques et l’emploi des matériaux considérés comme traditionnels »

Formes rudimentaires, salissures, lignes épaisses. Celui qui regarde le tableau est un peu perdu, il ne sait pas comment y entrer, il n’y voit rien d’habituel qui lui en permettra la lecture, les formes conventionnelles en sont absente. Pourquoi cette œuvre, à quoi bon si on ne parvient pas à l’apprécier et par quel moyen. Si des éléments du réel y ont été transposés, le rendu en est tout à fait absent. La question qui se pose est : faut-il rendre toujours beau à regarder ce qu’on voit ? Est-ce qu’on rend beau ce que l’on voit ou ce que l’ont ne voit pas ? Etre artiste est-ce une fonction, est-il l’employé dont la tâche est de transposer le réel pensable sur sa toile ?

L’artiste crée une tension formidable entre le spectateur et le tableau. Est-ce que le peintre cherche à dissimuler sa façon de faire, ses manières d’agir sur la matière. Celui qui regarde le tableau est démuni, privé de son plus élémentaire sentiment de plaisir à regarder l’œuvre, il cherche à en être proche mais à chaque fois il en est éloigné.

Nous ne regardons pas ce qui est : soit nous sommes spectateur de la phase imaginaire de la création du tableau en amont de l’acte créateur : les couleurs et les lignes s’animent encore dans l’esprit du peintre avant d’être dirigées et prendre forme sur la surface qui les accueillera,  soit le tableau a été détruit et sommes à la phase postérieure à sa création, son devenir, en aval de la parade nuptial de l’artiste avec sa toile.

Est-ce anti-esthétique ? Aucun chemin sur la toile à parcourir pour nous rassurer de ce que nous savons, de ce que nous sommes pour aller encore de l’avant. Rien que destruction !

Mais ne peut-on pas citer Proust qui disait que « le véritable voyage ce ne serait pas d’aller vers d’autres paysages mais d’avoir d’autres yeux ». Mais que regarde-t-on ? Le beau du réel ou le beau de ce qui est, le beau de l’Un indivisible.

Dans une œuvre d’art on ne peut que montrer, souligner, mettre en évidence quelques aspects de la peinture qui nous fait face. Dans ce contexte là il n’y a aucune parenté de sens avec le verbe démontrer  utilisé  pour analyser, prouver. Ça n’a aucun sens dans l’art.

Je peux dire à l’adresse du spectateur est non pas de l’artiste la citation de P. Valéry : « la définition du beau est facile : c’est ce qui désespère ».

Le mot abstraire veut dire tiré de, extraire de quelque chose, mais de quoi ? De l’expérience, de la mémoire, de l’histoire vécue du peintre ?

Ce tableau n’est-elle pas une erreur ? Mais l’erreur n’est-elle pas corrélative à la vérité ? Par l’erreur on est donc sûr de connaître la vérité ! Alors grâce à cette création mettons nous à l’œuvre pour la chercher.

Le tableau est-il un spéculum, un miroir qui reflète la réalité ? La réalité de ce qui est pensable intellectuellement est le domaine de la science et non pas de l’art.

Mais que cherche-t-on finalement, le spectateur est en quête de quoi, une empreinte visible, déchiffrable, figurable ? Oh ! Ciel le signe scabreux de notre temps présent qui frise assistanat et imbécillité!!!!

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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 08:45

 

"Ces photographies montrent des interactions entre mes mains, des livres s’ouvrant sur des photos de paysages et des éléments tierces variables. Par des gestes simples, Laila Mestari créée des espaces ambigus où s’enchevêtrent les références à l’histoire de l’image, aux espaces livresques et à la complexité incarnée du présent. Le projet aborde le rapport à la fois mystique et marchand entre l’humain et la nature et questionne l’hétérogénéité chaotique du sentiment d’appartenance au territoire. Le paysage, le corps et le livre sont considérés comme trois différents espaces où s’accumulent les idées qui façonnent l’héritage culturel. Ces éléments et leur bagage sont déconstruits par la caméra puis intégrés à de nouveaux contextes où le remaniement des récits historiques est permis comme jeu."

 

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Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
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Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

des mots en image

D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

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